Soudan: des centaines d’étudiants réclament justice pour leurs camarades tués
Des centaines d’étudiants soudanais se sont rassemblés mardi à Khartoum pour réclamer justice pour leurs camarades tués dans la répression du mouvement de contestation déclenché en décembre dernier, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le rassemblement intervient une semaine après la signature d’un accord sur le partage du pouvoir entre les chefs de la contestation et les militaires à la tête du Soudan depuis la destitution en avril du président Omar el-Béchir. L’accord n’aborde pas la question des manifestants tués depuis décembre.
« Sang pour sang, nous ne voulons pas de compensations », ont scandé les étudiants dans le centre de la capitale, en brandissant des portraits de camarades tués et des drapeaux soudanais.
Epicentre de la contestation, un sit-in de milliers de manifestants installés depuis le 6 avril devant le QG de l’armée à Khartoum pour réclamer un pouvoir civil, a été brutalement dispersé le 3 juin.
La répression a fait 246 morts depuis le 19 décembre, dont 127 pour la seule journée du 3 juin, et 1.353 blessés, selon un comité de médecins proche de la contestation. Les autorités ont parlé de 71 morts.
Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) sont accusées par la contestation et des ONG d’être responsables de la répression du sit-in.
« Nous sommes dans la rue car nous voulons que les responsables du massacre du sit-in rendent des comptes », a affirmé Malaz Eizzeddine, une étudiante.
Il n’y a pas eu de heurts entre les manifestants et la police antiémeute déployée aux abords du rassemblement.
Ismaïl al-Taj, porte-parole de l’Association des professionnels soudanais (SPA), mouvement important de la contestation ayant appelé au rassemblement, a harangué la foule avant qu’elle ne se disperse.
« Vous êtes l’âme de la révolution. Nous sommes loyaux envers vous et envers nos martyrs », a-t-il déclaré.
Des négociations sont en cours à Addis Abeba, en Ethiopie, entre les meneurs de la contestation et trois groupes rebelles faisant partie du mouvement mais qui ont jugé « inacceptable » l’accord signé avec les militaires, provoquant la suspension des négociations.
Les groupes rebelles ont estimé que des questions clé, comme la nécessité d’amener la paix dans les zones de conflit et de venir en aide aux « populations vulnérables », n’avaient pas été traitées.
Aucune date n’a été avancée pour une reprise des discussions avec les militaires.
Les premières manifestations ont été déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain dans un pays à l’économie exsangue.