Raoul Rabekoto, patron du foot malgache, en cavale
Surplombé par le Rova (le Palais de la Reine), le stade de Mahamasina, qui accueille les compétitions internationales. Sarah Tétaud/RFI
Texte par :
Sarah Tétaud
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Hier soir, le Bureau de lutte anti-corruption (Bianco) a émis un avis de recherche pour tenter de retrouver et d’arrêter le président de la fédération de football à Madagascar, accusé de détournements, d’enrichissement illicite et d’abus de confiance dans ses précédentes fonctions.
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De notre correspondante à Antananarivo
À la Fédération malgache de football (FMF), on rase les murs. Les proches collaborateurs de Raoul Rabekoto n’ont plus vu leur président depuis le 7 février dernier : « On ne sait pas où il est », assure-t-on. « On échange régulièrement avec lui par SMS sur les affaires courantes, mais personne ne le questionne sur son lieu de séjour. » Des sources étatiques le disent en Suisse depuis mardi 25 février. Ses proches et anciens soutiens affirment, eux, ne pas savoir où il se trouve.
De son côté, l’actuel président de la Confédération africaine de football (CAF), Ahmad Ahmad, de passage ces jours-ci à Madagascar, explique que lors de son arrivée à Antananarivo jeudi dernier, Raoul Rabekoto, son ancien vice-président (Ahmad Ahmad a été le président de la FMF de 2003 à 2017) se serait simplement excusé par SMS de ne pouvoir l’accueillir. Le chef du football africain insiste sur le fait que « la Fédé doit fonctionner sans lui. Tout ceci n’est plus de mon ressort ; c’est l’État, la FMF et les amoureux du foot malgache qui doivent désormais réagir » conclut-il.
Mais cette affaire, finalement, n’est pas liée au football. Si Raoul Rabekoto est poursuivi par la justice, c’est en raison de plusieurs plaintes pour malversations déposées auprès du Pôle anti-corruption, dont l’une émane de son ancien employeur de 2008 à 2019, la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnaps).
Une fuite en forme d’aveu ?
Entre 2013 et 2018, alors qu’il en était le directeur général, des dépenses ont été engagées dans la plus grande opacité. « Des montants suffisamment importants pour que la justice ait été saisie », explique Mamy Rakotondraibe, l’actuel dirigeant de la Cnaps. La presse malgache parle de 25 millions d’euros détournés.
Raoul Rabekoto, élu à la tête de l’instance nationale en août dernier, était frappé d’une interdiction de sortie du territoire depuis le 3 février dernier. Questionné sur la disparition de son prédécesseur après qu’il ne s’est pas présenté à la convocation du Bureau de lutte anti-corruption le 20 février dernier, Mamy Rakotondraibe déclare : « tout prévenu a droit à la présomption d’innocence et a surtout le droit de s’expliquer. Mais le fait qu’il soit parti à l’étranger sans respecter la décision de justice qui lui interdisait la sortie du territoire rend la procédure complexe et donne des a priori sur sa culpabilité. »
Depuis hier soir, Raoul Rabekoto est donc passé du statut de simple prévenu à celui d’homme recherché.
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