Zimbabwe : l’ancien président Robert Mugabe déclaré «héros national»
L’ancien président du Zimbabwe, Robert Mugabe, est mort à l’âge de 95 ans, a annoncé vendredi 6 septembre son successeur, Emmerson Mnangagwa, sur son compte Twitter. Robert Mugabe, malade, était hospitalisé depuis plusieurs mois à Singapour.
Lors d’une intervention télévisée à Harare, le président Emmerson Mnangagwa a annoncé que son prédécesseur Robert Mugabe, décédé ce vendredi à l’âge de 95 ans, a été fait « héros national ». La Zanu-PF, parti au pouvoir depuis 1980, « s’est réunie et (lui) a accordé le statut de héros national qu’il mérite grandement », a déclaré le chef de l’Etat, ajoutant que le pays serait en deuil jusqu’aux funérailles dont la date n’a pas encore été communiquée.
C’est lui qui, ce matin, a annoncé la mort de l’ancien dirigeant, confirmant la rumeur qui courait sur les réseaux sociaux. « C’est avec la plus grande tristesse que j’annonce le décès du père fondateur du Zimbabwe et de l’ancien président, le commandant Robert Mugabe », avait-il déclaré dans un tweet depuis Le Cap, en Afrique du Sud, où il participait aux travaux du Forum économique mondial Afrique.
Emmerson Mnangagwa a ensuite rendu hommage au père de l’indépendance de son pays et icône de la libération de son peuple, qu’il avait acculé à la démission en novembre 2017.
« L’amertume de longs moments d’incarcération et l’angoisse d’une guerre brutale et amère n’ont jamais éteint l’humanité du camarade Mugabe. Cette humanité étouffé et brimée par cette saison de guerre s’est imposée de force dans l’établissement de la politique de réconciliation qui a été la sienne, et sur laquelle notre État a été fondé et construit », a salué le président zimbabwéen.
Robert Mugabe était hospitalisé à Singapour depuis cinq mois mais la maladie dont souffrait l’ancien chef de l’État n’avait pas été explicitée. Il est mort cette nuit à 2h40 TU. La rumeur le disait atteint d’un cancer, mais son entourage expliquait ses fréquents séjours à Singapour par le traitement d’une cataracte.
Le leader de l’opposition Nelson Chamisa a présenté vendredi matin ses condoléances à la famille Mugabe. Le principal parti d’opposition souligne la dureté de son régime, mais aussi la contribution du combattant pour l’émancipation.
Le « champion » de la lutte contre le colonialisme
En Afrique du Sud, l’ANC, dont Mugabe était le plus fidèle allié, a exprimé sa profonde tristesse, regrettant la disparition d’un ami, d’un leader et d’un « révolutionnaire ». Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a salué un « champion » de la lutte contre le colonialisme.
Le président namibien Hage Geingob a rendu hommage appuyé au « révolutionnaire exceptionnel », au « combattant tenace de la liberté ». La Namibie, comme l’Afrique du Sud, ont profité du soutien actif du Zimbabwe de Robert Mugabe jusqu’à la fin de l’apartheid.
Il était notre ami, notre compagnon d’armes. Pour les Zimbabwéens, c’est la perte d’un grand dirigeant, d’un père fondateur. Pour la Namibie, c’est la perte d’un compagnon de la révolution. Et pour l’Afrique, c’est la perte d’un défenseur du panafricanisme. Les hommes d’État finissent toujours par susciter des polémiques. Il a donc créé la controverse, mais il est resté fidèle dans la défense des terres de son peuple.
L’ex-président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, affirme qu’il gardera « à jamais le souvenir d’un digne fils de l’Afrique, qui a volé au secours de (son) pays (lorsqu’il était) victime d’une agression extérieure ». Sans mentionner toutefois le pays mis en cause, le Rwanda.
Au Burundi, le président Nkurunziza le décrit comme un « héros de l’indépendance du Zimbabwe et vaillant artisan du panafricanisme ».
En Afrique centrale, le président tchadien « salue la mémoire de ce fils du continent » qui considère comme « un héros de l’indépendance de son pays ».
Pour le président du Gabon, Ali Bongo, Robert Mugabe fut « un grand combattant de la libération », « un fervent panafricaniste ».
Ailleurs sur le continent, sa mort inspire des réactions un peu plus circonspectes. Au Kenya, le président Uhuru Kenyatta parle plus prudemment de « son rôle essentiel dans la formation des intérêts du continent africain ». De même, le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, salue un homme qui « a consacré la plus grande partie de sa vie au service du public ».
Le président du Sénégal, Macky Sall, plus circonspect, s’est contenté d’adresser des condoléances « émues » au président Mnangagwa et au peuple zimbabwéen.
Quant à la Chine, elle voit en Robert Mugabe un dirigeant « exceptionnel ». Pékin fut l’un des rares partenaires du régime de Robert Mugabe. « Durant sa vie, il a fermement défendu la souveraineté de son pays, s’est opposé aux ingérences étrangères et a activement promu l’amitié et la coopération entre la Chine et le Zimbabwe et la Chine et l’Afrique », a déclaré devant la presse le porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang. En Russie, le président Vladimir Poutine rappelle sa « grande contribution personnelle à la lutte pour l’indépendance ».
Il était en train de mourir depuis longtemps. Je ne suis pas triste. Il était déjà mort pour moi. Il a détruit ma vie, mon futur. Je devais être un ingénieur au Zimbabwe, je me retrouve dans un pays voisin comme serveur dans un restaurant.
Source: RFI