Réponse du président de la République IBK : “Le Mali, c’est Tout !”
Le président de la République a renouvelé sa confiance au Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga dont il a salué le parcours politique, la dédicace à la nation malienne et l’humilité et la tendance à l’inclusivité entre autres qualités.
Monsieur le Premier ministre, j’ai suivi attentivement, votre déclinaison de ce qui est notre vision commune, que vous avez la lourde responsabilité de mettre en musique. Ce n’est pas le rêve d’un Mali grandiose éthéré, mais il s’agit pour l’essentiel d’actions identifiées, déjà étudiées ou sur le point d’être achevées, d’être étudiées, dont les financements également sont ou acquis ou sur le point de l’être, bref c’est la préfiguration de ce qui va être à partir de janvier 2019.
C’est bien pour ça que nous avions dit sans prétention saugrenue que le Mali, notre pays avance. Le constat si l’on veut être de bonne foi est d’évidence, ce n’est pas tant parce que nos amis des institutions de Bretton Woods, Banque mondiale, Fonds monétaire international l’ont attesté, que chacun également pour peu qu’il s’en donne la peine est capable de le mesurer au quotidien.
Monsieur le Premier ministre, vous êtes arrivé dans des conditions difficiles, singulières, j’ai failli dire scabreuses. Militant, compagnon de route, ce n’était pas pour vous surprendre quand nous avons souhaité que vous veniez à nos côtés assumer une période qui s’annonçait particulièrement sensible et difficile.
C’était le temps où de bonne foi, certains nous inclinaient à abandonner cette perspective, l’élection, et de plutôt nous engager ici et maintenant dans la voie d’une transition politique. Oui, il est vrai que la transition politique était le vœu de pas mal de mes compatriotes parmi les plus éclairés, mais nous voudrions simplement dire qu’il appartenait conformément à notre mission, à notre dédicace démocratique, fondamentale de faire en sorte que l’échéance démocratique convenue soit tenue, et cela dans les règles de l’art.
Vous l’avez dit, révision exceptionnelle des listes électorales, audit du fichier électoral dans les conditions maintenant historiquement connues, tout cela avec une patience que chacun devrait vous reconnaître, sans compter, je suis allé en raccourci, que d’entrée en fonction vous avez tenu à vous rendre avec une grande humilité en les sièges de toutes les organisations politiques et associatives et syndicales.
Je crois que l’UNTM a dit que c’était la première visite d’un chef de gouvernement au siège de leur organisation syndicale. Première, cela est de constat avéré, tout cela pour créer les conditions d’une inclusivité à laquelle nous tenons comme à la prunelle de nos yeux et à laquelle vous croyez, cela nous a amené, à nous ouvrir et à accepter qu’en soient tous ceux qui ont voulu en être, des observations internationales et nationales, certaines ONG ont été créées ad hoc, pour autant, elles ont eu droit de siège et de participation.
La nation malienne et vous-même avez accepté toutes les remarques, même quelques fois celles à la limite désobligeantes quand certains ont voulu nous faire la leçon et qui fort heureusement avec élégance et brio ont été promptement et très correctement rappelés à la bienséance. Le Mali n’est pas un pays de non droit, le Mali n’est pas un Etat sauvage, le Mali n’est pas un ignorant des lois et des règles internationales. Ces rappels ont eu leur effet, préséance a été respectée, l’élection s’est tenue conformément à ce qui était prescrit par notre Loi fondamentale en le temps convenu.
Chacun avec un vouloir inégal mais un vouloir quand même en a été, et jusqu’au bout, et les voies de droits régulières, sollicitées ont été de mises et le juge constitutionnel a dit le droit.
Et nous pensions être quittes, nous pensions la démocratie malienne à hauteur de dignité et d’honneur et à l’abri de ce que hélas nous rencontrons souvent maintenant sur notre continent dont notre pays par son Histoire, par son génie propre, par ses références démocratiques, aurait pu faire l’économie. Que non !
Dans le temps même où nous espérions que notre peuple au sortir de cette période électorale comme un seul homme comprendrait que sa seule mission qui vaut d’être conduite est celle du développement dans la vision que vous venez de décliner pour faire du Mali un pays enfin contemporain de son siècle, ce qui est conforme à son Histoire, à sa vocation, à sa dignité, l’on a pensé, l’on a voulu nous engoncer de manière virtuelle dans une crise qui n’existe pas.
