Transition et perspectives électorales : Une classe politique plus coopérative ?
Meguetan Infos
Pour mener à bien sa politique de rupture, les autorités de la Transition malienne optent pour un nouveau compagnonnage stratégique.
La Transition politico-militaire, qui a cours au Mali, depuis août 2020, a le mérite de susciter une nouvelle classe politique. Celle qui sera dépositaire des nouvelles orientations stratégiques de l’Etat malien. Il s’agit des lignes directrices de ce qu’il est convenu d’appeler « la refondation ».
En effet, depuis la tenue des assises nationales de la refondation, le pouvoir militaire a clairement affiché son intention de diriger autrement le pays. Ceci ne saurait prospérer avec la classe politique traditionnelle, aux idées plus calquées sur les valeurs dites occidentales. A titre d’exemple, les valeurs de démocratie, de droits de l’Homme, des libertés fondamentales, d’élections constituent les axes majeurs des programmes de gouvernance de nos partis politiques classiques.
Or, avec l’avènement des autorités militaires, dans un contexte sécuritaire tendu, la question des droits de l’Homme et de démocratie sont apparues secondaires par rapport à l’existence même des Etats. Ce qui a poussé les autorités de la Transition à prioriser la « raison d’Etat » pour préserver la nation dans ses fondements essentiels. Il s’ensuit que toutes les organisations et entités attachées aux valeurs démocratiques et à l’alternance au pouvoir sont apparues presque en déphasage avec le cours de l’histoire. Ce qui a fait qu’apparaître comme acteur du mouvement démocratique était teinté d’un grand discrédit. Surtout qu’avec ces acteurs politico-institutionnels, le pays n’a pas pu éviter ses multiples crises politico-sécuritaires, qui a fait effondrer l’Etat malien.
Cette situation a incité les auteurs des coups de force d’août 2020 et de mai 2021 à travailler en vue de susciter de nouveaux acteurs politiques plus acquis aux nouveaux enjeux de survie du pays. Ce qui fera que l’Etat ne se fera pas prier pour freiner les ardeurs militants de l’ancienne classe politique. Et la machine judiciaire a pu être mise en branle, sous le couvert de la lutte contre l’impunité, pour, dit-on, assainir un tant soit peu, l’environnement politico-institutionnel du pays.
C’est ainsi que de hauts cadres des régimes antérieurs auront maille à pâtir avec la justice, pour divers motifs. Sans compter que le contexte de restriction des libertés fera que certains ténors politiques seront contraints à raser le mur.
Tout cela a créé le cadre propice pour l’émergence de nouveaux leaders, plus jeunes et plus ancrés dans les nouveaux concepts, comme la souveraineté retrouvée, la fierté nationaliste, la militarisation forte des institutions, la remise en cause des accords de défense, la rupture totale avec certains partenaires occidentaux, la diversification des partenariats stratégiques, etc.
Le clou de ce repositionnement stratégique est la consolidation de la coopération avec le Bloc de l’Est, avec en tête la Russie, la Chine, l’Iran, la Turquie, etc. Mais, la question qui se pose, est de savoir si cette réorientation peut aller loin, dans la mesure où l’Occident cherche à démanteler la Russie et ses alliés. Cette orientation de l’Etat peut-elle empêcher la tenue d’élections libres et crédibles ? L’ancienne classe politique affaiblie ne peut-elle pas renaître de ses cendres et remporter de futures élections ? Les militaires au pouvoir peuvent-ils irréversiblement dicter leur idéologie au peuple ? Les questions se posent et invitent les uns et les autres à agir pour préserver l’ensemble national.
Boubou SIDIBE/maliweb.net
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