Le renouveau tant chanté sur tous les toits au Mali par les citoyens n’est qu’une parole en l’air. Les récentes arrestations de personnalités politiques, pour des irrégularités lors de la passation ou l’exécution de marchés publics, sont réduites à des décisions simplement politiques, ayant pour objectif d’anéantir de potentiels candidats.
Au Mali, il n’est de tâche plus difficile de nos jours que de prendre certaines décisions ou encore de s’exprimer sur des sujets. Une étiquette politique est vite collée sur chacun, chaque décision. Tout est ramené à une volonté de pérennisation au pouvoir, d’élections, d’intérêts personnels, etc.
Des arrestations
Il n’y aurait que des pros ou anti transition au Mali. Une situation qui handicape grandement la volonté de changement insufflée à cette période sur laquelle tous les espoirs sont fondés.
Le rebondissement dans l’affaire de l’achat d’un avion présidentiel (2014), la semaine dernière, a donné lieu à certaines prises de position, octroyant pour la plupart à la volonté des autorités transitoires une connotation simplement politique. Dans leur déclaration du 26 août 2021, l’Association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP) et la Référence syndicale des magistrats (REFSYMA) dénoncent des vices de procédure et expriment une crainte d’instrumentalisation.
Ces deux organisations judiciaires interprètent l’inculpation et la mise sous mandat de dépôt du ministre de la Défense et des anciens Combattants, non moins ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga, et de sa collègue Mme Bouaré Fily Sissoko, ministre de l’Économie et des Finances à l’époque, comme une instrumentation de la Cour suprême. Une utilisation politique qui viserait à « fausser les règles du jeu démocratiques, en prévision des prochaines compétitions électorales, notamment la présidentielle ».
Ces deux organisations, dans leur communiqué, se disent affecté de voir en la Cour suprême « un organe instrumentalisé en mission commandée en fin d’une période transitoire, pour anéantir des candidats potentiels déclarés aux futures échéances électorales, lesquels seraient gênants ».
Difficile prise de parole
Le Bureau politique de l’Alliance malienne pour la solidarité (ASMA), parti de Soumeylou Boubeye Maïga, qualifie cette décision des autorités judiciaires « d’acharnement politique ».
Ces appréciations d’une décision de la justice visant à faire toute la lumière sur une affaire, qui tient les citoyens en haleine depuis des années, ne pourraient être traduites que comme de tentatives visant à mettre des bâtons dans les roues des nouvelles autorités de la transition. Elles laissent croire que le renouveau sur toutes les lèvres n’est qu’un leurre. Nul ne souhaite avancer les premiers pas vers le changement ou accepter qu’il s’applique sur lui.
Sur les réseaux sociaux également ou dans les débats radiophoniques ou télévisés, des étiquettes politiques sont vite collées. Certains vont souvent jusqu’à porter atteinte à l’intégrité morale d’un autre citoyen parce qu’il a exprimé des opinions contraires à ses idéaux ou à sa volonté.
Ces agissements ou appréciations, de nature à réduire toutes les actions à une certaine volonté politique malsaine de s’attribuer des privilèges, handicapent la marche vers la renaissance. Ce réductionnisme a pourtant tendance à devenir la maladie politique la plus répandue au Mali.
F TOGOLA/maliweb.net
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