Union pour la république et la démocratie : Les partisans de Gouagnon le portent à la présidence, ceux de Salikou n’ont pas dit leur dernier mot
Meguetan Infos
Le congrès extraordinaire souhaité par une frange de l’Union pour la République et la démocratie (URD) a eu lieu dimanche dernier (16 janvier 2022). Et les congressistes ont élu Gouagnon Coulibaly à la présidence du parti. Ce qui, pour de nombreux observateurs, est une victoire de ceux qui sont favorables à l’ancien Premier ministre Dr Boubou Cissé comme candidat de cette formation. Mais, en réalité, les partisans du Pr. Salikou Sanogo (l’homme de confiance de feu Soumaïla Cissé) ne semblent pas avoir dit leur dernier mot. Ce qui rend la bataille juridique inévitable.
Combien de temps l’unité et la cohésion de l’URD allaient-elles résister à la disparition de son fondateur, feu Soumaïla Cissé arraché à l’affection des siens le 25 décembre 2020 ? C’est la question que se posaient de nombreux analystes politiques conscients qu’avec le décès de Soumi, cette formation politique était devenue un volcan dont l’éruption était inéluctable.
L’unité de façade n’a en fait duré que le temps du deuil du président car à peine la quarantaine vécue, certains cadres ont commencé à s’agiter en réclamant un congrès afin de se débarrasser du président intérimaire, Pr. Salikou Sanogo, pourtant considéré comme le gardien de l’idéal et des valeurs inculqués au parti par Soumaïla Cissé. Il est vite devenu l’ennemi à abattre pour ceux qui se sont jetés dans les bras de l’ancien Premier ministre, Dr Boubou Cissé, en quête d’un parti fort pour réaliser ses ambitions présidentielles. Ils ont échoué à imposer le choix du candidat de l’URD à l’ordre du jour de la 10e conférence nationale en octobre dernier.
Une opportunité choisie par le Pr. Sanogo pour clarifier certaines choses. «J’ai l’habitude de le dire et je le redis aujourd’hui, Salikou Sanogo est à équidistance de tous les militants du parti. Je le dis en prenant Dieu à témoin. En ajoutant que mon éthique, ma dignité et mon honneur fort malmenés depuis quelque temps, m’interdisent toute espèce de clanisme. Salikou Sanogo n’est, n’a été et ne sera l’homme lige de qui que ce soit», a-t-il assuré en promettant la transparence dans le choix du candidat pour défendre la bannière «Vert-Blanc» à la prochaine présidentielle. «Tout, absolument tout, se fera dans la transparence sous la supervision et la décision souveraine du Bureau exécutif national (BEN) du parti… parce que justement, je n’ai pas et n’ai jamais eu la moindre espèce d’agenda», a-t-il précisé.
N’empêche que son impartialité n’est pas du goût de tout le monde, surtout ceux pour qui cela est un handicap insurmontable pour leur candidat et qui se sont battus pour organiser le congrès extraordinaire du dimanche dernier en portant désormais Gouagnon Coulibaly à la présidence de l’URD. Ils revendiquent 1 245 délégués venus de 52 sections de l’intérieur et 23 de l’extérieur. Ce qui donne une légitimité à cette initiative. Et il y avait effectivement du beau monde au Palais de la culture Amadou Hampâté Bâ.
Des irrégularités dans la représentation de certaines sections présentes au congrès extraordinaire
Mais, pour ceux qui s’en tiennent aux décisions de la 10e conférence nationale, c’est «un simulacre de congrès qui a été organisé sous l’effigie de Soumi et au nom de son parti» par des gens qui ne pouvaient plus le «regarder en face». Mais, «nous tiendrons bon», assure Moussa Sey Diallo (sur sa page Facebook), élu communal du parti (en commune I de Bamako) et membre du BEN. «La gourde est enfin pleine, la direction de l’URD, sous la conduite du Pr. Salikou Sanogo, prendra toutes ses responsabilités», promet-il.
Et d’avertir (en paraphrasant Albert Camus) ceux que certains membres qualifient de «putschistes» qu’il «n’y a pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir». Selon de nombreux témoignages, il y a eu beaucoup d’irrégularité dans la convocation de ce congrès extraordinaire avec des sections qui ont été engagées à leur insu. C’est par exemple le cas de celle de Sikasso.
«La section URD de Sikasso a tenu sa dernière réunion le samedi 8 janvier 2022 à son siège sous ma présidence. Au cours de cette réunion nous avons discuté de la vie du parti ; à aucun moment il n’a été convenu pour notre section de participer à un congrès extraordinaire», a-t-elle rappelé dans une correspondance signée de Sitafa Berthé, 1er adjoint au Secrétaire général de cette section. D’où sa surprise de voir le «camarade Aliou Dicko signé un engagement en PO (par ordre) en notre nom. Cet engagement (PO) ne saurait engager ni la section URD de Sikasso et aucune le Secrétaire général en ma modeste personne. Par conséquent, ledit engagement est nul et de nul effet», a-t-il averti.
Combien de sections ont-elles été alors été illégalement engagées par des gens qui ne sont pas habilités à le faire ? «Elles sont nombreuses», nous répond un cadre du parti qui ne se réclame d’aucun clan. «Beaucoup sont restés à l’URD du vivant de feu Soumaïla Cissé par nécessité parce qu’ils étaient convaincus que tôt ou tard il serait devenu président de la République. Mais, hélas, Dieu en a décidé autrement. Et ce sont ces gens sans conviction qui tentent aujourd’hui de prendre le contrôle de l’URD devenue pour eux un objet de marchandage avec le plus offrant. Et cela au risque de l’affaiblir par les divisions internes», analyse-t-il.
En tout cas, le bras de fer qui s’annonce désormais pour le contrôle de la chapelle de Soumi rend une bataille juridique inévitable. Ce qui risque de l’affaiblir comme force politique car les perdants n’auront d’autre choix que de se mettre à l’écart de la vie du parti en attendant leur revanche ou simplement de quitter le navire pour créer leur propre formation !
Il faut rappeler que l’Union pour la République et la démocratie (URD) est un parti politique créé en juin 2003 par des dissidents de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma-PASJ) autour de feu Soumaïla, ancien ministre de l’Economie et des finances d’Alpha Oumar Konaré et candidat malheureux de «La Ruche» à la présidentielle de 2002.
Naby
Le Matin