Touré Aïché Baba Keïta, présidente de la FORSAT civile : “Nous appelons toutes les associations qui soutiennent le président Assimi Goïta à sauver l’essentiel d’abord”
Meguetan Infos
Dans un entretien qu’elle a bien voulu nous accorder, Mme Touré Aïché Baba Kéïta, présidente de la Fédération des organisations et regroupements qui soutiennent les actions de la Transition (Forsat) a appelé les associations qui soutiennent la Transition à l’union pour sauver Mali. Aussi elle est revenue sur les actions de vulgarisation de la nouvelle loi électorale qu’ils ont déjà entamées auprès des populations pour lutter contre la désinformation.
Aujourd’hui-Mali : Présentez-vous à nos lecteurs ?
Touré Aïché Baba Kéïta : Je suis Madame Touré Aïché Baba Kéïta, journaliste de formation, présidente de la Forsat Civile.
Qu’est-ce qui différencie la Forsat civile de la Force spéciale anti-terroriste de sécurité (Forsat) que nous connaissons déjà ?
La Forsat civile se définit comme la Fédération des organisations et regroupements qui soutiennent les actions de la Transition. On a ajouté civile parce qu’on sait que la Forsat est une unité spéciale de l’armée. C’est pour dire que notre arme de guerre, c’est les plaidoyers que nous allons faire et les journées de sensibilisation. Surtout pour lutter contre la désinformation pour essayer de prendre le rôle d’intermédiation que la société civile doit avoir entre les hommes politiques et le pouvoir actuel qui est un pouvoir de transition, lequel n’a pas de coloration politique et faire l’intermédiation entre les anciens dignitaires et les actuels parce qu’on se dit que ceux-là ont été au pouvoir pendant plusieurs années.
Si on leur donnait la parole, certainement, ils auraient des conseils très précieux à donner aux militaires qui sont actuellement au pouvoir. Certes, ce sont des spécialistes de la sécurité, mais ils ont besoin de conseils pour bien mener la transition sur un tout autre plan. C’est donc pour ça qu’on fait des ateliers, des contributions intellectuelles, des plaidoyers. Même là, pour la levée des sanctions, nous avons fait des plaidoyers pour que la société civile soit entendue. On essaye de regrouper au sein de la Forsat toutes les associations qui soutiennent les actions de la Transition pour sortir des actions isolées, pourvoir faire des choses en synergie. Je pense que c’est ainsi que notre voix portera plus.
La Forsat civile regroupe combien d’associations ?
Nous sommes aujourd’hui à 42 associations et 2 ONG à travers le Mali.
Depuis la date de lancement officiel de la Forsat civile, le 9 juin 2022, quelles sont les activités que vous avez menées ?
Depuis le lancement de la Forsat civile le 9 juin 2022, la même semaine, on a commencé à initier des journées de sensibilisation que nous avons appelées les journées citoyennes.
L’acte 1 de nos journées citoyennes porte sur les 24 mois de la Transition qui a été acté par le président de la Transition et la nouvelle loi électorale.
Dès que la nouvelle loi électorale a été votée, nous avons été l’une des premières structures à nous assigner comme mission de la vulgariser. Nous sommes allées vers les populations, nous avons fait les six communes de Bamako.
Nous avons aussi fait Koulikoro, Kati et très prochainement, nous entameront les étapes de Koutiala, Bougouni, Sikasso. Nous ambitionnons de faire tout le Mali pour lutter contre la désinformation, expliquer aux citoyens que nous avons une nouvelle loi électorale et comme nul n’est censé ignorer la loi, on explique les tenants, les aboutissants de la nouvelle loi et même les avantages de la nouvelle constitution qui va plutôt refléter nos réalités. Si les autorités de la Transition ont pris la lourde charge de rédiger la constitution et même de nous proposer une nouvelle constitution, il va de soi, dans nos débats communautaires, qu’on explique aux populations que l’heure est venue de faire beaucoup de changements, même par rapport aux différentes lois qui nous régissent, à commencer par la constitution. Mais là, comme ils ont commencé par la loi électorale, nous vulgarisons d’abord la loi électorale. Nous prenons les inquiétudes des uns et des autres selon les sensibilités pour les remonter au niveau du porte-parole du gouvernement. Nous sommes plus proches de la population qu’eux, donc on se fait le devoir de leur faire des rapports, de leur dire attention voici ce que la population pense, orientez vos communications par-ci et par-là. On se dit que c’est cela aussi le rôle de la société civile.
Que pensez-vous de cette nouvelle loi électorale ?
A notre avis, c’est une loi inclusive. Il n’y a qu’à regarder le nombre de communiqués des partis politiques qui ont félicité le CNT. Le gouvernement a eu le mérite de proposer, le CNT a eu le mérite de compléter, chacun était dans son rôle. Nous, nous sommes entièrement satisfaits de la nouvelle loi.
Selon vous, que doit être rôle la société civile ?
