TRAMADOL : « la drogue du Sahel »
Depuis 2012 et le début de la crise sécuritaire du Mali, on assiste à une explosion du trafic de stupéfiants au Sahel. La partie Nord du pays et plus particulièrement la région de Tombouctou, qui est noyautée par les terroristes (JNIM et Émirat de Tombouctou) est devenue l’épicentre du narcotrafic. Si auparavant on parlait de cannabis, de cocaïne, aujourd’hui c’est bien le trafic de médicaments, notamment le Tramadol, plus facile à se procurer, qui explose au Mali.
Le trafic mais aussi la consommation de certaines drogues, plus particulièrement le Tramadol, ont connu un boum ces dernières années dans le pays. Selon l’Office Central des Stupéfiants (OCS), les saisies au Mali ont été multipliées par 5 entre 2014 et 2018 pour atteindre 270 000 comprimés interceptés en 2018, ce qui représente, au passage, une perte sèche de 95 millions de FCFA pour les trafiquants. Mais ces quantités ne seraient encore qu’une goutte d’eau en comparaison des flux réels qui transitent, notamment dans le Nord.
La consommation de cette drogue touche une population toujours plus jeune. Le Tramadol est, à l’origine, un médicament destiné à calmer les douleurs très fortes. Il est aussi utilisé en psychiatrie. Mais lorsqu’il est employé comme une drogue, donc absorbé à fortes doses, il entraine des crises d’épilepsie et conduit très souvent à la mort. C’est pourquoi aujourd’hui sa consommation est qualifiée de problème de santé publique au Mali, et la première victime de ce fléau est la jeunesse malienne.
Le Nord du Mali est une des zones de transit pour l’envoi de stupéfiants vers l’Europe et l’Asie. Certes, les rançons des enlèvements ont constitué une des principales sources de financement du terrorisme au Sahel, mais le trafic de drogue tend à devenir une manne précieuse pour les djihadistes du JNIM. Ces derniers se sont progressivement organisés en cartel afin d’asseoir leur monopole du trafic de drogue. Aujourd’hui, même la région de Tombouctou est touchée par ce mal. Si la perle du désert n’est pas toujours la destination finale des stupéfiants, elle devient peu à peu la plaque tournante majeure du réseau qui s’étend du Niger à la Mauritanie en passant par la Lybie et l’Algérie. D’énormes quantités de Tramadol transitent par voie terrestre et fluviale, et ce principalement dans les zones sous influence de l’Émirat de Tombouctou et du JNIM. Tombouctou devient une étape de ce trafic dirigé par les narcoterroristes du JNIM.
En outre, l’usage comme le trafic de Tramadol engendre un niveau de violence sans précédent, on le constate aujourd’hui à Tombouctou. Si les jeunes sont très vulnérables à ce fléau, les narcoterroristes du JNIM l’emploient aussi en tant que désinhibiteur et le donnent aux prétendus moudjahidines qu’ils dépêchent pour commettre des massacres dans des villages. A l’image des terroristes du Moyen-Orient, les narcoterroristes obligent également de très jeunes garçons à prendre du Tramadol lorsqu’ils les envoient au martyre, ce qui vaut au Tramadol le surnom de « drogue des kamikazes ».
L’Émirat de Tombouctou, qui devrait être rebaptisé le « Cartel de Tombouctou », assassine les populations avec des armes ou des explosifs. Mais, ne l’oublions pas, il tue aussi nos populations avec la drogue.
En prétendant installer un califat, le JNIM ne fait que s’enrichir avec l’argent des trafics de drogues, il prend en otage l’avenir de nos enfants. La réalité, c’est que ces djihadistes terroristes ne sont que de vulgaires criminels qui se dissimulent derrière la religion pour s’enrichir, déciment notre jeunesse et compromettent notre avenir.
Khalilou Coulibaly
Malijet