Sommet Biden-Poutine: le retour des «lignes rouges» lors d’une rencontre sans surprises
RFI
Trois heures et demie d’échanges, une rapide poignée de main, des conférences de presse séparées… Le sommet Biden-Poutine s’est déroulé comme prévu hier, mercredi 16 juin, sur les bords du lac Léman, à Genève. Les échanges ont été « constructifs », assurent les présidents américain et russe. Concrètement, les deux dirigeants se sont mis d’accord pour un retour à leur poste de leurs ambassadeurs respectifs, mais de nombreuses questions restent en suspens.
Ce sommet tranche en tout cas, avec celui de 2018, lorsque Donald Trump avait rencontré Vladimir Poutine à Helsinki, dit Vincent Souriau, notre envoyé spécial à Genève. L’épisode d’Helsinki avait traumatisé l’appareil d’État américain. À l’époque, on était en pleine accusation d’ingérence russe dans la campagne présidentielle américaine, et Donald Trump, contre toute attente, avait désavoué ses propres services de renseignement et pris la défense de Vladimir Poutine. Ce qui sautait aux yeux hier, c’est que l’administration Biden a voulu remettre les compteurs à zéro. D’abord sur la forme : pas de conférence de presse commune. Le Kremlin l’a proposée, mais Washington n’en a pas voulu. On évite l’improvisation, les surprises et les sourires de connivence.
Lignes rouges
Ensuite sur le fond, il y a les fameuses lignes rouges. Joe Biden l’a répété hier, les droits de l’homme, ils seront toujours sur la table entre les États-Unis et la Russie. Concernant la souveraineté américaine, si les Russes tentent à nouveau de déstabiliser nos élections, Poutine sait que « je prendrai des mesures », dit Biden. Et les cyberattaques : si elles continuent, « nous riposterons ».
En résumé, la Maison Blanche revient à la normale. À un positionnement clair vis-à-vis de la Russie. Ce n’est pas pour autant synonyme de résultats. On a bien vu, hier, que Vladimir Poutine restait droit dans ses bottes, que ce soit à propos de Navalny ou de sa politique étrangère. Mais les ambassadeurs reviennent et le dialogue reprend d’égal à égal. On a fermé la parenthèse Trump.
La presse russe salue l’atmosphère positive et amicale
Ce matin, la presse russe salue l’atmosphère positive et amicale de cette première rencontre entre les deux hommes, dit notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot. Deux points sont mis en avant par les journaux russes : le retour des ambassadeurs à leurs postes respectifs et l’annonce de négociations sur le contrôle des armes nucléaires. Le quotidien Vedomosti souligne d’ailleurs l’une des phrases issues du communiqué commun publié sur le site du Kremlin : « Aujourd’hui nous réaffirmons le principe selon lequel il ne peut y avoir de vainqueur d’une guerre nucléaire ». Cette formule, relève Vedomosti, avait déjà été utilisée en 1985 à l’issue du sommet de Genève entre Ronald Reagan et Mikhael Gorbatchev.