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Victor Sy : Epitaphe pour un homme de conviction

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Dans les années 1980, au Mali, pour juste prononcer le nom de Victor Sy, il fallait regarder à gauche et à droite. Dans le milieu enseignant, son nom était prononcé avec respect et déférence. Pour nous enfants, d’alors, il était juste un mythe.

J’ai eu le bonheur, étudiant à Dakar, de le rencontrer et de voir comment et combien transpirent en lui des convictions avec lesquelles il n’était capable d’aucun compromis. A ce jour, il me fait encore penser au Pr. Aly Nouhoum Diallo, des hommes que ni les fortunes, ni l’infortune, ni l’âge et les circonstances n’ont fait varier, des hommes restants vifs, certainement et inexorablement trahis, à un moment, par le corps et l’âge.

Victor Sy, le pistolet du puissant Tiécoro Bagayogo sur la tempe, a continué à dire ce qu’il pensait des militaires et de leur irruption sur la scène politique. Le capitaine Soungalo Samaké a témoigné pour lui dans son livre. Voici des morceaux choisis, publiés en son temps par notre confrère Le Républicain : “La police a amené Victor Sy à la Compagnie para. Il aurait insulté le Comité et l’aurait traité d’incapable. On l’envoie pour être corrigé. Le premier jour, on lui a fait porter le sac à dos avec 10 kilos de sable et il a fait le tour du terrain de volley-ball avec un soldat derrière, muni d’une cravache. Deuxième jour : on a recommencé la même chose. Le troisième jour je l’ai fait venir dans mon bureau pour l’interroger. Pourquoi tu te permets d’insulter le Comité militaire de libération nationale et le traiter d’incapable, particulièrement notre président Moussa Traoré.

Mon capitaine c’est simple : “Je suis diplômé des écoles supérieures. Vous les militaires vous n’êtes que des illettrés. Vous savez à peine lire votre nom. Je ne suis pas contre le coup d’Etat en principe, mais si on avait mis quelqu’un de plus valable que Modibo, j’aurais été d’accord mais le remplacer par des ignorants, des incapables ! Je ne suis pas d’accord. Et on me demande de me soumettre ; je préfère plutôt mourir que de le faire”.

Victor Sy a été porté en terre hier, vaincu par l’âge, n’ayant jamais déposé les armes. Il part au moment où le pays doute et s’interroge, où le pays cherche des repères. Mais, il part, en ayant accompli sa part, et n’ayant jamais trahi.

Alexis Kalambry

Mali Tribune

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