La donne politique pourrait bientôt changer en ce qui concerne la conduite de la transition et les élections générales à venir. Dans la foulée de l’annonce des sanctions de l’Union européenne contre 5 responsables maliens, le gouvernement a précipitamment annoncé dans la nuit la convocation du Conseil national de transition (CNT) pour réviser la Charte de la transition.
Peu après, le microcosme politique malien a été secoué par une publication de l’ancien ambassadeur de France au Mali, Nicolas Normand. Ce diplomate qui scrute l’actualité malienne a jeté un pavé dans la mare en écrivant sur les réseaux sociaux que des hauts responsables de l’Adema et du RPM sont en train de préparer la candidature d’Assimi Goïta à la prochaine présidentielle.
L’annonce de l’ancien ambassadeur français n’a pas encore été démentie par les membres du Conseil national de transition (CNT) et les acteurs de partis concernés, des formations politiques qui ont déjà dirigé le Mali. Du point de vue moral, il sied mal à l’ancien ambassadeur de France de se mêler aux affaires intérieures d’un pays qui n’a pas de leçons à recevoir de lui.
Par contre, la carte Assimi pourrait être une opportunité pour les partis en question qui ont bien intérêt à rester dans les cercles du pouvoir. En outre, la rue soutient les militaires qui sont censés mener le pays à bon port. Avec la révision de la Charte de la transition et la loi électorale, rien ne pourrait s’opposer à ce que le président de la transition soit autorisé à se présenter à la présidentielle.
Il faut juste que les Maliens s’inspirent d’autres pays comme le Tchad, dont le président de la transition pourrait bien être candidat à la présidentielle. La candidature de ce putschiste ne dérange absolument pas Nicolas Normand et l’Elysée qui s’accommodent de son pouvoir, violant la constitution tchadienne.
Beaucoup de Maliens estiment que la caution populaire suffit à Assimi Goïta pour poursuivre l’œuvre entamée. On pense que les militaires maliens sont la soupape de sûreté pour le Mali et de nombreux hommes politiques. Pour rappel, le gouvernement a convoqué le 4 février 2022 le CNT à une session extraordinaire pour faire bouger les lignes politiques.
En attendant les conclusions de cette session. Le caractère urgent de l’annonce de la session, à travers un flash spécial de la télévision nationale, ne laisse aucun doute sur la volonté de sortir du dialogue de sourd avec la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et le reste de la communauté internationale dont l’Union Européenne.
Beaucoup estiment que plus rien ne pourrait s’opposer à ce que les compétitions électorales soient ouvertes à tous les Maliens jouissant de leurs droits civiques. Cela pourrait aussi conduire à un délai court pour l’organisation des élections générales. Pour certains, il y a comme un recours aux conclusions des Assises nationales de la refondation (ANR).
La révision de la Charte de la transition vient de commencer comme cela est sollicité par les assises. Et les spéculations vont bon train depuis l’annonce de la session extraordinaire. Le remembrement du CNT est considéré par certains comme l’un des motifs de la révision de la Charte. Cela aura l’avantage d’ouvrir les instances de décision à d’autres forces politiques.
Mais s’il faut s’en tenir aux recommandations des assises de la refondation, cette la relecture de la Charte va sauter certains verrous législatifs. Ainsi, on s’attend à ce que le CNT rebatte les cartes du jeu politique en fixant un nouveau délai à la transition. L’objectif est de trouver une alternative à la fin prévue de la transition pour le 27 février 2022.
La charte qui avait été élaborée par des concertations nationales sur la transition avait prévu d’organiser les élections générales avant cette date. Mais beaucoup de choses se sont passées entre-temps, ce qui a empêché l’organisation des élections selon le calendrier précédent.
Il y a eu notamment le renversement du premier président de la transition, Bah N’Daw et de son Premier ministre Moctar Ouane. La Charte est devenue caduque à partir de l’instant où, Assimi Goïta, alors vice-président de la transition, a pris les rênes du pouvoir. Le poste de vice-président est resté vacant et aucun aménagement de la charte n’avait été entrepris depuis ces évènements. Par ailleurs, aucune des élections prévues n’a pu se tenir.
C’est aussi l’occasion pour la transition de préparer son candidat à la présidentielle à venir, au moment où les partis s’impatientent. Le délai de la transition sera certainement l’élément le plus important de cette révision. Il permettra de mettre fin au débat sur la durée de la transition, en mettant la communauté internationale de côté pour avancer rapidement dans les réformes envisagées.
Madou COULOU
La Preuve