Sikasso est la seconde ville du Mali la plus peuplée. La cité s’urbanise à la fin du XIXème siècle à l’apogée du royaume Sénoufo de Kénédougou dirigé par la dynastie Traoré et devient la capitale du royaume. Le Tata de Sikasso, appelé également Tarakoko localement, est une série de remparts initialement construite à Sikasso sous le règne de Tièba Traoré (roi du Kénédougou ), entre 1877 et 1897, pour résister aux attaques de Samory Touré.
La construction du Tata de Sikasso sous la forme d’une gigantesque muraille, construite par les matériaux de construction (pierres sèches, gravier et banco) témoigne de l’ingéniosité et du génie créateur des populations locales à protéger leur culture et leur souveraineté. Au moment du siège sans succès de Samory, quinze mois durant – de mars 1887 à juin 1888, il comptait trois enceintes concentriques : le tata extérieure mesurant 9 km, épais de 6 m à la base et de 2 m au sommet, sa hauteur variant entre 4 et 6m; le tata intermédiaire moins grande et moins épais, destiné à isoler les marchands, les soldats et les nobles; l’enceinte intérieure encerclant le Dionfoutou, partie de la ville habitée par le roi et sa famille. Selon plusieurs sources orales et écrites, la construction des murailles défensives autour des cités du Soudan occidental aurait un rapport avec la période d’insécurité liée aux guerres d’hégémonie et la recrudescence de la traite négrière qui a suivi la chute de l’Empire Songhoy, dernier grand empire médiéval du Mali actuel. La construction de ces murs d’enceinte a connu un essor au 18ème siècle, âge d’or de la traite négrière, et au milieu du 19ème siècle caractérisé par les conquêtes menées des royaumes héritiers des Grands Empires (Fouta, Ouassoulou, etc.).
Le Tata de Sikasso est un ouvrage conçu et construit pour la protection de la ville. Sa taille, son épaisseur et la qualité des matériaux de construction ont conféré au Tata un style militaire monumental. L’ouvrage qui cernait une surface estimée à 41 ha, devait ses dimensions aux ajouts successifs de murs de renforcement en terre, de barres et de lits de pierres alternées dont les intervalles étaient comblés de gravier ferrugineux, de terre détrempée et d’autres pierres. Le Tata de Sikasso a, donc, été construit dans un contexte historique, technologique et culturel.
En avril 1898 le colonel Maxime Audéoud prend prétexte du refus de Babemba Traoré, successeur de Tiéba, à l’établissement d’une garnison française pour attaquer la ville. Les trois enceintes du Tata ont résisté à Samory mais pas aux obus modernes et malgré les violentes contre-attaques des défenseurs, la ville est prise au terme de deux jours de siège, le 1er mai 1898 et mise à sac. Elle fut ensuite agrandie par son frère Babemba Traoré. Le Tata de Sikasso ou tarakoko selon une appellation locale, a été édifié sous le règne de Tièba, entre 1877 et 1897. L’ouvrage fut agrandi et renforcé par Babemba.
Le tata a été agrandi et renforcé par Babemba Traoré. Cet édifice est menacé de disparition en raison de la pression du développement de la ville. Le Conseil des ministres du 18 mars 2009 a adopté un projet de décret portant classement du Tata de Sikasso et éléments associés dans le patrimoine culturel national.
La forteresse est encore visible dans le tracé actuel de la ville de Sikasso à travers des pans bien conservés dans les quartiers Mancourani, Médine, Wayerma, Bougoula ville et Fulaso. Des monuments sous forme de portes (au nombre de 7 (sept) ont été construites en matériaux modernes sur l’emplacement des passages d’antan pour en préserver la mémoire.
L’Alternance