Soudan: les contours de la future autorité de transition se précisent
Les civils souhaitaient quatre ans, les militaires deux : ce sera trois ans. Un gouvernement de transition pour trois ans, le temps de mettre en place des élections démocratiques souhaitées par les manifestants et les représentants de la société civile. Un accord définitif devrait être signé sous 24h.
Après deux jours de discussion, la nouvelle a été accueillie par des scènes de liesse dans les rues : un gouvernement de transition, dont il reste encore à définir la structure interne, va bel et bien être lancé pour remplacer le Conseil militaire qui gère les affaires du Soudan depuis le 11 avril, date de la destitution du président Omar el-Béchir.
Le scrutin démocratique sera donc organisé dans trois ans, le temps de remettre le pays politiquement et économiquement à l’endroit. Ce dialogue positif a été émaillé de violences, dans la nuit de lundi à mardi où cinq manifestants et un officier ont trouvé la mort et plusieurs dizaines de personnes ont été blessées. Des violences imputées à des miliciens proches du président déchu.
Douze heures de discussions mardi
Les discussions ont duré près de 12 heures mardi, ce n’est pas rien. C’est surtout le signe que l’ordre du jour est bien fourni et que les sujets sont complexes. Mais enfin, on en sait désormais un peu plus sur les futures institutions soudanaises qui devraient remplacer la junte militaire dans le mois qui vient.
L’accord trouvé entre civils et militaires avance d’abord sur la composition du « Conseil souverain », l’organe collectif présidant la transition.L’opposition demande que ce Conseil comporte une femme, six représentants des provinces et trois militaires. Un cabinet de gouvernement sera pour sa part en charge du pouvoir exécutif. Quant au Parlement, il s’agira d’une assemblée de 300 membres, dont deux tiers seront désignés par la coalition d’opposition. Un dernier tiers sera réservé aux forces politiques qui ne sont pas membres de cette coalition.
Ces institutions ont pour priorité de trouver un accord de paix avec les rebellions du Darfour, du Kordofan du Sud et des Monts Nuba dans les six mois qui viennent. Viendra ensuite l’organisation d’élections générales dans trois ans.
Enquêtes sur les violences de lundi
Les violences de ces derniers jours n’ont pas fait dérailler les discussions. Le climat politique s’est tendu dans la rue, mais les négociateurs ont continué à travailler. De son côté, l’armée prétend qu’une enquête est en cours pour désigner les responsables des six morts dénombrées lundi soir. L’opposition accuse ouvertement la Force de soutien rapide du général « Hemidti », le numéro 2 de la junte.
Quoi qu’il en soit, ils disent tenir le Conseil militaire pour responsable de la sécurité du peuple. Mais il reste qu’aujourd’hui, la situation est calme dans les rues de Khartoum. On attend beaucoup de monde ce mercredi et demain, d’autant que les négociateurs ont promis un accord final dans la journée. Accord qui devrait être salué par une nouvelle mobilisation populaire de masse. Les négociations finales commenceront ce mercredi soir, on peut donc s’attendre à une annonce dans la nuit.