Vacances gouvernementales à une période difficile: Désinvolture ou aveu d’incompétence ?
C’est par un communiqué laconique, qui a tout l’allure d’un Tweet à la Donald Trump, publié sur le site de la Primature et lu quelques heures plus tard sur les antennes de l’ORTM que l’opinion nationale a été informée des vacances des Ministres en deux vagues.
La Première à partir du mercredi 21 novembre et la seconde vague commencera ses vacances à compter du 3 décembre. Comment le Gouvernement d’un pays qui traverse l’une des crises les plus graves pourrait se donner le luxe de s’absenter volontairement en laissant pendantes les affaires les plus urgentes ? Cette attitude ne relève-t-elle pas de la désinvolture ou de l’incompétence avérée ?
Pour justifier son acte, le PM a pris soin « de rappeler que le Gouvernement n’avait pas observé de vacances pendant les mois de juillet et août de cette année en raison de l’organisation de l’élection présidentielle ». Comment pourrait-on penser une seule seconde d’abandonner son poste pour des vacances qui ne seront que des visites touristiques, surtout à une période charnière de la vie de la nation ? Tous les rapports sont aujourd’hui alarmants qu’ils soient sur la sécurité, sur les violations graves des Droits de l’homme ou sur la crise sociopolitique et économique.
En effet, le pays traverse une crise multidimensionnelle menaçant même son existence et c’est ce moment qui a été choisi par le gouvernement de Soumeylou Boubèye Maiga pour aller en vacances. Sait-il réellement que le temps n’est pas son meilleur allié ? Il aurait dû comprendre que tout est urgent au Mali, le centre s’enflamme tous les jours, par des conflits intercommunautaires, le nord est loin d’être apaisé et le sud est devenu une chaudière où grèves et manifestations s’alternent et cela depuis la réélection d’IBK. Au lieu de s’atteler sans relâche à relever les immenses défis qui se posent au Mali, les ministres organisent des escapades dans des endroits huppés en dehors du pays pour échapper, au moins pendant quinze jours, à la pression.
Il faudrait qu’ils sachent que ce n’est pas en fuyant le combat, qu’ils pourront échapper à la pression. Ce combat pourrait être de rassembler les Maliens, de résoudre leurs problèmes capitaux, qui sont entre autres la crise sécuritaire, sociopolitique et surtout économique. Ils doivent prendre à bras le corps toutes les urgences et y trouver une issue favorable.
Youssouf Sissoko