Rebondissement dans l’affaire des lesbiennes : Le Chef BR du 5ème arrondissement relevé et poursuivi pour “tentative de corruption d’un magistrat”
Par Aujourd'hui-Mali
L’affaire dite des “lesbiennes”, pendante devant le Tribunal de grande instance de la commune IV du district de Bamako depuis quelques mois, vient de connaitre une nouvelle tournure. En effet, dans une note publiée sur sa page Facebook, le Parquet de la commune IV annonce des poursuites contre le chef de la Brigade de recherches du Commissariat de police du 5ème arrondissement pour, semble-t-il, tentative de corruption d’un magistrat dans l’exercice de ses fonctions. En plus, un opérateur économique de la place, qui a remise l’argent au chef BR en question, est activement recherché.
La note rappelle qu’il y a quelques mois, suite à un vocal largement partagé sur les réseaux sociaux, le Parquet avait ouvert une enquête ayant abouti au démantèlement de plusieurs réseaux de proxénétisme, de débauche et autres actes sexuels impudiques commis par des jeunes gens, hommes et femmes, d’un certain milieu social. Et d’enchainer que plusieurs personnes ont pu être interpellées grâce à des dénonciations anonymes et à l’aide de certains milieux de religieux et de prêcheurs bien connus. Ainsi, des maisons et appartements meublés servant de lieux d’exercice de ces actes ont été fermés entre Lafiabougou, Sébénicoro, Hamdallaye ACI, Sotuba ACI et Golf. “Les personnes poursuivies ont été jugées et condamnées à des peines clémentes pour la plupart afin de faciliter leur réinsertion sociale et de les aider à se libérer de cette voie de délinquance. D’autres, eu égard à leurs trop grandes responsabilités dans l’organisation et l’entretien du phénomène à Bamako, purgent encore leurs peines de prison”, peut-on lire dans la note. Parmi ces affaires, poursuit la note, une a le plus défrayé la chronique, notamment celle du vocal médiatisé concernant trois personnes sur lesquelles deux ont pu être interpellées, poursuivies, mises en détention provisoire, avant de bénéficier d’une mise en liberté.
L’enquêteur enrôlé
Selon le Parquet, leur dossier est en cours de jugement. D’ajouter que la 3ème personne qui n’avait pu être arrêtée, pour raison de voyage, a été interpellée la semaine dernière à son retour au pays, suite à une dénonciation aux enquêteurs.
A en croire le Parquet, l’égalité de traitement des justiciables voudrait, pour les mêmes faits et avec manifestement, à écouter le vocal et à lire son audition dans laquelle elle reconnaît avec des détails précis les faits, une responsabilité plus pointue dans leur commission, qu’A.K subisse le même sort que les deux premières. Alors, elle a été poursuivie et mise en détention provisoire, mais, précise la note, avant que cela ne soit, un impair avait lieu. “C’est que la jeune dame ou ses parents ont pu enrôler l’enquêteur, notamment le chef de la Brigade de recherches qui l’a interpellée et auditionnée. Ils lui ont donné de l’argent, 2 millions Fcfa, pour remise au substitut qui suivait le dossier, comme tous les dossiers de cette nature depuis des mois. Le chef BR se rendait alors au bureau du magistrat avec l’argent afin d’obtenir que la jeune dame ne soit placée en détention. C’est là qu’il a été immédiatement interpellé à son tour au Parquet, entendu sur procès-verbal d’enquêtes de parquet par le 1er substitut, avant que des poursuites ne soient engagées contre lui et l’argent mis sous scellé”, renchérit la note.
Informé, poursuit la note, son commissaire s’est rendu immédiatement au Parquet en compagnie du commissaire d’un autre commissariat de Bamako et tenant compte des rapports de collaboration, il a été poursuivi non détenu. Cependant, il a été relevé de ses fonctions de chef BR par son commissaire.
Tentative de falsification des faits
A en croire le Parquet, c’est à cause de cet impair mettant mal à l’aise parce qu’il s’agit tout de même d’un de ses agents, qui est en faute, que le Parquet n’a pas voulu communiquer sur cette interpellation. Mais, manifestement, des gens voudraient falsifier les faits et les présenter sous un angle où la fautive présumée serait victime d’injustice. La justice doit être équitable. “Vous êtes 3 impliquées dans la même affaire alors à responsabilités égales ou partagées, vous devrez subir le même sort. Ensuite parce qu’il a été tenté de fausser ce traitement égalitaire par l’argent, ce qui a échoué grâce à la vigilance du magistrat poursuivant, alors on veut faire croire que c’est parce que ce magistrat-là, aurait reçu de l’argent de la part de l’une des deux premières mises en détention pour que cette 3ème aussi aille en prison”, martèle le Parquet, avant d’exhorter à arrêter cette manipulation consistant à se faire passer pour la victime de quelque chose dont on est auteur en réalité.
“C’est bien pour le compte d’A.K et pour qu’elle échappe à la détention au contraire de ses co-prévenues, qu’un opérateur économique, propriétaire de stations, a donné de l’argent au policier pour remise au substitut qui a résisté et a engagé des poursuites contre l’agent pour ces faits”, mentionne le document.
D’ailleurs, révèle la note, l’opérateur économique qui a donné l’argent au policier est recherché depuis quelques jours. “Ce sont les mêmes gens qui poussent à la corruption des agents publics qui se retournent ensuite pour les vilipender et jeter le discrédit sur les institutions policières et judiciaires. Heureusement que ça n’a pas marché, sinon on n’en serait pas là probablement. Dieu veille car les peaux de bananes et les pièges sont partout”, a conclu le document.
Boubacar PAÏTAO