Pour nous, la société civile doit servir d’arbitre. N’avoir pas de coloration politique ne veut pas dire qu’on ne prend pas position quand il faut prendre position pour telle ou telle décision politique. Nous devrons être à l’écoute de la majorité de la population qui n’a pas forcément accès aux médias et qui n’a, du tout, pas accès très souvent aux autorités. A nous société civile d’aller vers ces gens, prendre leurs préoccupations et les remonter au niveau des différentes institutions. Le Haut conseil des collectivités est là pour ça, ses membres sont à l’écoute des populations et de la société civile, on a le Conseil économique, social et culturel qui est aussi là, à l’écoute des populations. Donc, servir de relai entre les institutions et les populations, à notre avis, voici le rôle de la société civile.
Quelle appréciation faites-vous de la levée des sanctions politiques et économiques auxquelles notre pays était confronté depuis plusieurs mois ?
On s’attendait à cela, parce que depuis quelques mois on s’est rendu compte que les autorités sont en train d’accélérer beaucoup de choses pour répondre aux exigences de la Cédéao. Nous sommes contents, satisfaits pour le peuple malien d’abord et pour les autres peuples qui nous ont soutenus pendant cette période.
La levée dans sanctions était nécessaire. Le monde est un gros village. Heureusement que nos autorités et les autorités de sous-région sont tombées d’accords sur plusieurs choses. Ils ont sauvé l’essentiel et on se dit qu’il était temps que l’embargo soit levé, qu’on retourne à la table de négociation et qu’on sorte le Mali d’une transition et qu’on revienne à l’ordre constitutionnel, comme prévu d’ici 2 ans. Nous félicitons le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta d’avoir diligenté tout ce que la Cédéao avait demandé. Nos félicitations vont au Médiateur qui a beaucoup fait et au président du Togo, Faure Gnassingbé, qui a beaucoup fait pour le Mali, dernièrement.
Qu’est ce qui fait la particularité de la Forsat civile ?
La particularité de la Forsat civile, c’est que, nous, nous voulons une unité d’élites pour la société civile. Nous ne sommes pas qu’une association, nous sommes un regroupement de plateformes d’associations, de coordination. Déjà, nous sommes à 42 associations, plateformes, plus 2 ONG. En deux mois, la Forsat civile a réussi à s’implanter de Bamako à Kidal. Les deux ONG qui sont parmi nous œuvrent à Kidal et Tessalit. Donc, nous y sommes représentés. Le Mali Multicolore est reflété dans la Forsat civile. C’est ce qui fait notre particularité.
Quels sont les objectifs de la Forsat civile dans 2 ans ?
Comme je vous l’ai dit, nous sommes comme une élite de la société civile représentée au niveau des plus hautes instances de la société civile comme le Haut conseil de la société Civile. Dans 2 ans, nous nous voulons garants de tout ce que la Transition va mettre en place comme action. Par exemple, on s’est dit qu’au-delà de la Transition, les actions qui ont été posées en 24 mois, nous devons être les garants de tout cela pour toute une génération.
Le jour où un autre président viendra pour revoir la constitution ou même relire la constitution, on va lui dire : mais attention, nous étions les témoins de ce que les autorités militaires ont fait à l’époque pour cela. Nous, société civile, nous allons vous donner l’avis qui était notre hier. Si ces réalités sont valables ces jours-là, on va les accompagner et si ce n’est pas valable, c’est sûr que si changement, il doit y avoir, on va s’y opposer. Donc, on se propose d’être les garants de tous ces changements pendant toute une génération.
Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit de la population malienne ?
Nous appelons toutes les associations qui soutiennent le président Assimi Goïta. Nous leur disons : “Sauvons l’essentiel d’abord”. L’essentiel, c’est le Mali. Sortons de cette phase de transition pour qu’on puisse revenir à une normalité constitutionnelle. Venir vers notre fédération ne les empêche en rien du tout. Nous avons pris des associations de différents bords qui gardent leur identité. Donc, venir au niveau de la Forsat civile, c’est un appel que je leur lance pour qu’ils viennent nous aider. C’est vrai qu’à 42 associations on peut beaucoup, mais si on arrivait déjà à 100, c’est sûr qu’on va faire bouger les montagnes. Et c’est ce qu’il faut. Le Mali a besoin d’une société civile forte, aujourd’hui.
Vous venez juste d’appeler les uns et les autres à se joindre à vous pour soutenir la Transition et après cette Transition ?
Ce qu’on envisage de faire, c’est d’être les garants de tout ce qu’ils ont posé comme action parce que quand on change de constitution, c’est pour toute une génération. On nous a dotés d’une nouvelle loi, c’est pour toute une génération. Les actions qu’ils sont en train de poser, on souhaite que la montée en puissance de l’armée continue. Demain, après-demain, qu’on soit en mesure de faire des dons conséquents au service social. C’est des hommes qui sont morts pour que cette sécurité et cette stabilité reviennent. C’est donc pour cela que nous, dans notre regroupement, on a dit : soutien aux actions de la Transition et pérenniser les actions de la Transition. Ça, c’est notre objectif après la Transition.
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