Une journée a la gare de Sogoniko : Dans le supplice des voyageurs
Meguetan Infos
Parcourir de longues distances par bus relève d’un parcours de combattant pour de nombreux voyageurs. Une journée avec les passagers d’une des compagnies de transport à Sogoniko, en Commune VI du district de Bamako.
Il est 8h à Sogoniko. Dans la cour de la compagnie Diarra transport. Voyageurs et bagages remplissent la cour.
Fanta Keïta est une cliente fidèle de la compagnie. Elle voyage ce matin sur Kita avec ses enfants. La mère de famille est venue depuis 6h pour pouvoir obtenir leurs billets à temps. Comme elle, plusieurs voyageurs sont assis dans la cour en attendant l’heure du départ, prévue à 9 h.
Dans ce brouhaha, difficile d’avoir un ticket avec la longue file. On joue des coudes sans ménagement pour accéder au guichet. Entre les cris de bébés, les marchandages des porteurs de bagages, entre les cartons et les tas d’ordures, des vendeurs se font des passes pour alpaguer les voyageurs avec du toc, des aliments à la propreté douteuse…
Avant l’appel, les passagers enregistrent leurs bagages sous la supervision des agents de la compagnie, dont Adama Tangara, chef de gare de la compagnie. De son bureau, il organise le transport des personnes et des marchandises. Il est également responsable de la sécurité de tous, ainsi que le garant du bon fonctionnement des équipements et de la maintenance.
L’emballage des bagages se poursuit sous les regards de certains passagers. Nombreux sont ceux qui se plaignent de la mauvaise organisation des ventes des billets.
C. se souvient encore de son dernier voyage. « J’ai pris mon ticket de voyage le samedi pour être sûr de partir le lendemain à 8 h pour San. Malheureusement, c’était mal connaître cette compagnie. Le rendez-vous étant fixé à 7h, j’étais à la gare à l’heure indiquée. Quand l’appel a commencé, ils sont venus nous informer qu’il n’y avait pas de places pour tout le monde. La corruption est passée par là. Nos places ont certainement été attribuées à d’autres voyageurs qui ont survécu », déplore M.C. Il poursuit « Quand on essaye de joindre au téléphone la compagnie pour avoir des explications, l’un des responsables nous a mal répondu, nous demandant d’aller nous plaindre où nous le voudrions. Que cela ne lui fait ni chaud ni froid ». En désespoir de cause, il s’est résolu à attendre le car de 15 h alors qu’il avait une urgence.
Pour Youssouf Camara, un autre passager, ce comportement est de la méprise totale envers les clients. « Pour un départ prévu à 11h et un rendez-vous fixé à 10h30, c’est finalement à 13h29 qu’on quitte la gare. Durant tout ce temps, personne de la compagnie ne s’est présentée pour nous donner les raisons du retard. Personnellement, j’ai essayé de joindre le chef de la gare par téléphone sans succès puisque ce dernier était absent », déplore M. Camara.
En plus des deux passagers, d’autres se plaignaient du mauvais accueil depuis la billetterie, le non-respect des délais de départ. « Le personnel n’a aucune considération pour les passagers ».
« J’ai fait l’un des pires voyages de ma vie avec cette compagnie de transport dans la nuit du 5 mars 2022 de Kenièba à Bamako. En plus du manque de respect du personnel, les apprentis font monter des passagers, même si le bus est rempli. Ils les font asseoir dans le couloir du bus sur des bidons de 20 litres transformés en siège », confie un passager.
« Depuis quelques années, notre compagnie s’est forgée une notoriété dans le domaine du transport au Mali. Ses nombreux cars flambant neufs ont fait grimper notre popularité auprès des voyageurs de tout horizon. Malheureusement, ces derniers temps, cette notoriété époustouflante monte à la tête du personnel, qui est de plus en plus orgueilleux au point d’oublier le rôle incontournable des passagers dans leur ascension », se justifie Adama Tangara, chef de gare de la compagnie.
En attendant des mesures fermes de la campagne, des passagers comme Mohamed Kamissoko, pensent « qu’il est mieux pour la compagnie de bien recadrer son personnel, ses différents chauffeurs et apprentis. Sinon, elle risquerait vraiment de terminer comme beaucoup de compagnies de la place ».
Adam Traoré
(stagiaire)
Mali Tribune