Sur la question de l’ESC : Les leaders religieux fortement divisés
Le manuel polémique de l’éducation sexuelle complète (ESC) n’en finit pas de faire des vagues dans l’opinion nationale. A l’ordre du jour de la session extraordinaire du Haut conseil islamique du Mali du samedi dernier, la gestion de cette question s’est soldée par une division des leaders religieux, principalement sur la tenue d’un meeting de protestation contre le projet. Illustration parfaite de cette division, l’imam Mahmoud Dicko et Issa Kaou Djim sont désavoués par le bureau du HCIM.
La crise au sein du Haut conseil islamique du Mali vient d’être ressuscitée par la question du manuel de l’éducation sexuelle complète (ESC). Le meeting programmé le dimanche par le président de l’organisation Mahmoud Dicko a été tout simplement saboté puis suspendu par la majorité des membres du HCIM en leur session extraordinaire du samedi.
Sur une trentaine de délégués à cette réunion de crise, seules trois personnes étaient d’accord pour la tenue du meeting pour expliquer le contenu du manuel polémique de l’ESC ; à savoir : Mahmoud Dicko, le chargé de communication du HCIM, Issa Kaou Djim et Yacoub Doucouré. Cette position des autres membres du Haut conseil constitue un échec pour Mahmoud Dicko et vient en outre attiser la crise au sein de l’organisation faitière des musulmans du Mali, divisée depuis sa mise en place en 2016.
Cette énième crise au Haut conseil islamique oppose le camp de Mahmoud Dicko et à celui du Groupement des leaders religieux, sous la houlette de Chérif Ousmane Madane Haïdara. N’ayant pas réussi à déboulonner l’imam Dicko, le Groupement s’est engagé dans la dynamique d’affaiblir l’organisation malgré la ténacité de son président à maintenir le cap. Cette nouvelle crise va davantage fragiliser le Haut conseil islamique à l’agonie depuis plusieurs années.
A en croire Issa Kaou Djim, désormais le HCIM est divisé en deux camps : celui qui soutient le régime et celui contre le régime. Cette assertion du communicateur du HCIM, renvoie à la présidentielle des mois de juillet et août derniers quand le président Mahmoud Dicko a mené une contre-campagne pour empêcher la réélection de son ancien mentor de 2013, IBK. Ce désaccord autour de l’organisation du meeting du dimanche compromettra davantage la cohésion au sein de la faitière mais compliquera également la collaboration entre le président Dicko et le régime qu’il accuse d’être à la base de ce complot orchestré par les autres membres du bureau.
Malgré le fait que le Premier ministre ait ordonné son retrait, le manuel sur l’ESC aura laissé des traces aussi indélébiles que fratricides.
Ousmane Daou