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Soumaïla Lah, Enseignant Chercheur : “Privilégier le renseignement”

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Après les deux attaques dans la ville de Bamako le mardi dernier et la forte implication de la population bamakoise dans la lutte contre les assaillants, un présumé djihadiste dans une vidéo menace la population. Il rappelle que c’était leur deuxième et dernier avertissement. Faut-il le craindre ou pas ? Que doit faire la population, en cas d’attaque pour sa propre sécurisation ? Soumaïla Lah, sécurocrate et défenseur des reformes du secteur de sécurité (RSS), nous livre ses conseils. Interview.

 Mali Tribune : Deux ans après, une autre attaque sur Bamako et une deuxième menace jihadiste contre la population de Bamako. Qu’en dites-vous ?

Soumaïla Lah : Le Mali, depuis plusieurs années, mène une guerre contre les groupes armés terroristes (Gat). Ces derniers essayent tant bien que mal d’intensifier leur présence et leurs actions à travers des actes de terreurs contre les symboles de l’Etat et/ou les populations. Par des enlèvements et des razzias. C’est dans cette volonté de semer la terreur qu’en plus du Nord et du Centre, Bamako est par moments visé par des attaques d’envergure. Les récentes attaques sont une illustration de la difficulté opérationnelle et logistique à faire face à ces groupes.

Mali Tribune : Dans une vidéo, le présumé jihadiste, dans un bambara limpide, affirme que c’est leur dernier avertissement. Faut-il le craindre ?

S L. : Tout avertissement émanant des Gat doit être traité avec la plus grande rigueur. Depuis peu, les autorités militaires du Mali sous l’impulsion de l’exécutif ont adopté une stratégie d’attaques. Elles coordonnent et  mènent des opérations contre les positions des Gat avec notamment l’utilisation de vecteurs aériens. Cette stratégie est de nature à causer énormément de pertes dans les rangs des Gat. Situation qui les oblige quelque part, à chercher à  riposter. Et cela en cherchant à causer des pertes et à médiatiser de sorte à provoquer la psychose afin de marquer le pas.

Mali Tribune : Il menace la population, or il est indispensable qu’elle participe à sa propre sécurisation. Aussi, FAMa = population. Quelle doit-être la bonne manière? Comment devrait procéder la population ?

S L. : La meilleure façon pour les populations de participer à leur sécurisation reste le renseignement. En effet, la population doit rester vigilante. Elle doit signaler aux autorités les faits qui lui semblent suspects et dans les meilleurs délais. La population constitue ́le premier moyen et la première source de renseignement pour l’efficacité et la précision dans les actions et les opérations des Forces de défense et de sécurité. La population doit accepter de jouer ce rôle. Elle n’a pas à se substituer aux Forces de défense et de sécurité et elle n’a pas à se faire justice non plus.

Mali Tribune : Qui doit expliquer  à la population, comment jouer son rôle et sans s’exposer et ne pas être cible terroriste ?

S L. : Les autorités doivent sensibiliser dans ce sens. C’est une responsabilité qui leur incombe.

Mali Tribune : En tant que sécurocrate, que pensez-vous des mesures prises contre les véhicules garés au bord des routes et la délocalisation des marchés de bétail ?

S L. : La mesure est salutaire. Il est important qu’elle ne soit pas un effet d’annonce. C’est une mesure qui doit être suivie d’effet.

Mali Tribune : Pour vous, quels sont les potentiels cibles terroristes aujourd’hui et que doit faire l’Etat ?

S L. : Difficile de le dire. Avec les Gat il n’y a jamais de certitude. Leurs actions sont fonction du contexte du moment. Toutefois, le Jnim, contrairement à l’EIGS, a une doctrine qui consiste à ne s’en prendre qu’aux symboles de l’Etat.

Propos recueillis par

Koureichy Cissé

Mali Tribune

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