Selon l’ex-PDG Mamadou Tiéni Konaté, l’ACI n’a été à aucun moment associée au recensement, à la décision de la vente ; et à la fixation des prix des 27 bâtiments publics qui ont coûté environ « 17 milliards de FCFA ». Le bradage des biens de l’État n’a pas commencé par ces 27 bâtiments, qui ne sont que des exemples près. À qui profite ce bradage massif dans l’anonymat ?
Aujourd’hui, plusieurs bâtiments publics ont été cédés à des opérateurs économiques et même loués à l’État-vendeur. Cette braderie, au-delà d’avoir un impact sur l’économie du pays, affecte considérablement le patrimoine immobilier de l’État tout en mettant à nu sa mauvaise gouvernance.
Aujourd’hui, le mandat de l’Agence de Cession Immobilière (ACI) permet de compter 22 bâtiments qui ne relèvent plus de l’État qui les a déjà cédés : « Moi j’en connais que 2 ou 3 qui n’ont pas encore été réhabilités. Moi j’en ai vendu qu’un. Celui qui est contigu au Trésor vers Malimag à hauteur d’un milliard deux cent trente-sept millions », précise l’ex PDG de l’ACI. Aussi, a-t-il ajouté que l’argent des 22 bâtiments publics n’ont pas tous été reçus par l’État en ce sens sur environ 17 milliards, l’on note au moins 4 milliards de déficit.
En fait, l’on apprend que le projet de cession de 27 bâtiments publics remonte à l’époque d’Alpha Oumar Konaré qui, à la fin de son mandat envisageait de réhabiliter l’ensemble du centre de la ville de Bamako sans succès : « ATT et Boubèye ont repris le projet d’innovation de la ville de Bamako comme à Abidjan et à Dakar. C’est cette commission qui a pu recenser tous les bâtiments publics de l’État. Le coup d’État a empêché sa mise en œuvre. La Transition 2012-2013 a modifié le projet. Le nouveau mandat indiquait que les bâtiments pouvaient être mis à la disposition de qui le veut pour reconstruire afin de devenir le propriétaire au bout de quelques années avec une avance de 20% », explique Mamadou Tiéni Konaté.
Sur les 27, il y a 2 bâtiments qui ne pouvaient pas être vendus car ils abritent des services stratégiques de l’État. Un autre qui fait office de garantie à la banque notamment la Cité ministérielle dans l’ACI. Les deux derniers sont dans le marché Dibidani où siégeait le Conseil Supérieur de la Communication.
Des voix s’élèvent pour s’interroger sur l’objectif de Mamadou Tiéni Konaté à ouvrir les débats aujourd’hui. Pourquoi l’ex PDG de l’ACI n’avait pas établi ces dossiers pendant sa gestion de la structure ? Seule la justice nous édifiera sur ce dossier.
Afin de faire la lumière sur les violations dans ce dossier de vente des bâtiments publics, le Gouvernement de transition a commis l’Inspection des Domaines et des Affaires foncières à entreprendre des investigations qui ont abouti à des constatations, notamment le non reversement à l’État d’importantes sommes issues de la vente desdits bâtiments.
Au regard des éléments nouveaux qui ressortent du rapport d’Inspection, le Conseil des Ministres du mercredi 6 Avril 2022 a instruit le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, des Domaines, de l’Aménagement du Territoire et de la Population d’engager des poursuites à l’encontre des personnes impliquées.
Mais une certitude : la liste des personnalités présumées bénéficiaires de ces édifices bradés de l’État malien a déjà été publiée.
Voici les immeubles bradés de l’État
01 – Monsieur Mamadou Diadié Bah, opérateur économique, acquéreur des bâtiments de l’ex ministère du Développement Social pour un coût de 1.450.000.000 FCFA.
02- Monsieur Mamadou Gamby, commerçant, acquéreur du bâtiment abritant l’Agence d’Aménagement et de Gestion des Zones Industrielles (AZI-SA) pour un montant de 200.000.000 FCFA.
03- Monsieur Amadou Djigué, commerçant, acquéreur de la Direction Nationale de la Géologie et des Mines pour un montant de 114.000.000FCFA.
04- Monsieur Oumar Niangadou dit Petit Barou, opérateur économique, acquéreur de 06 immeubles qui sont la Direction du ministère de la Santé à 453.033.867 FCFA ; la Direction des Affaires Sociales à 453.000.675 FCFA ; l’ex Direction nationale des Industries à 725.815.000FCFA ; l’ex bâtiment de la formation des magistrats à 96.250.000FCFA ; la Direction des Associations historiens de Bamako pour 406.180.560FCFA.
05- Monsieur Oumar Doucouré, commerçant, acquéreur des bâtiments de la Mission d’appui aux réformes politiques pour un montant de 1.293.101.654 CFA.
06- Monsieur Oumar Djiguiba, commerçant, acquéreur des bâtiments de la Direction Régionale du Commerce de Bamako pour un montant de 700.000.000 CFA.
07- Monsieur Daouda N’Daou, pétrolier, acquéreur des bâtiments abritant la Grande chancellerie de Bamako pour un montant de 227.000.009 CFA
08- Monsieur Lah Mohamed Al Gagny, commerçant, acquéreur de la Direction de l’emploi, du travail et de la sécurité sociale de Bamako pour un montant de 1.237.500.000 CFA.
09- Monsieur Mandiou Simpara, commerçant, acquéreur de la Direction nationale des Impôts de Bamako pour un montant de 1.074.167.500 CFA.
10- Monsieur Aboubacar Sacko, commerçant, acquéreur des bâtiments de la Direction Régionale des Douanes pour un montant total de 2.705.609.900 CFA.
11- Monsieur Boubou Niangadou, commerçant, acquéreur du bâtiment de la Division des cadastres et de la propriété Foncière pour un montant total de 500.450.000 CFA
12- Monsieur, Abdramane Sow , acquéreur des deux bâtiments de la maison des Avocats pour un montant total de 355.185.700 CFA.
13- Monsieur Modibo Yaranagoré, PDG de Yara Service, acquéreur de 03 immeubles qui sont le Centre national artisanale et les 02 bâtiments de l’Institut de la Statistique pour un montant total de 1.445.566.000FCFA.
14- Monsieur Bréhima Batilly, pétrolier, acquéreur de l’ex Direction Régionale du Génie Rural pour le montant de 495.000.000FCFA
15- Monsieur, Modibo Diarra, promoteur d’école, propriétaire des logements 1 et 2 de la Direction générale des Douanes pour un montant total de 661.900.000 CFA
Cyrille Coulibaly
Source: Le Nouveau Réveil