La levée de si lourdes sanctions infligées à notre pays de façon aussi légère doit-elle inciter les autorités maliennes à la vigilance ? A davantage de prudence ? En tous les cas, elles feraient mieux d’envisager la perspective avec plus de clairvoyance et de pragmatisme. Car, loin de s’améliorer, les relations restent au contraire tendues entre Bamako et Paris, qui prouve au fil du temps que nos organisations sous-régionales et régionales lui obéissent au doigt et à l’œil.
En effet souhaitée et attendue, la levée des sanctions infligées au Mali depuis le 9 janvier 2022 devrait faire plaisir pour des raisons évidentes. Éprouvées par les surenchères et les pénuries, les populations espèrent avec la fin de ces sanctions la disponibilité de certains produits de première nécessité et à portée des bourses, à défaut d’un difficile retour au statut quo ante à cause de l’impact de la crise russo-ukraino-occidentale.
Toutefois, attention ! Vérités d’ici et d’ailleurs, vérités de toujours : prudence est mère de sûreté et gouverner, c’est prévoir. En raison des circonstances clair-obscur qui ont entouré la décision communautaire envers notre pays, les autorités compétentes devraient désormais surveiller avec plus de rigueur les mouvements au niveau des frontières si les sanctions étaient enfin levées. Avec tous les moyens qu’il faut pour ce faire ! Les chevaux de Troie pourraient traverser ces frontières et venir renforcer les capacités de nuisance des 5èmes colonnes sur place.
Ces sanctions sont les plus paradoxales infligées par une organisation à un de ses membres fondateurs. Paradoxales, parce qu’à la fois lourdes et …légères ! Lourdes, car disproportionnées par rapport aux griefs reprochés. Quoi de plus inhumain que d’isoler un pays déjà enclavé pour l’étouffer davantage en lui fermant l’accès à ses débouchés ! Une mesure excessive car prévue par aucun texte de la Cedeao !
Légères parce que, outre qu’elles violent les textes communautaires, ces sanctions sont dénuées de tout fondement légitime. Violant ses propres textes, l’UMOA au même moment gèle les avoirs du Mali à la Bceao et suit la Cedeao dans ses dérives, de surcroît dans un pays non membre de l’Union monétaire. Même sommée par la Cour de justice communautaire de revenir sur sa décision, elle continue de faire la sourde oreille pendant que notre pays accumule les échéances de ses obligations financières vis-à-vis de ses partenaires.
Voudraient-elles achever par euthanasie un frère déjà affaibli par plus d’une décennie de maladies de toutes sortes que ces organisations sous-régionales ne s’y prendraient pas autrement.
Mais l’évidence, qui n’a échappé à personne, est que l’acte fratricide leur a été tout simplement dicté par leur mentor, la voix du jour des multinationales détentrices des richesses du monde : Messire Macron ! Celui dont l’onction leur est indispensable pour se faire élire, réélire et s’éterniser au pouvoir.
Le crime du frère malien est d’avoir décidé de changer son vrai faux médecin traitant, dont le comportement devenait de plus en plus bizarre, pour recourir à un autre. Le casus belli. Le faux toubib, atteint dans ses intérêts et son ego, prend alors ses cliques et ses claques pour s’installer juste à côté, dans les familles voisines. Histoire de garder l’œil sur ce patient rebelle et de continuer à agir de sorte que les relations ne s’améliorent plus entre peuples et Etats frères !
Le cheval de Troie
Ceux qui parlent et agissent au nom du grand corps malade et leurs nouveaux alliés sont traités de tous les noms d’oiseaux. Même nos braves Famas ne sont pas épargnées par ces drôles d’amis. Leur nouvelle trouvaille ? Les violations des droits humains que s’efforcent à dénoncer certaines ONG et la Minusma dans ses ridicules rapports. Avec le précieux concours d’une certaine presse. C’est sous un tel prisme déformant qu’est vue chaque victoire de l’armée malienne sur les mercenaires terroristes!
Si les sanctions étaient levées dans une telle atmosphère, le moindre des réflexes ne serait –il pas d’ouvrir grand les yeux sur chaque millimètre carré ? Et passer au scanner tout ce qui pénètre sur le territoire. Un moyen sûr d’éviter les mauvaises surprises, genre cheval de Troie.
Dèbè Tall
Source: Le Challenger