Spécial 22 septembre 2024:#Mali : Professionnalisation du championnat national : Le grand saut dans l’inconnu
Meguetan Infos
Après plusieurs reports, le championnat national professionnel sera lancé cette, année avec quatorze clubs sur la ligne de départ. à un mois du coup d’envoi de la saison, beaucoup de questions restent en suspens notamment l’aide de l’état et de la fédération aux clubs. Pourtant, c’est le nerf de la guerre
Le coup d’envoi de la saison 2024-2025 est prévu le 12 octobre et quatorze clubs seront en lice pour le titre de champion du Mali. Les quatre protagonistes sont : Afrique élite football (AFE), l’AS Bakaridjan de Barouéli, l’AS Police, le Réal, l’Association sportive de Korofina (ASKO), Binga FC, le Djoliba, les Étoiles du Mandé, le FC Diarra, les Onze Créateurs, l’US Bougouba, l’US Bougouni, l’Union sportive des forces armées et de sécurité (Usfas) et le Stade malien. Les équipes s’affronteront dans une formule de poule unique, avec comme grande innovation le lancement du professionnalisme.
Les quatorze clubs ont droit chacun à 18 joueurs minimum et 30 au maximum et doivent avoir, outre leur équipe fanion, une équipe de juniors, une équipe de cadets et une équipe de minimes. Les équipes doivent également disposer d’un encadrement technique à la tête duquel se trouve un entraîneur disposant d’un diplôme “A”, “B” ou “C” de la Confédération africaine de football (CAF), avoir un encadrement médical dirigé par un médecin spécialisé en médecine sportive ou agréé par la commission centrale médicale de la Fédération malienne de football (Femafoot), avoir un siège et un compte bancaire.
Pour gérer le championnat national professional, la Femafoot a mis en place une commission ad hoc du football professionnel, dirigé par le général Bréhima Diabaté. «Avec l’instauration du championnat professionnel, les joueurs seront tous des salariés et les salaires ne peuvent être inférieurs au salaire interprofessionnel garanti (SMIG) qui est de 41.000 Fcfa au Mali», indique le premier responsable de la commission ad hoc du football professionnel. Il ajoute que les clubs seront accompagnés et guidés pour qu’ils puissent remplir les critères qui ne sont pas faciles.
Les clubs qui n’arriveront pas à remplir le cahier de charges, notamment le paiement du salaire des joueurs, seront sanctionnés avec la possibilité d’être retrogradés en divison inférieure. Les matches de la saison 2024-2025 se joueront dans les stades du District de Bamako, au stade Salif Keïta dit Domingo de Kati, au stade Moussa Diakité de Bougouni et au stade Babemba Traoré, précise le général Bréhima Diabaté.
ACCOMPAGNEMENT DE LA FÉDÉRATION ET DE L’ÉTAT- Si le président de l’US Bougouni, Ichaka Diakité se dit favorable au lancement du professionnalisme, il martèle qu’aucun club malien ne peut satisfaire le cahier de charges de la CAF. «Nous avons eu beaucoup de soucis avec la CAF pour lancer le professionalisme tout simplement parce que les conditions fixées par la CAF sont difficiles pour ne pas dire insupportables pour les clubs. Peut-on imaginer un club malien assurer le transport, la restauration et le paiement de salaires de ses joueurs pendant toute une saison», interroge Ichaka Diakité. Et le président de l’US Bougouni de rappeler que jusque-là, ces charges étaient assurées par, la Femafoot.
Selon lui, sans l’aide de l’Etat et de la Fédération, beaucoup de clubs vont signer forfait. Le secrétaire général du Djoliba, Modibo Coulibaly abonde dans le même sens. «Nous sommes dans une période d’essai et nous allons voir si l’essai va être concluant. Le Djoliba comme toutes les 13 autres équipes du championnat, n’est pas prêt pour demarrer ce professionnalisme. Tant que l’état et la fédération n’accompagne pas les clubs, on va faire un pas en avant et deux pas en arrière. Les clubs n’ont pas les moyens de se prendre en charge.
Il n’y a aucune voie qui leur permet de gagner de l’argent», s’inquiète Modibo Coulibaly. Pour le président de Binga FC, Ousmane Cissé, les clubs sont dos au mur parce qu’il faut obligatoirement entrer dans le professionnalisme. «Nous avons déjà tout mis en place que ce soit la bancarisation des salaires des joueurs, l’administration, la création des équipes de catégories d’âge et une section financière. S’il faut ajouter à tout cela l’inscription des joueurs à l’INPS, le paiement des taxes et des impôts, c’est énorme et insupportable pour les clubs». Et de terminer : «Sans l’accompagnement de l’Etat et de la fédération, c’est voué à l’échec».
Si le secrétaire général du FC Diarra, Abdoulaye Togola, assure que son équipe, promue cette année en D1, est prête sur le plan sportif, il exprime également beaucoup de réserves quant à la bonne marche du professionnalisme. «Nous avons un siège, un terrain d’entraînement gazonné et déjà nous avons ouvert des comptes dans une banque de la place pour les joueurs et les membres de l’encadrement technique. Le cahier de charges a été allégé, mais sans l’aide de l’Etat et de la Fédération, ce sera très compliqué pour les clubs», déclare Abdoulaye Togola.
Selon son général, Sidi Békaye Magassa, la fédération portera assistance aux 14 clubs pour leur permettre de s’adapter au nouveau contexte. «La Fédération malienne de football s’est inspirée de l’exemple des pays voisins qui nous ont dévancés dans le professionnalisme. Nous allons essayer de démarrer avec quelque chose de concret et correct et nous allons continuer à améliorer au fil des années, annonce le dirigeant sportif. Nous allons accompagner les 14 clubs sur le plan matériel et financier mais nous comptons également sur un accompagnement de l’État pour la réussite du projet».
Mais si l’instance dirigeante du football national assure les clubs de sa disponibilité à les aider financièrement, du côté de la direction nationale des sports et de l’éducation physique (DNSEP), on martèle que la question n’est pas à l’ordre du jour et que le ministère de l’économie et des Finances ne prévoit aucun budget pour le championnat national. Question : l’aide de la Fédération malienne de football sera-t-elle suffisante pour mettre le projet sur de bons rails ? On peut en douter, mais puisque l’instruction vient de la CAF, la Femafoot et les clubs n’ont pas le choix.
Djeneba BAGAYOGO
L’Essor