Il n’y pas de problème entre le président de la République élu et aucun citoyen malien. Il y a peut-être un problème entre certains citoyens maliens et l’Etat de droit du Mali, et le droit du Mali, et le reste de la population du Mali en termes de respect de cette population-là, de son droit à l’expression souveraine de ce qu’il souhaite et qui doit être respecté. C’est cela. Il est temps, il est bon, il est de l’intérêt du pays que l’on en vienne un peu à cette juste appréciation des choses, et que l’on évite de toujours personnaliser.
Il n’y a de problème entre IBK et personne. Certains ont des problèmes avec eux-mêmes, leur conception du droit et du respect des autres, et qu’il serait bienvenu pour eux de revenir à une appréciation plus humble de la situation, et que quand je dis au sortir de l’élection présidentielle, je n’ai pas de mérite de le dire d’ailleurs, que ma main est tendue, elle l’est, elle le demeure !
Ma main est tendue mais si elle rencontre le vide…! Oui ma main est tendue ! Je pense qu’il faut qu’on avance. Le Mali n’est pas l’apanage de quelques-uns, le Mali n’est pas le monopole de quelques-uns. La tâche Monsieur le Premier ministre est grandiose, exaltante, elle s’offre à tous les fils du pays, à toutes les filles du Mali. Nous sommes là, fédérateurs, rassembleurs, au service du Mali pourvu que l’on veuille en être. Tous ceux qui veulent en être en seront !
Je n’ai pas été mis en mission par les millions de Maliens pour servir quelque parti que ce soit, même pas un ensemble de partis, je sais gré à tous ceux qui m’ont accompagné, mais je suis d’abord au service du peuple malien. Et, mon honneur et ma dignité seront de conduire mon action en ne l’oubliant jamais, à chaque seconde, savoir que je suis au service de ce peuple-là, qui est exigeant en matière de dignité, d’honneur et de qualité humaine.
Monsieur le Premier ministre vous avez bien compris que mon souci premier c’est ce peuple-là, que très tôt nous avons décidé de servir. Très tôt, on oublie souvent que dans ce pays, nous fûmes de tous les combats fondateurs, nous n’étions pas absents, nous ne sommes pas des venus de la 25e heure dans le combat démocratique. Non, il y a des biographies nouvelles que je découvre, oui, mais cela aussi est heureux, ça aussi nous l’avons souhaité, que tout le monde vienne et qu’on avance ensemble.
Je crois que notre pays aujourd’hui Monsieur le Premier ministre est à sa place dans le concert des nations. Monsieur le Premier ministre, nous devions dire notre fierté le 11 novembre 2018 sous l’Arc de Triomphe face à la tombe du soldat inconnu car nous nous sentions à notre place, ayant été du combat pour la liberté, ayant été dans le combat de l’honneur qui a valu l’érection de cette place du souvenir honoré ce jour par 145 chefs d’Etat et de gouvernement, nous étions là, signifiant le Mali, pas notre personne mais le Mali.
Je le dis, je le pense très profondément aucun de nous ne vaut le Mali. Le Mali vaut Tout ! Qu’on le comprenne simplement et que l’on sache que vous et moi, commis nous l’avons été par ce peuple, nous n’avons pas d’autres ambitions que de faire avancer ce pays, de faire que la misère soit moins grande, que le quotidien soit moins pénible. La plaine est ouverte, le pays de providence, la nature est fabuleusement riche et étendue, riche dans son sous-sol, riche dans sa culture, en ses promesses.
Dès lors Monsieur le Premier ministre, la tâche qui revient aux filles et aux fils du Mali, c’est quoi ? S’unir pour faire ce Mali là ; s’unir pour nous acquitter de notre devoir de génération, l’imposture n’avance à rien, n’avance personne, et surtout ne nous donne aucun complexe à vous et à moi, aucun, et nous continuons notre travail avec les fils et les filles de ce pays, de bonne volonté qui se sentent Maliens et qui voudront continuer à servir le Mali au quotidien de toutes leurs forces et de toute leur âme.
Je pense qu’ici, aujourd’hui, tout ce qui a été dit sera entendu par notre peuple aux aguets, qui a souci que son quotidien soit moins lourd. Et là je l’ai senti, je l’ai apprécié dans l’effort de justice auquel vous avez taché d’atteindre notamment en rehaussant les revenus les plus faibles de manière significative et en procédant aux ajustements nécessaires pour que notre peuple soit chaque jour plus solidaire en son sein et que les grandes poches de misères se réduisent. C’est également le sens des grands chantiers.
Je ne sache pas de pays qui se soit développé où les travaux à haute intensité de main-d’œuvre n’ont pas été aidés, tous ceux-là que vous appelez vont y participer. Et, vous avez vu Monsieur le Premier ministre, l’accueil fait par la salle à la Grande cité de la culture. Nous sommes un pays de culture, nous sommes un pays de connaissance, nous sommes uniques de savoir. Ce Mali de demain doit être à l’image de ce qu’il fut hier.
