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Tiecoura Hamadoun Diarra, maire de Kalabancoro : “Nous avons porté les recettes de 15 à plus 50 millions de F CFA”

Celui qui vient d’avoir le Prix Top 100 des meilleurs maires de la Cédéao et de l’Union africaine pour sa bonne gestion des affaires de la mairie de la Commune rurale de Kalabancoro avait échappé de justesse à une motion de révocation. Dans cette interview, Tiécoura Hamadoun Diarra évoque ses réalisations, les difficultés avec certains conseillers et surtout ses projections pour le développement socio-économique de sa commune.
 

Vous avez été investi le 28 avril 2017. Que peut-on retenir en moins de deux ans d’exercice à la tête de la mairie de Kalabancoro ?

Quand je venais, il n’y avait pas d’électricité à la mairie. L’Energie du Mali avait coupé le courant pour plus de 18 millions de factures impayées. Dès mon arrivée, j’ai fait un protocole avec l’Energie du Mali pour payer ces 18 millions. En trois mois nous avons tout payé. Quand je venais, la recette mensuelle était très basse. Elle tournait autour de 15 millions.

Après le constat que la mairie peut gagner plus que ça, nous avons créé immédiatement un service de recensement et de planification. Ce service a permis le recensement et le géo-référencement de tous les contribuables de la Commune.  Nous sommes aujourd’hui à plus de 50 millions par mois avec un pic de 116 millions au mois de mai 2018. Donc nous gagnons entre 50 et 116 millions par mois.

En plus, nous avons créé un service d’urbanisme et un service d’assainissement. Tous ces services font rentrer de l’argent dans les caisses de la mairie. Ensuite, nous avons construit dix nouveaux bureaux pour le personnel et acheté des véhicules.

Une recette mensuelle de 50 à 116 millions de F CFA vous parait-elle suffisante pour une grande commune comme Kalabancoro ?

Nous sommes en train de parfaire ce que nous faisons. Il y a beaucoup d’autres taxes qui ne sont pas recouvertes, notamment les taxes du développement régional et local. Donc nous devons faire un recensement pour identifier ceux qui doivent et ceux que ne doivent pas payer.

Dans notre commune, il y a beaucoup d’autres personnes qui ne payent pas les impôts, notamment les écoles privées et les centres de santé privés. A Kalabancoro, le cœur des recettes devrait être le bord du fleuve. Les travailleurs du sable et de gravier ne payent pas ou ce qu’ils payent est carrément dérisoire. Nous devons également travailler dans ce sens pour que tous ceux-ci payent.

Quand on fera ceci, on aura gagné de l’argent. Mais ce que je déplore c’est que les communes du Mali n’ont pas de patrimoine. Il faut créer un patrimoine. Le patrimoine c’est quoi ? C’est les marchés. Nous avons 31 marchés ici qui ont été tous morcelés et distribués aux conseillers dans le temps. Ils ont vendu tout. Comme le plus souvent ça ne s’est pas fait dans les règles de l’art, nous allons remettre les pendules à l’heure. Il faut que les marchés reviennent à la mairie.

Si cela est fait, la mairie aura des patrimoines et on va gagner beaucoup d’argent. Nous avons aussi plus d’une centaine de places publiques qui ont été attribuées par des administrateurs à des personnes qui ont construit des immeubles. La liste est longue. Nous allons travailler pour que la mairie puisse gagner encore plus d’argent.

 Le 4 décembre dernier vous avez reçu le Prix Top 100 des meilleurs maires de la Cédéao à Casablanca au Maroc. Qu’est-ce que cela va changer dans vos habitudes de gestion ?

Mes habitudes ne vont pas changer. Si ça devait changer, ce serait dans le cadre de la perfection des œuvres déjà accomplies. C’est d’ailleurs une charge d’avoir remporté ce prix parce que je dois avoir honte de décevoir. Je n’ai plus droit à l’erreur. Je dois redoubler d’effort pour ne pas décevoir.

Quels sont vos rapports avec vos conseillers ?

La mairie est un cercle politique. Donc le maire est le président du conseil ça veut dire qu’il doit être un bon manager parce qu’il n’est pas facile de gérer les hommes. Il faut toujours avoir une politique pour ramener à de bons sentiments ceux qui déroutent. Je suis flexible et souple, mais j’ai des objectifs à atteindre. Donc mes rapports avec les conseillers sont des rapports politiques et les rapports politiques sont politiques.

Entretenez-vous de bons rapports politiques avec vos conseillers ?

Souvent les rapports entre nous ne sont pas bons. Les rapports politiques ont toujours été comme ça. Nous sommes une petite assemblée constituée de conseillers politiques. Il y en a qui veulent que les choses aillent bien, mais il y en a aussi qui ne veulent pas que les choses avancent. Tout est question de majorité. Avoir la majorité et travailler avec la majorité des conseillers, c’est ça qui compte.

Récemment des conseillers ont lancé une pétition en vue de votre révocation. Comment en sommes-nous arrivés là ? 

Les conseillers ne peuvent pas révoquer un maire. Pour révoquer le maire, il faut qu’il ait commis des fautes graves. Le seul fait de ne pas avoir eu ce que vous voulez de la mairie ne peut pas vous permettre de demander la révocation du maire. Le seul fait de rehausser les recettes de 15 millions à plus 50 millions cela veut dire que vous ferez des frustrés forcément. Parce que beaucoup de cet argent partait dans la poche de certaines personnes. C’est ce que j’ai interdit. Il fallait s’attendre à des attaques en conséquence. Mais ils ont échoué. Seule une poignée de conseillers ont signé la pétition.

Les plaignants affirment que vous travaillez seul et que les projets ne passent plus par le conseil communal. Qu’en est-il réellement ?

Ça fait rire ça. Comment est-ce que je peux travailler seul pendant que tout ce que je dois faire doit être d’abord discuté et validé en conseil communal. C’est la majorité des voix qui m’ordonne de faire les activités. Je ne peux pas travailler seul dans la mesure où c’est le conseil, à travers la majorité des voix, qui approuve toutes les actions que je dois entreprendre. Nous sommes 37 conseillers et j’ai 30 conseillers avec moi. Les sept autres sont des dissidents. On ne peut pas dire que je travaille seul.

A quelle date la dernière session du conseil communal s’est-elle tenue ?

Le conseil se réunit en session tous les trois mois. La dernière a eu lieu vers la fin du mois d’octobre. C’était la dernière session de l’année. Mais le conseil peut se réunir en session extraordinaire. Jusqu’ici nous n’avons pas eu besoin de faire une session extraordinaire.

Que comptez-vous faire concrètement pour le reste du mandat ?

Nous allons beaucoup travailler pour la restitution des 31 marchés à la mairie. Nous allons beaucoup travailler pour la sensibilisation des populations en vue du paiement des taxes de développement local. Nous allons beaucoup travailler aussi pour la réhabilitation du village de Ngolobougou, de Kouralé et le village de Yirimadio. Nous allons surtout travailler dans le cadre de l’assainissement notamment la gestion des déchets solides et liquides.

Nous avons déjà mis en place un schéma d’assainissement qui va être appliqué. Nous avons acheté des équipements pour cela. Nous devons tout faire pour construire un centre culturel pour la jeunesse et un centre multifonctionnel pour permettre aux filles déscolarisées d’apprendre des métiers. Ce sont les projets essentiels sur lesquels nous allons travailler.

Propos recueillis par Maliki Diallo

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