Songhoy Chaawara Batoo – FRAA : deux collectifs vent debout contre l’application de l’accord d’Alger
Six ans après sa signature, l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu des négociations entre l’État malien et certains groupes armés à Alger, ne cesse de susciter des contestations. La dernière en date, samedi dernier, 13 mars. Dans le but de militer contre la mise en œuvre de cet accord, Songhoy Chawara Batoo, un collectif de plusieurs associations et le Front du Refus de l’Accord d’Alger (FRAA) ont organisé, un meeting au mémorial Modibo Keïta.
Le mémorial Modibo Keita orné aux couleurs nationales (vert, jaune, rouge), ce samedi après-midi. Il est envahi par des gens qui déambulent de partout. Avec une motivation : protester contre la mise en œuvre de l’accord d’Alger. Cet accord négocié dans la capitale algérienne entre le gouvernement malien et certains mouvements armés a pour but : de créer les conditions d’une paix juste et durable au Mali. Force est de constater que même avec l’appui de la MINUSMA (Mission intégrée des Nations Unis pour la Stabilité au Mali) et de la force française Barkhane, l’insécurité n’a cessé de s’aggraver dans le pays. Pis, elle s’est même étendue à des nouvelles zones. Il y a de quoi s’interroger sur les remèdes apportés. Raison pour laquelle, Songhoy Chawara Batoo et le front du Refus de l’accord d’Alger entendent lutter contre l’application de cet accord, qu’ils jugent ‹‹illégal et illégitime››.
‹‹Cette manifestation a pour but de rappeler aux maliens de l’intérieur et de l’extérieur que l’accord qu’on veut appliquer est un accord qui divise le pays. Nous voudrons faire savoir au monde entier qu’il y a des maliens qui ne sont pas d’accord pour son application››, lance Aboubacrine Maiga, le coordinateur de Songhoy Chaawara Batoo. Les raisons de leurs contestations ne sont pas vaines à en croire Abdel Kader Maiga, farouche opposant de la mise en œuvre de l’accord. Selon lui, l’accord favorise plus le nord que le sud, ce qui n’est pas juste dans un même pays. Et aussi, continue-t-il, il tend le pays vers un État fédéral. ‹‹L’accord prône la volonté d’une minorité sur une majorité, et aussi prévoit deux armées, les Fama [Forces Armées Maliennes] d’un côté et une armée reconstituée de l’autre, cela ne peut se faire. Ils nous faut tous être déterminés pour l’empêcher››, conclut-il.
L’évènement a rassemblé un beau monde. Parmi eux, Cheick Oumar Sissoko et Mme Sy Kadiatou Sow, deux figures de proue du M5-RFP. Et aussi le célèbre prêcheur, Chouala Bayaya Haïdara, qui se dit inquiet de l’État actuel du Mali. ‹‹Il est de mon devoir de bon citoyen de ne pas rester indifférent quand ça ne va pas au pays, c’est pourquoi je suis là››, justifie le prêcheur. Tout comme lui, le Mouvement du 5 juin-rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), n’est pas rester à l’égard. ‹‹L’accord a été signé par les autorités sans l’aval des citoyens. Il doit apporter la paix et la stabilité mais malheureusement ce n’est toujours pas le cas. Il est donc impératif de le remettre sur la table pour que tous les maliens débattent dessus. S’il faut écrire un autre accord ou revoir celui-là, ce sont eux qui le décideront sans stigmatiser aucune ethnie››, conseille Mme Kadiatou Sow.
Dans le plan d’action du gouvernement, présenté le 19 février, par le Premier ministre Moctar Ouane, il est indiqué qu’il y aura des concertations pour la relecture de l’accord d’Alger. Cependant cela n’a pas suffit à calmer les ardeurs des militants de Songhoy Chaawara Batoo et
du FRAA. Ils entendent continuer à faire d’autres meetings à l’intérieur du pays. Prochaine étape, fin mars à Gao.
Aly Asmane Ascofaré
Source : Canard Déchaine