Je pense que, monsieur le Premier ministre, nous sommes à 100 jours, il n’est pas question de faire un bilan, je pense que vous avez quand même mis l’eau à la bouche de beaucoup de Maliens aujourd’hui ! Et, le mois de janvier va être scruté, je vois que les artisans sont déjà prêts à relever le combat de la commande nationale. Dans chacun des domaines que vous avez abordés, vous avez créé l’espoir, vous avez dit ce qui est en train d’être fait et c’est cela qui est attendu de nous, pas que nous nous complaisions dans des jouxtes stériles, nous faisons, nous avançons.
Monsieur le Premier ministre, il y a un aspect sur lequel vous ne vous êtes pas beaucoup appesanti auquel je sais que vous prêtez l’attention qu’il faut. Vous avez dit que la mutualisation de nos efforts en matière de défense était aujourd’hui indispensable, ce sont les temps qui veulent cela. Nous avons le devoir de sécuriser nos parents, nous n’en dormons pas. Chaque innocent qui tombe, chaque Malien qui tombe nous est une douleur réelle, sensible, physique.
Et nous avons donc devoir et mission de tout mettre en œuvre pour que chaque jour soit davantage sécurisé notre peuple, aux fins qu’il se dédie à sa seule mission de développement, pourquoi jamais nous ne ferons assez pour l’encouragement et le soutien à l’initiative privée parce que l’Etat a objectivement atteint ses limites en capacité de production, en capacité d’emplois et habilités d’emplois, ceux qui peuvent le faire doivent être aidés, soutenus et encouragés, et nous le ferons.
Nous avons haussé et rehaussé c’est maintenant un acquis national malien, il paraît que nous sommes mauvais exemple au plan africain parce que nous aurions fait du zèle d’augmenter de 10 % à 15 % le budget de notre agriculture. Oui nous avons pensé que le socle de notre développement, l’agriculture, avait besoin de ça, et nous n’avons pas investi en vain, nous avons fait avec des résultats. Ce qui a été obtenu cette année sur le fonds du coton nous a honorés. Nos céréales seront à la hauteur. Nous avons également pensé que nos cultivateurs soient encouragés, il fallait soulager d’où notre choix des tracteurs, la mécanisation, que nous allons pousser encore, Monsieur le Premier ministre, je vous y invite.
Nous avons besoin que notre terre soit mieux cultivée, soit plus cultivée et dans les conditions physiques mieux supportables et je crois que cela est d’intérêt national évident. Monsieur le Premier ministre, nous avons parmi les missions à vous confier, ces réformes institutionnelles sur lesquelles beaucoup a été dit souvent avec peu de science mais des subtilités, on vous a parlé des intentions, on a dit des choses, mais c’est tellement plus simple dans un pays comme le Mali, un pays de foi, un pays de religion, chacun devrait s’honorer à chérir la vérité, à aimer la vérité, seule la vérité est divine. Perturber la cité n’est pas conforme à la volonté de Dieu. Aucune haine, anti-personnel, ne devrait pouvoir justifier cela.
IBK n’est qu’un mortel, on peut ne pas l’aimer mais dans le temps qui lui est imparti qu’on le veuille ou non on sera obligé de le voir. Parce que Celui qui est aux commandes, c’est Lui qui décide.
Donc de grâce, mes frères, venez qu’ensemble, nous bâtissions le Mali. Venez qu’ensemble nous sortions des postures et des attitudes peu porteuses, que nous ayons un peu pitié, de la compassion pour le Mali, en nous oubliant un peu. Chacun de nous est important, très important, mais que vaut chacun de nous, aucun de nous par rapport au Mali ? Rien ! Le Mali, c’est Tout ! Donc ce Mali là et auquel chacun de nous veut du bien j’en suis convaincu. J’invite chacune et chacun, 100 jours c’est rien, tout reste à faire, comment voulez-vous que nous restons esseulés moi par rapport à ça, non, venez qu’on avance !
C’est à nous tous, c’est notre mission et nous serons demain comptables de ce que nous allons faire de ce Mali-là, s’il vous plaît ! Que chacun sache, ma porte demeurera ouverte en tant qu’aîné de la Nation sans être le plus ancien, en tant qu’aîné également de certains physiquement aussi, oui ce sont mes jeunes frères, donc qu’ils viennent, qu’ils disent au grand frère ce qu’ils pensent et le grand frère leur dira ce qu’il pense et nous avancerons. Mais à cause d’Allah ayez pitié du Mali, on a perdu beaucoup de temps maintenant.
Merci !