Somalie : les journalistes en “état de siège”, entre attentats et arrestations
Les journalistes qui travaillent en Somalie subissent un véritable “état de siège”, sous la menace des attentats jihadistes, des pressions politiques et des arrestations par la police, a dénoncé jeudi Amnesty International.
Les journalistes de ce pays d’Afrique de l’Est sont confrontés de longue date à la fois à la violence des insurgés islamistes shebab et aux restrictions draconiennes à la liberté d’information imposées par les autorités.
Mais la situation s’est encore aggravée, selon Amnesty International, qui a publié un rapport intitulé “Nous vivons dans une peur perpétuelle”, détaillant une “détérioration dramatique” de la liberté de la presse.
“Une recrudescence des attaques violentes, des menaces, du harcèlement et de l’intimidation des travailleurs des médias font de la Somalie un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes”, a affirmé Amnesty, appelant les autorités somaliennes à réagir.
Celles-ci ont rejeté les conclusions du rapport, qualifiées “d’allégations ridicules” et accusé les journalistes somaliens qui ont fui le pays d’inventer des menaces pour s’assurer d’obtenir l’asile à l‘étranger.
Au moins huit journalistes ont été tués depuis 2017 et huit autres ont quitté la Somalie, assurant craindre pour leur vie, selon l‘étude d’Amnesty.
“Survivre de justesse à l’explosion d’une voiture piégée, se faire tirer dessus, passer à tabac, être victime d’une arrestation arbitraire… les journalistes travaillent dans des conditions horribles”, a affirmé Deprose Muchena, responsable d’Amnesty pour l’Afrique de l’Est et du Sud.
164e place dans le classement RSF
“Les autorités ne se donnent pas vraiment la peine d’enquêter ou de poursuivre les responsables des attaques contre les journalistes”, a-t-il ajouté.
Reporters sans frontières place la Somalie à la 164e place sur 180 pays dans son dernier classement de la liberté de la presse, avec au moins 43 journalistes tués au cours des dix dernières années.
Si les shebab, affiliés à Al-Qaïda et en lutte contre le gouvernement somalien, constituent la principale menace pour les journalistes, les forces de sécurité gouvernementales se rendent aussi coupables de nombreuses violations à leur égard.
La Somalie occupe d’ailleurs la première position du classement des pays où les crimes contre les journalistes sont le moins fréquemment résolus et poursuivis, selon une étude publiée en octobre 2019 par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
AFP