Vendredi 12 novembre, l’ex-député Zouheir Makhlouf a été condamné à un an de prison ferme pour « harcèlement sexuel » et « outrage public à la pudeur ». En 2019, devant un établissement scolaire, il est photographié par une lycéenne en train de se masturber dans sa voiture. Elle l’accuse de harcèlement. Le cliché partagé sur les réseaux sociaux devient viral et déclenche un mouvement inédit en Tunisie. Le #EnaZeda ou #MoiAussi en dialecte tunisien, en référence à #MeToo. S’ensuit une vague de témoignages de victimes de harcèlement.
Après la condamnation de l’ex-député Zouheir Makhlouf, la secrétaire générale de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), Ahlem Bousserwel, se dit « fière et heureuse de ce gain de cause », mais il reste encore beaucoup à faire pour lutter contre le harcèlement et les violences faites aux femmes en Tunisie : « Dans notre dernière étude nationale que la Tunisie a menée sur les violences contre les femmes, on a identifié une femme sur deux qui était victime de violences, surtout dans l’espace public.
« Situation très grave »
« Cette étude nationale, poursuit Ahlem Bousserwel, montre une situation très grave du niveau du harcèlement en Tunisie. Par exemple en 2020, il y a eu 4 000 appels reçus pour déposer plainte. Il y avait autour de 200 dossiers ouverts auprès de la magistrature tunisienne sur des cas de violence. Il y a d’abord la banalisation du harcèlement et des violences faites aux femmes. Il y a également le ministère de l’Intérieur qui a fait des efforts – qui ne sont pas vraiment les efforts du ministère – ce sont les efforts des organisations nationales et internationales qui ont soutenu le ministère avec des formations. »
Réalité « obscure »
« Et on a actuellement 28 unités spéciales pour prendre en charge les femmes victimes de violences dans les postes de police. Mais sur toute la Tunisie, 28 unités qui sont généralement une seule personne, mais jamais plus que ça. Donc, la réalité est encore très obscure et les femmes victimes de violence sont toujours là. Les centres d’écoute peuvent en témoigner », conclut la secrétaire générale de l’Association tunisienne des femmes démocrates.
RFI