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Tropicale Amissa Bongo : victoire du Français Jordan Levasseur

REPORTAGE. Malgré leur défaite, les coureurs africains ont fait durer le suspense jusqu’au bout lors de cette 15ème édition du tour du Gabon.

Par notre envoyé spécial à Libreville, Gautier Demouveaux

Cette septième et dernière étape de la Tropicale Amissa Bongo, longue de 130 km, emmenait le peloton du port d’Ebolowa au cœur des rues de Libreville, la capitale du Gabon. La victoire s’est une nouvelle fois jouée lors d’un sprint massif, remporté par le Réunionnais Lorrenzo Manzin (Total – Direct Energie), devant Youcef Reguigui (Algérie) et Riccardo Minali (Nippo – Delko – Provence). Mais pour connaître le vainqueur final de la 15e édition du Tour de Gabon, il fallait sortir les calculettes, afin d’additionner les bonifications des prétendants au maillot jaune. Ce dimanche matin, les favoris se tenaient en un mouchoir de poche. On comptait seulement 10 secondes entre le premier, l’Érythréen Natnael Tesfazion et le cinquième, l’Algérien Youcef Reguigui. En sachant qu’étaient distribuées trois, deux et une secondes à chacun des trois sprints intermédiaires, mais aussi dix, six et quatre seconde à l’arrivée…

Une petite seconde pour la victoire
À ce petit jeu c’est Jordan Levasseur (Natura4Ever – Roubaix LM) qui a été le meilleur. En remportant le dernier sprint intermédiaire, il a empoché les deux petites secondes qui lui manquait pour dépasser Tesfazion, maillot jaune depuis cinq jours. Une joie pour le coureur français de 24 ans : « Il faut parfois savoir jouer, c’est ce qu’on a fait avec la dernière bonification, cela s’est avéré payant. C’est vraiment une très belle semaine pour notre équipe, et un réel plaisir d’être venu sur cette Tropicale pour découvrir cette ambiance festive. J’ai vraiment été impressionné par les coureurs africains, ils sont incroyables et sont portés sur l’offensive, cela s’est vu mardi avec l’équipe d’Érythrée. Ce sont de bons coureurs, sur une belle course, et j’espère que j’aurai l’occasion de la revenir l’année prochaine ! » Le Français s’impose donc sur cette Tropicale Amissa Bongo 2020. Natnael Tesfazion (sélection nationale Érythrée) et Emmanuel Morin (Cofidis) complètent le podium.

L’Érythrée confirme son statut
Dominateurs sur la course pendant toute cette semaine, les Érythréens ont marqué une nouvelle fois de leur emprunte la Tropicale Amissa Bongo et confirment qu’ils sont l’une des meilleures nation du continent. Maillot jaune pendant cinq jours, Natnael Tesfazion est tout de même reparti dimanche avec la seconde place au classement général et le maillot de meilleur jeune. Son coéquipier Dawit Yemane conserve le maillot de meilleur grimpeur. À noter également la performance de leur compatriote Biniam Hailu, professionnel depuis cette année dans l’équipe Nippo – Delko – Provence, qui en plus de ses deux victoires d’étape repart avec le maillot du classement par points. Autre nation africaine attendue, le Rwanda termine en tête du classement de la meilleure équipe et son leader, Joseph Areruya a été désigné coureur le plus combatif de cette 15e Tropicale.

Une première pour l’Algérie et le Cameroun
On retiendra également de l’édition 2020 les premières victoires de leur histoire sur la compétition pour le Cameroun avec Clovis Kamzong et pour l’Algérie avec Youcef Reguigui. Plus généralement, cette 15e édition confirme également les performances du cyclisme africain, avec cinq victoires d’étapes remportées par un représentant de ce continent sur les sept étapes courues cette semaine. « Le bilan est positif pour les coureurs du continent, reconnaît Laurent Bezault, directeur technique Afrique de l’Union cycliste internationale. Le cyclisme africain continue sa progression, il faut peut-être que l’on soit plus patient, car on a tendance à vouloir voir évoluer les coureurs africains tout de suite au très haut niveau, alors que ce n’est pas encore le cas pour nombre d’entre-eux. Il faut leur laisser le temps de progresser pour s’approcher du cyclisme européen. Quand on voit comment Biniam Hailu a remporté l’étape de samedi au sprint, il ne lui faut plus grand chose pour pouvoir rivaliser avec les meilleurs mondiaux, c’est juste une question de temps, sachant qu’il n’a que 19 ans ! » Plusieurs jeunes de la jeune génération du continent se sont montrés et ont tenté des choses durant ces sept étapes, de bonne augure pour la suite, reconnaît Laurent Bezault : « Si on prend l’exemple de Paul Daumont, il y a encore quatre ans il ne faisait même pas de vélo en compétition. C’est un coureur très jeune, qui demande à mûrir, et il y a plein d’exemple comme lui, il faut juste leur laisser le temps, pouvoir les accompagner pour qu’ils soient dans les meilleurs dispositions pour la pratique du cyclisme. Dans certains pays cela reste encore compliqué, et il y a un travail à faire en profondeur. Mais il y a un très fort potentiel en Afrique… »

C’est pourquoi l’UCI est en train de mettre sur pied plusieurs centres d’entraînement dans plusieurs régions du continent, afin d’être au plus prêt de ces jeunes, et de les former pour atteindre l’élite.

Le Point

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