RDC: après le drame au marché de Matadi Kibala, l’État pointé du doigt
Meguetan Infos
Après la mort d’une vingtaine de personnes à la suite du sectionnement d’un câble à haute tension par la foudre dans le marché pirate de Matadi Kibala, mercredi 2 février, dans le sud-ouest de Kinshasa, les autorités congolaises ont annoncé la fermeture de tous ces marchés ; les parkings autour du lieu du drame sont aussi fermés. Mais le problème des constructions qui jouxtent les pylônes électriques à travers le pays reste entier.
Avec notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa
Pour les autorités de la Société nationale d’électricité de République démocratique du Congo (RDC), le vrai problème, ce sont les constructions anarchiques. « Nous avons environ 9 200 kilomètres de lignes où nous avons des envahissements de nos plateformes, explique Thierry Kapesa Lukule, le directeur du département de Transport de la SNEL. Si l’autorité arrive à faire respecter la loi qui définit la servitude en deux fois 25 mètres de part et d’autre de l’axe d’une haute tension où on ne peut pas avoir une activité humaine, ce genre de drames, on en parlera plus en RDC. »
La SNEL constate, impuissante, que plusieurs ouvrages ont été érigés le long de ces lignes électriques. La société assure avoir saisi la justice à de nombreuses reprises, en vain, car les occupants disposent de titres légaux.
Plus de 40% des constructions sur des zones faisant l’objet de restrictions
Démolir ces constructions est une mesure impopulaire mais nécessaire, soutient la députée Solange Masumbuko, de la coalition au pouvoir. « On ne peut pas compter sur la bonne foi d’une population pauvre. La plupart de ces femmes qui se sont retrouvées à Matadi Kibala, dans ce marché pirate, n’ont même pas plus de 20 dollars comme capital, souligne-t-elle. C’est très compliqué, mais l’État doit prendre des mesures non négociables. La responsabilité des titres fonciers incombe au ministre de l’Aménagement et de l’Urbanisme. »
Au moins 40% des constructions de la capitale sont érigées sur des sites faisant l’objet de restrictions, d’après le gouverneur Gentiny Ngobila. La conséquence de plusieurs décennies de complaisance et de corruption des agents publics . « La difficulté que nous avons est que pendant très longtemps, nous n’avons pas pris de décisions. Pendant très longtemps, ce qui était anormal est devenu normal », a regretté le ministre de la Communication et des Médias Patrick Muyaya, s’exprimant devant la presse, jeudi soir.
rfi.fr