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RÉSEAUX SOCIAUX AU MALI : LES ÉLITES POLITIQUE ET RELIGIEUSE PRISES AU PIÈGE

Pour ne pas prendre le risque d’attirer la foudre des internautes, certaines élites maliennes n’hésitent plus à adopter la politique de la carpe (silence). D’autres remuent plusieurs fois la langue pour décider ou parler.S’il y’a une chose qui perturbe le sommeil de certains dirigeants politiques et religieux du Mali, c’est bien le phénomène des réseaux sociaux. Quasiment vielle, l’élite malienne aux antipodes du phénomène des réseaux sociaux se voit dépasser voir piéger par une nouvelle race de jeunes fabriquée par ce nouveau moyen de communication. Assistant à la dégringolade de leur popularité au sein de l’opinion avec l’utilisation accrue des réseaux sociaux par les jeunes, certaines personnalités politiques et religieuses ont décidé d’exprimer publiquement leur désamour et leur indignation à l’égard des internautes.
La hante des internautes
L’avènement des réseaux sociaux est accueilli par la quasi-totalité de la jeunesse active du Mali comme du pain béni. La preuve, elle semble déserter les canaux traditionnels de communication pour trouver refuge sur Facebook, tweeter et autres.
Et cette nouvelle orientation des jeunes vers les réseaux sociaux a produit une race de jeunes qui s’intéressent de plus en plus à la gestion politique et sociale de la cité.
Réseaux sociaux comme laboratoire de nouveaux types de jeunes
Il n’y a pas longtemps, la passivité de la jeunesse malienne face à la gestion des affaires publiques était mise en relief par les hommes politiques dans leurs discours et les religieux dans les prêches. Aujourd’hui l’analyse est tout autre. Les réseaux sociaux comme Facebook, tweeter, viber sont passés par là. Toute chose qui a permis de démocratiser la parole et à favoriser l’expression libre des jeunes.
En effet, ils ont contribué à donner plus d’audience et plus de crédibilité à cette jeunesse qui auparavant ne se regroupaient qu’autour des tasses de thé pour discuter de tout sauf les questions concernant la vie de la nation. Autre temps autre mœurs, les jeunes n’hissent plus à se prononcer sur les tares de la gouvernance politique voir des prises de positions des leaders religieux. Lesquels leaders religieux dont les propos n’étaient pas sujet à commentaire.
Conflit de générations
Face donc à une élite politique et religieuse absente sur les réseaux sociaux, parce que ne sachant pas forcement échangé de SMS par le biais des téléphones intelligents « Smartphone », une race de jeunes activistes, révolutionnaires, rebelles a pris le contrôle de ce nouveau moyen de communication qu’est le réseau social. Et l’élite se voit donc piéger et obliger de prendre en compte les critiques et les points de vue de ces nouveaux citoyens qu’elle considérait encore comme ses obligés dans la pensée.
De l’avis de certains observateurs, ce gout effréné de la jeunesse malienne pour les réseaux sociaux s’explique par le fait qu’elle se sentait censurer ou même canaliser par les promoteurs des radios et des télévisions. Et d’autres de poursuivre, que la plus part des radios et des télévisions sont créées sous la bénédiction soit des politiques ou des religieux. Du coup la ligne éditoriale est bien définie c’est-à-dire la jeunesse qui voulait prendre la parole devrait orienter sa réflexion et ses critiques selon le bon vouloir de l’homme politique ou religieux.
Tentative de musèlement
Essuyant impuissamment les critiques parfois virulentes de certains jeunes sur les réseaux sociaux, des leaders politiques et religieux ne ratent pas d’occasions pour exprimer publiquement leur désamour à l’endroit des amateurs de ce nouveau canal de communication. Aucune personnalité n’étant pas à l’abri des critiques sur les réseaux sociaux, les pouvoirs politiques tentent désespérément à séparer les jeunes de cet outil de rassemblement et d’expression populaire.
Pour preuve, à la suite de la manifestation de soutien à Ras Bath qui a dégénéré en heurt avec la police le mercredi 17 août 2017, l’accès aux réseaux sociaux a été coupé afin d’empêcher tout rassemblement et toutes contestations. Pour contourner ce dictat, certains jeunes n’ont pas hésité à télécharger un VPN pour débloquer le système. Même si par la suite les autorités ont nié leur responsabilité.
Comme si cela ne suffisait pas, certains leaders religieux n’hésitent plus à appeler publiquement à la censure des internautes. Le rassemblement des leaders religieux à la grande mosquée de Bamako pour dénoncer les dérives sur les réseaux sociaux en 2017 est passé par là.
« Ils seront identifiés traqués et tués s’ils n’arrêtent pas d’insulter nos leaders sur les réseaux sociaux » se sont entre autres menaces qui ont été proférées par des jeunes leaders religieux lors de cette rencontre à la grande moquée pour dénoncer les dérives auxquelles nous assistons sur les réseaux.
A l’époque, certains observateurs ont justifié ce rassemblement des leaders religieux dans la grande moquée, par le fait qu’à la veille, les fans du célèbre chroniqueur Ras Bath et du très respecté prêcheur Seid Ousmane cherif Madane Haïdara sur Facebook se sont clachés sur les réseaux sociaux par vidéos interposées.
En outre, les internautes ne s’étaient pas fait prier pour également intervenir sur l’affaire Suisseweleaks qui épinglait certains responsables de l’église catholique malienne.
Comment trouver donc le juste milieu, pour préserver le droit des internautes à l’utilisation des réseaux sociaux en tout lieu et en toute circonstance sans interruption et la préservation de l’honneur et la dignité des dignitaires du Mali ? En attendant, la méfiance reste totale entre l’élite et les gouvernés sur l’utilisation de ce forum social.
Oumar B. Sidibé

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