ACTUALITÉSMonde

Report de la présidentielle au Sénégal : Macky, sur le fil du rasoir !

Meguetan Infos

« J’ai signé le décret du 03 février 2024 abrogeant le décret  du 26 novembre 2023 fixant la présidentielle au 25 février 2024. J’engagerai un dialogue national ouvert, afin de réunir les conditions d’une élection libre, transparente et inclusive ». Ces propos gravissimes de  M. Macky Sall, prononcés lors de  son discours à la nation, le samedi 03 février 2024, ont provoqué  un émoi chez la classe politique sénégalaise. Mais aussi, à l’extérieur du pays. Tant, ils surviennent à quelques heures seulement  de l’ouverture de la campagne électorale pour le scrutin présidentiel pour lequel devaient concourir vingt candidats. Mais  problème : les dispositions constitutionnelles  ne permettent pas  au président sortant de décider de ce report.  Alors, qu’est-ce qui motive sa décision lourde de conséquences sociopolitiques ?

Une chose est certaine, les sondages mettaient en mauvaise posture le  dauphin désigné  de Macky, Amadou Ba. Afin d’éviter à  celui-ci et  son camp politique une probable défaite,  le Président sénégalais n’aurait  eu d’autre choix que de procéder à l’arrêt du processus électoral. Or,  en annulant le scrutin présidentiel,  prévu le 25 février  au prétexte de graves dysfonctionnements dans le processus électoral, Macky Sall est en train de  précipiter  son pays dans une rupture constitutionnelle inédite. C’est l’avis  d’une quantité  d’observateurs et d’analystes qui estiment  qu’en agissant ainsi hors de tout cadre constitutionnel, le Président commet incontestablement  un  coup d’Etat Institutionnel  qui lui permettrait  de se maintenir au pouvoir au-delà du 2 avril, qui marque la fin de son mandat.

Toutefois,   l’argumentaire du président sortant  se base  sur  l’existence d’un « différend entre l’Assemblée nationale et le Conseil Constitutionnel,  sur « fond d’une supposée affaire de corruption de juges ». Mais, il y a juste quelques années, c’est  Macky Sall lui-même qui avait tranché en affirmant qu’il n’y a pas  de  disposition  constitutionnelle qui permet au président en fonction de reporter la date d’une présidentielle. En ce  temps, il estimait  même que ça  serait  une fiction  de croire que le Chef d’Etat sénégalais dispose d’une telle prérogative. Pourquoi donc, il  ne s’est  pas  offusqué de se dédire le samedi dernier, en  faisant  de  la  fiction une réalité.

De toute façon, Macky  peine à convaincre  ses opposants. Qui  l’accusent d’avoir  tout  simplement fomenté un coup d’Etat institutionnel pour se maintenir au pouvoir. En effet, ces derniers  soupçonnent le président sortant d’avoir ajourné la présidentielle, pour la simple raison que son dauphin désigné, contesté dans ses propres rangs, ne ferait  pas le poids face  au  candidat anti-système Bassirou Diomaye Faye. Dont la candidature  avait été validée par le Conseil constitutionnel,  en dépit du fait  qu’il soit emprisonné depuis 2023.  Ce dernier  se serait imposé ces dernières semaines comme un postulant crédible à la victoire, un scénario cauchemar pour le camp présidentiel.

Quoi qu’il en soit, vu  l’extrême  gravité de la décision  du Chef de l’Etat  sortant, reportant  sine die le  scrutin présidentiel, le Sénégal est un pays  qui  basculera  en Transition à partir du 02 avril prochain.  Une situation  qui  mettrait  Macky Sall sur un fil de rasoir. Car  ses opposants se battraient âprement pour lui contraindre  de quitter ses fonctions.

 

Gaoussou Madani Traoré

Le Pélican

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page
Open

X