Au Tchad, un professeur sans emploi a décidé de créer une école en plein campement nomade. Avec d’autres professeurs bénévoles, Léonard Gamaïgué donne de son temps pour apprendre à lire et à écrire aux enfants qui n’ont jamais été inscrits à l’école. Pour ces enfants de nomades, l’école est encore difficilement accessible à cause de leur mode de vie, mais aussi parce qu’ils sont marginalisés par la société. Reportage au campement de Toukra, en périphérie de Ndjamena.
Baguette en main, Jongyang est professeur bénévole. Sa salle de classe, située au milieu d’un campement nomade, est spartiate. Une simple natte au sol, une bâche contre le soleil et un tableau noir posé sur un arbre.
« Quelques-uns parmi eux savent déjà faire des petites opérations, des petits calculs et des lectures qui combinent seulement deux syllabes. La plupart d’entre eux sont au niveau, mais il faut travailler avec certains qui sont en retard. »
Pour se faire comprendre, il mélange l’arabe et le français. Devant lui, une quarantaine d’enfants. Et pour beaucoup, l’école est une grande première. « Vingt-et-un plus un est égal à… 22 ! »
Les cours sont donnés du lundi au vendredi. De quoi faire naître des vocations, comme pour Habib et Khadidja : « Je préfère la lecture avec le livre à l’école. Quand je serai grand je veux être ministre ». « Moi, je veux devenir docteure, je veux soigner nos parents sur le camp. »
Un espoir pour les enfants comme pour les parents
Cette école atypique a été lancée en 2019 par Léonard Gamaïgué, un jeune diplômé de l’enseignement. C’est en voyant jouer les enfants des nomades au bord de la route ou s’occuper d’animaux qu’il a décidé de leur apprendre à lire et à écrire.
« Au début, c’était un peu compliqué parce qu’il étaient réticents. Avant moi, plusieurs promesses d’école ont été faites et ça n’est jamais arrivé. C’est seulement le jour où je suis venu déposer le tableau ici qu’ils ont vu que j’étais sérieux. Malgré cela, il y avait encore un peu de réticence, de voir l’école comme une perte de temps. Mais je crois que maintenant, plus aucun parent ici ne voudrait pas que son enfant vienne apprendre. »
C’est le cas de ce papa, Issa Dagam, qui laisse trois de ses enfants aller en classe : « Je n’ai pas été à l’école, j’ai toujours suivi mes parents avec les troupeaux. Mais aujourd’hui, nos troupeaux meurent. On est au chômage. J’espère que mes enfants feront des études. Ils pourront choisir un métier et jouer un rôle plus important que le nôtre dans notre société ».
Cette école n’est pas encore reconnue officiellement par les autorités et manque cruellement de financement. Au Tchad, seulement 2 % d’enfants des nomades sont inscrits à l’école.
rfi.fr