Terrorisme et conflits inter-ethniques: Le mali a échoué en tant qu’Etat-nation
L’État malien est menacé dans son existence. Les tueries de Ogossagou avec la mort de plus de 150 civils est symptomatique de l’état de dégradation avancée de l’Etat-Nation malien.
Le pouvoir central de Bamako fait quotidiennement face à des actes terroristes d’abord du Nord émanant de la rébellion touareg et depuis quelques mois, d’actes similaires au centre dans la région de Mopti.
A ce tableau macabre qui a occasionné l’intervention de la communauté internationale s’est ajouté un autre, des affrontements inter-ethniques d’une rare violence entre agriculteurs Dogon et éleveurs peulhs.
Les actes de violence ressemblent à des projets d’extermination génocidaires.
La préoccupation majeure des Maliens, de ses voisins et de la communauté internationale, c’est le fait que malgré la présence des forces françaises Barkhane, de la Minusma et du G5 Sahel en phase de construction, la situation n’est pas du tout maîtrisée.
Elle s’empire dans une large mesure. Car, déjà, au Nord, le pouvoir central est inexistant. Les groupes armés Touaregs ont acquis une large autonomie et instaurent même leurs propres lois. Ansardine, Mujao et d’autres forces présentes ont créé un État dans l’État.
Le pouvoir central s’est résolu à accepter cet État de fait que personne ne conteste plus.
Et comme si cela ne suffisait pas, la rébellion a gagné les rangs des Peulhs du Macina au centre. Avec, en toile de fond, des affrontements inter-ethniques entre ces derniers et les Dogons.
En clair, le Mali a échoué en tant qu’Etat-Nation. Le « vouloir-vivre ensemble » qui caractérise la Nation fait défaut dans un État qui a du mal à s’affirmer.
Pis, les forces de défense et de sécurité du Mali, malgré les efforts remarquables abattus dans la défense de leur territoire, sont dépassées et souffrent d’une incapacité opérationnelle chronique.
La France a dû intervenir dans un premier avec la force Serval avec des missions et des moyens opérationnels différents de ceux de Barkhane.
Le G5 Sahel est encore à l’état de balbutiement. Et toutes ses forces sur place et l’Armée malienne ne sauraient venir à bout d’une situation chaotique accentuée par la pauvreté et des choix politiques pas toujours rationnels.
Le Mali n’existe présentement comme État que parce que les forces internationales sont places. L’Armée nationale subit, à répétition, des revers graves avec des attaques d’hommes armés. La situation est préoccupante en cela que des civils innocents y perdent la vie avec des actes de civils qui rappellent ce qui s’est passé dans d’autres États comme le Rwanda.
Une situation qui interpelle la communauté internationale et met en avant le fait que la solution définitive ne sera pas militaire. Il faudra travailler à assoir les conditions de vastes concertations inclusives avec toutes les forces impliquées même s’il est difficile de discuter avec ceux qui sont estampillés terroristes. C’est pourtant la seule voix de salut.
Plus que les accords d’Alger, il faudra des discussions plus globales impliquant tout le monde même si cela doit se faire d’une façon séparée car les réalités du Nord ne sont pas celles du Sud. Et les motivations des uns et des autres ne pas les mêmes.
Malheureusement, Aqmi et des forces tapies dans l’ombre menacent la stabilité de toute la sous-région avec des États comme le Burkina Faso qui vivent les contradictions qui existent au Mali. Le Sahel s’embrase et le G5 Sahel a été mal engagée en tant que force de riposte. Elle aurait gagné à intégrer plus d’États et à être mieux repensée et financée avec l’appui des Nations-Unies.
Et comme nous l’écrivions supra, le dialogue est incontournable. Il faudra du temps pour y parvenir, mais c’est la seule solution.
Assane Samb
Rewmi.com