Reconstitution de l’assassinat de Thomas Sankara
Dans son livre Il s’appelait Sankara, feu Sennen Andriamirado ex-journaliste à Jeune Afrique et ami de Thomas Sankara, nous livre les péripéties de la mort de ce dernier le 15 octobre 1987. Après plusieurs mois d’enquêtes, Sennen a pu enfin regrouper les pièces manquantes du puzzle en 1989, deux ans après l’assassinat du chef historique de la Révolution burkinabé.
Meurtre au Conseil
Le jeudi 15 octobre à 16 heures, Thomas Sankara est attendu au « Conseil de l’Entente » où il a réuni ses propres conseillers pour peaufiner le Code de conduite qu’il va proposer le soir-même à 20 heures au Conseil national de la Révolution (CNR). Il téléphone à sa femme Mariam – « des banalités » dira cette dernière – et quitte sa résidence. Il ne sait pas encore qu’au même moment le Capitaine Ousseini Compaoré a été arrêté à son domicile par des hommes de Blaise Compaoré et qu’un commando a déjà pris le contrôle de la radio.
A 16 heures 15, le président arrive au Conseil de l’Entente, sort de sa Peugeot 205 noire et se dirige vers le Pavillon Haute-Volta où doit se tenir la réunion. Des rafales de kalachnikov fauchent son chauffeur et l’un de ses gardes du corps. Des para-commandos venus de Pô –dont Blaise est le patron – pour relever la garde du Conseil de l’Entente, attendaient le président pour l’abattre. Sankara, suivi de ses gardes commencent à riposter contre les assaillants embusqués. Sankara se relève et dit à ses compagnons : « restez, restez, c’est moi qu’ils cherchent. » Il se prépare à sortir l’arme à la main quand une grenade offensive est lancée dans le Pavillon. Le président est légèrement blessé mais arrive encore à abattre l’un de ses agresseurs. Un autre l’achève d’une rafale de kalachnikov. Il est 16 heures 30.
A 18 heures, Blaise Compaoré arrive sur les lieux. « J’étais couché parce que j’avais le palu », dira-t-il. Mais il dira aussi : « J’ai cru qu’on attaquait ma villa [il loge parfois au Pavillon Côte d’Ivoire du Conseil de l’Entente] et j’ai pris mon arme pour me défendre. » Et il dira encore : « Quand j’ai entendu des coups de feu, j’ai dit à mes hommes de prendre leur position de défense. » bref, il est venu sur les lieux, une heure et demie après le meurtre. Il ordonne d’enlever les corps – treize morts dont le président– et de les enterrer au cimetière de Daghnoën. […]
Par Sennen Andriamirado
Source : Le Pays