Visite de Xi en Afrique: le Sénégal première étape d’un voyage crucial
Le président chinois entame ce samedi 21 juillet 2018 une tournée d’une semaine sur le continent africain. La première depuis sa réélection en mars dernier, la troisième depuis son accession au pouvoir en 2013. Xi Jinping se rendra d’abord au Sénégal, puis il ira au Rwanda, avant d’assister au sommet des pays émergents, les Brics, à Johannesburg, en Afrique du Sud. Avec Dakar notamment, Pékin ne cesse d’approfondir les relations depuis que ce partenaire a lâché Taïwan, en 2005.
Xi Jinping, qualifié de « joueur de poker » par Donald Trump, entame une partie cruciale en Afrique ce samedi. Sur ce continent, la Chine est depuis plus de dix ans le premier partenaire commercial, grâce à ses prêts notamment. Et Pékin entend bien continuer d’avancer ses pions.
Objectif : assoir son emprise sur les ressources naturelles et trouver de nouveaux marchés, écouler ses surcapacités, notamment dans la construction. Pour faciliter le commerce, l’homme fort de Pékin mise sur les Nouvelles Routes de la soie, qui doivent relier l’Asie à l’Europe et à l’Afrique.
Exemple avec le Sénégal, première étape du président Xi. Plusieurs accords de coopération devraient y être signés, vraisemblablement dans le secteur des infrastructures. La Chine finance notamment la construction du plus grand projet routier du pays : une autoroute entre Dakar et Touba, pour un coût de 700 millions d’euros.
Il y a aussi le parc industriel de Diamniadio. Pékin finance plusieurs grands projets du « Plan Sénégal émergent », engagé par Macky Sall, avec à la clé des contrats souvent attribués aux entreprises chinoises. Et ces investissements pourraient encore augmenter avec les récentes découvertes sénégalaises d’hydrocarbures.
Un bon exemple de la méthode chinoise sur le continent africain
Le Sénégal ne fait pas partie des « gros » partenaires de la Chine sur le continent. Les échanges sont bien plus conséquents avec l’Afrique du Sud, la RDC ou le Ghana. Mais Dakar et Pékin tissent depuis 2005, année où Dakar a tourné le dos à Taïwan pour renouer avec la Chine, des liens toujours plus étroits.
Le Sénégal importe bien sûr massivement des produits manufacturés de Chine et y exporte ses arachides. Mais les liens vont au-delà du commerce. Sur place, Xi doit d’ailleurs participer, aux côtés de son homologue Macky Sall, à l’inauguration du Musée des civilisations noires de Dakar, financé lui aussi par la Chine.
Cette visite, la deuxième d’un président chinois en neuf ans à Dakar, sera d’ailleurs aussi l’occasion d’inaugurer en grande pompe d’une nouvelle arène de lutte, en banlieue de Dakar, construite et financée, là encore, par la Chine.
Mais pour l’heure, Pékin ne se fait pas prier pour remplir le vide laissé par l’Occident, écrit le journal officiel Global Times : « Le président américain Donald Trump traite les nations africaines comme des « pays de merde« , preuve que les élites occidentales ont toujours tendance à discriminer l’Afrique. Alors que la Chine considère le continent comme une terre pleine de promesses. »
Le risque pour l’Afrique : dépendre de plus en plus de la Chine, qui détient une grande partie de sa dette.
■ Rwanda, Afrique du Sud : la suite de la visite du président chinois
Le Rwanda, où se rendra le numéro un chinois après la première étape de son voyage au Sénégal, espère toujours que Pékin l’aidera à désenclaver le pays, grâce à une ligne de train entre Mombasa, au Kenya, et Kigali.
Mais le président rwandais Paul Kagame étant le président en exercice de l’Union africaine (UA), il sera surtout question lors de cette deuxième étape du prochain sommet Chine-Afrique, qui aura lieu à Pékin au mois de septembre.
Enfin, à Johannesburg, avec les principales économies émergentes – Brésil, Russie, Inde, Afrique du Sud -, Xi Jinping viendra encore vanter son projet des Nouvelles Routes de la soie. Et le président égyptien devrait être présent.