Suspension de l’aide publique américaine au développement ; Les points sur les i !
Meguetan Infos
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L’administration Trump supprime plus de 90% des financements public à l’étranger. Elle entend ainsi mettre fin au budget de l’USAID, l’Agence d’aide au développement international des États-Unis. Sur les dix premiers pays qui bénéficient le plus des aides américaines, six sont africains. L’administration de Donald Trump a annoncé mercredi 26 février 2025 des coupes budgétaires massives dans les programmes américains de développement et d’aide à l’étranger. Le Ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale a jugé nécessaire d’apporter des précisions. Lesquelles ? Réponse
Le Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a suivi avec surprise, la publication du Département de l’efficacité gouvernementale des États Unis d’Amérique, le 15 février 2025, sur les réseaux sociaux, citant le Mali parmi les pays dont les subventions américaines ont été annulées. Ce ministère de l’efficacité gouvernementale, en abréviation connu sous l’acronyme de Doge, on le sait, est dirigé par le multimilliardaire Elon Musk, propriétaire de Tesla et chargé de démanteler la bureaucratie gouvernementale, réduire les réglementations excessives, diminuer les dépenses inutiles et restructurer les agences fédérales. Dans l’esprit de la lettre MAGA (“Make America Great Again” ou «Sauver l’Amérique», selon Donald Trump lui-même.
Dans la publication du Doge en question, il y est question d’une supposée subvention en faveur du Mali pour un montant de 14 millions de dollars américains, soit environ huit milliards huit cents millions de francs CFA. Une enveloppe qui vient en appui à la cohésion sociale. Déjà, en 2022, Washington et Bamako avaient procédé à la signature d’un accord de financement de 148,5 millions de dollars soit (101 milliards de FCFA), dans le cadre de l’aide au développement. Selon l’ambassade des États-Unis au Mali, «ce financement va couvrir de nouvelles activités et celles en cours dans les domaines de la santé, de la gouvernance, de l’agriculture et de l’éducation de base». La même source indique que «…le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération Internationale, Abdoulaye Diop et la directrice de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) au Mali, Miriam Lutz, ont signé un amendement à l’accord d’aide au développement entre les États-Unis et le Mali, représentant un nouveau financement de 148,5 millions de dollars (soit 101 milliards de FCFA)». On apprend de la représentation diplomatique américaine à Bamako que «ce montant s’ajoute aux plus de 250 millions de dollars (soit 170 milliards de FCFA) que les États-Unis ont accordé au Mali à travers l’USAID au cours de l’année écoulée (2021, ndlr), y compris 90 millions de dollars (soit 61 milliards de FCFA) en aide humanitaire vitale pour les Maliens qui en ont le plus besoin».
Face aux faits récents qui viennent se greffer à ce passé récent, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale informe avoir saisi officiellement les Autorités américaines à ce sujet. La partie américaine justifiait ces aides en affirmant que la signature d’accords d’aide au développement, «représente l’engagement indéfectible des États-Unis en faveur d’un Mali plus pacifique et plus prospère qui dirige son propre développement» et que, dans ce cas précis, «ce nouveau financement pour le Mali permettrait directement à 300 000 familles d’agriculteurs de bénéficier d’engrais et de semences améliorées afin de renforcer la capacité du pays à pouvoir nourrir sa population sans avoir à dépendre d’importations onéreuses». Ce qui expliquerait qu’«une partie de cette aide est déjà perceptible sur le terrain avec la distribution par l’USAID de 1,2 million de sacs de 500g de farine enrichie à plus de cinq mille femmes enceintes et allaitantes et 30.000 jeunes enfants».
Il conviendrait de rappeler, selon le Maeci, même si cet appui aurait permis de «lutter contre la malnutrition aiguë en période de soudure dans certaines localités les plus touchées au centre du Mali» que le Mali, dans sa quête de souveraineté, n’a cessé de dénoncer, bien avant la mise en place de la nouvelle administration américaine, le danger de l’utilisation détournée de «l’aide publique au développement» comme instrument de déstabilisation et de subversion de nos pays par le financement des réseaux terroristes et comme moyen de violation de la souveraineté de nos États.
De la sorte, le Gouvernement du Mali s’est, depuis deux ans, abstenu de signer l’Accord quinquennal de Subvention d’Objectif de Développement avec les États Unis pour le financement de projets initiés et pilotés par l’Agence Américaine pour le Développement international (USAID). C’est pourquoi, précise le communiqué du Maeci, qu’il a été procédé à l’ajournement de la mise en œuvre de certaines activités, y compris. C’est à ce titre que le Gouvernement du Mali s’est, depuis deux ans, réservé de signer l’Accord quinquennal de Subvention d’Objectif de Développement avec les États Unis concernant le financement des projets de l’Agence Américaine pour le Développement international (USAID), et a ajourné la mise en œuvre de certaines activités. Dans la même veine, le communiqué indique que le Mali a inscrit l’ensemble de ses relations de coopération dans le cadre du respect de la souveraineté de l’État, des choix souverains du Peuple malien et de la défense de ses intérêts, y compris celles relatives à la cohésion sociale, à condition de respecter la souveraineté du Mali, les priorités et les procédures d’exécution nationales en la matière.
A cet égard, en droite ligne de la vision du Président de la Transition, Chef de l’État, traduite en principes constitutionnels de gouvernance de l’action publique, le Mali dit reconnaître la nouvelle orientation des Autorités américaines visant à assainir et à humaniser leurs subventions, et salue, par la même occasion, cette prise de conscience de la réalité de leur “aide publique” et les actions entreprises contre leur utilisation subversive et non conforme aux besoins essentiels des bénéficiaires.
Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale réaffirme que les Autorités de la Transition du Mali, fidèles aux principes clés qui régissent l’action publique, poursuivront leurs efforts de sécurisation, de rétablissement de la paix, de la cohésion sociale et du développement durable, dans une dynamique d’appropriation nationale, de partenariat, de respect mutuel et dans le cadre de la Confédération des États du Sahel. Le Mali invite les Autorités américaines à engager des poursuites judiciaires contre les personnes qui ont détourné lesdits fonds pour financer le terrorisme international, dont le Mali et les autres États de la Confédération AES sont victimes.
Khaly-Moustapha LEYE
L’Aube