Sans Tabou: financement du terrorisme, le Mali nouvel eldorado pour les jihadistes
Au centre et au nord du Mali, un nouvel eldorado s’ouvre pour les terroristes : l’enlèvement du bétail, par centaines de têtes, du bétail des éleveurs. Pour ce nouveau projet, ni la présence de Barkhane ni celle de la MINUSMA, encore moins des FAMa ne semble dissuader ces terroristes dans leur entreprise criminelle. Si rien n’est fait rapidement, en plus de renforcer le terrorisme au détriment de la paix et du vivre ensemble, c’est l’exode et la fuite organisés de braves populations de ces localités menacées.
Ce dimanche 27 octobre 2019, une source locale affirme qu’à Gangouroubouro (Madougou) plus de 60 têtes de bœufs et plus de 100 caprins ont été emporté par une milice armée peule en tuant le berger. Il y a deux semaines, l’Association malienne pour la protection et la promotion de la culture dogon-Ginna Dogon-dénonçait lors d’une conférence de presse, des vols d’animaux et l’incendie de greniers au Centre. Au même moment, au Nord, des sources locales faisaient état d’au moins 700 têtes de vaches emportées par des hommes armés, le samedi 12 octobre à Ansongo. Cet enlèvement intervient, selon des sources locales, après le paiement de la taxe de 10 000 FCFA par bétail à ces mêmes hommes armés.
Ces animaux enlevés disparaissent dans la nature, malgré les dispositifs sécuritaires employés par Barkhane, la Minusma et les Fama pour la reconquête de l’intégrité territoriale du Mali. Si les engins explosifs improvisés peuvent être placés discrètement et que les terroristes sur des motos peuvent attaquer par surprise et disparaitre facilement, il n’en est pas de même pour le déplacement de centaines de têtes du bétail. Le déplacement d’un cheptel est cent fois plus lent que celui d’un engin motorisé. Aussi, pour dissimuler 200 têtes de vaches, cela demande suffisamment de temps pour alerter une armée sur le qui-vive. Alors la question sur le bout des lèvres est : qui pourraient être le ou les commanditaires de ces vols ? Ont-ils des complicités à d’autres niveaux ? Les responsables de l’association Gina Dogon suspectent des implications, depuis la capitale à Bamako. Pour Binogo Ouologuem, membre de l’Association Ginna Dogon, les butins du dernier cas d’enlèvement dans un village du cercle de Bandiagara qui a occasionné la mort du chef de village et quatre autres personnes, ont été « retrouvés au Garbal de Niamana et quand nous avons retrouvé les animaux, comme d’habitude, ils voulaient négocier, nous disant : ‘’ vous avez retrouvé vos animaux, prenez-les’’. Nous avons dit : jamais ; ça ne se fera pas comme ça cette fois-ci ».
Ce dossier selon le responsable de Ginna Dogo est sur la table du juge en commune VI.
Ces dénonciations de l’association Ginna Dogon interviennent alors que plusieurs autres cas de vols de bétails sont régulièrement signalés dans la région de Mopti et une partie de Ségou.
Au nord du pays, notamment à Ansongo, l’enlèvement d’au moins 700 têtes de vaches, ce 12 octobre 2019 ne cesse d’alimenter la polémique. Au mois de juin, quelque 6 000 têtes de bétail ont disparu à Djenné, selon des sources locales.
Ces enlèvements du cheptel, en plus de la question de sécurité des personnes et de leurs biens, posent un véritable problème de survie pour les populations. Il s’agit d’une interpellation forte pour les autorités nationales et leurs partenaires engagés, depuis 2013, dans la conquête de l’intégrité territoriale du Mali. Une véritable enquête s’impose pour démasquer ce réseau criminel qui participe désormais à nourrir le terrorisme au Mali et dans le Sahel.
Par Sidi DAO