Résolution 2480 de la MINUSMA : Ce qu’il faut retenir !
La représentante adjointe spéciale du Secrétaire général était face à la presse. Objectif : expliquer la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation au Mali. La résolution a été adoptée vendredi dernier à l’unanimité, à New York.
Dans sa nouvelle résolution 2480 (2019) qui proroge le mandat de la MINUSMA pour un an supplémentaire, le Conseil de sécurité a exprimé des attentes par rapport à la situation au Mali. Il s’agit de s’adapter et discuter avec les parties maliennes. Cette adaptation, cette mutualisation, cette fédération des efforts, selon la représentante adjointe spéciale du Secrétaire général.
« En adoptant à l’unanimité cette résolution au titre du chapitre VII de la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité a prorogé le mandat de la Mission jusqu’au 30 juin 2020 et maintenu sa priorité stratégique principale consistant à soutenir la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, notamment par le gouvernement et les groupes armés Plateforme et Coordination.Le Conseil a en outre décidé que la deuxième priorité stratégique était de « faciliter la mise en œuvre d’une stratégie malienne globale visant à protéger les civils, à lutter contre la violence intercommunautaire dans le Centre du Mali.Dans la résolution, je vais vous donner plusieurs points qui peuvent être considérer comme des objectifs et des tâches. Commençons par la mise en œuvre de l’Accord. Dans la résolution, le Conseil de sécurité : exhorte le Gouvernement malien et les groupes armés que sont la Plateforme et la coalition Coordination à continuer d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord en prenant d’urgence des mesures substantielles, constructives et irréversibles, et exhorte également les parties maliennes à signer sans délai une feuille de route révisée assortie d’un calendrier clair, réaliste et contraignant, portant sur un nombre restreint de priorités liées aux principaux piliers de l’Accord… »
Le Conseil de sécurité regrette vivement que la mise en œuvre de plusieurs dispositions de l’Accord évoquées au paragraphe 4 de la résolution 2423 de l’année dernière ne soit pas encore achevée, voire amorcée dans certains cas, malgré ses appels répétés dans ce sens ces derniers mois, rappelle le paragraphe 3 de la résolution 2423 (2018), dans laquelle il a manifesté son intention de répondre au moyen des mesures prévues par la résolution 2374 (2017) dans le cas où les parties ne respecteraient pas les engagements pris dans la Feuille de route adoptée le 22 mars 2018 selon le calendrier établi, selon la représentante adjointe spéciale du Secrétaire général.
« Pour moi, il y a cinq tâches si vous voulez. Et pour me rappeler de cela, j’utilise les lettres CDDDW. C pour la constitution et la réforme institutionnelle, D pour décentralisation, D pour développement en référence à la zone de développement du Nord et D pour défense et sécurité parce qu’il y a quelque chose dans la résolution sur le redéploiement des Forces maliennes de défense et de sécurité et W (Women) pour moi c’est l’inclusion des femmes, ça peut être F ou W. J’aimerais revenir sur les deux priorités stratégiques et préciser plusieurs choses sur le Mandat de la MINUSMA. Le mandat reste une mission de stabilisation et dans cette mission de stabilisation, il y a deux grands objectifs comme je l’ai déjà mentionné. La première priorité stratégique de la MINUSMA comme mentionné plus haut, va rester le soutien à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation… »
Pour insister sur la première priorité qui est la mise œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, pour moi, nous devons compléter le travail. Les gens ont pris des engagements, il faut les respecter. Il ne faut se laisser distraire. Je vais insister davantage sur les 5 tâches ou objectifs si je peux m’exprimer ainsi pour résumer les différents éléments que je viens de mentionner plus haut. Il y a la réforme constitutionnelle, le redéploiement des forces armées maliennes après une formation des ex-combattants ; il y a la mise en œuvre du programme de développement dans le Nord ; il y a ce qui va soutenir la décentralisation dans le pays, c’est-à-dire, donner aux collectivités les fonds qu’il faut. Et finalement il y a un appel à une meilleure représentation des femmes dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et de réconciliation. Nous allons continuer à travailler avec les parties signataires et il faut accélérer en attendant une nouvelle feuille de route et nous sommes à l’attente de cela.
Ce qui est nouveau est que la deuxième priorité qui concerne le Centre serait de venir en appui au Gouvernement et au peuple malien », dit-elle. Il y a aussi beaucoup de références à la protection des civils, protection des femmes, protection des enfants et il y a un appel à combattre l’impunité. Pour moi, c’est comme un fil conducteur qui est partout dans la résolution, tout ce qui est protection et droits de l’homme, ajoute-elle.
En revenant à la question du Centre, le rôle de la MINUSMA serait de venir en appui à une approche, à une stratégie, à des actions maliennes. C’est-à-dire que nous ne pouvons pas nous substituer à l’Etat et au peuple malien. Je crois que cette résolution va nous donner une impulsion pour mieux faire, pour agir peut-être plus vite, à nous permettre de nous adapter et voir si nous avons des effectifs dans un endroit particulier au Mali et nous aurons besoin de nous renforcer dans le Centre. Je dois aussi préciser que le Conseil de sécurité ne nous donne pas plus d’effectifs. Nous allons rester avec près de 15 000 personnes en uniforme dont quelques 13 000 militaires et le reste des policiers. C’est là où on devrait s’adapter pour maitriser les attentes. On a les mêmes effectifs et on doit faire plus avec. Cela renforce l’importance de mutualiser nos efforts, les efforts de tous les partenaires comme Barkhane, le G5 Sahel et bien sûr les Forces sécurité et défense maliennes. Nous avons aussi un nouveau budget qui vient juste d’être adopté et là aussi, nous n’avons pas plus de ressources. Nous avons un peu plus moins que l’on demandait à l’Assemblée générale. Mais nous devons prioriser et adapter. Dans le langage sur le Centre, je précise que le Conseil de sécurité a parlé d’un axe politique du gouvernement malien. C’est-à-dire, le centre de la Stratégie doit être basé sur la politique. Ce qui va de même avec la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, c’est pourquoi on parle souvent de la primauté du politique dans notre travail. C’est la politique qui est au centre, soutenue par les autres volets, c’est-à-dire le développement, la sécurité, justice, etc. la politique reste donc au centre de l’approche.
« Le Conseil de sécurité engage la MINUSMA à poursuivre les efforts visant à faciliter le rétablissement de la présence et de l’autorité de l’État ainsi que des services sociaux de base dans le centre du Mali, notamment en aidant les autorités maliennes à atténuer les tensions intercommunautaires, à redéployer les Forces de défense et de sécurité maliennes, à assurer une protection efficace, dynamique et intégrée des civils et à lutter contre l’impunité, et engage également la Mission à renforcer ses activités de communication pour souligner le rôle des autorités maliennes et les responsabilités qui leur incombent en matière de protection des civils, tout en sensibilisant le grand public à son rôle et à ses limitations à elle. Je viens de rappeler que nous aurons les mêmes moyens en termes d’effectifs mais budgétaires ».
La résolution 2480 demande également au Secrétaire général de mener dans six mois c’est-à-dire en fin décembre, une « évaluation approfondie de la situation dans le Nord et le Centre du Mali et de la configuration de la Mission en ce qui concerne la mise en œuvre de sa priorité principale et de sa deuxième priorité stratégique » notamment la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation et notre soutien à une stratégie malienne pour stabiliser le Centre.
Zan Diarra
Soleil Hebdo