Quelle confiance accorder à la Coordination des Mouvements de l’Inclusivité ?
Le 24 octobre dernier, la CMI (ex Coordination des Mouvements de l’Entente) s’est fendu d’un communiqué signé de son président, Boubacar SadighOuld Taleb, déplorant ne pas avoir rencontré M. Le Drian, ministre français de l’Europe et des Affaires Etrangères, en visite au Mali. Notons tout d’abord que le communiqué de la CMI est daté du 24 octobre alors que le diplomate français n’a atterri à Bamako que le 25. Belle anticipation !
Mais en réalité, que M. Le Drian ne s’entretienne pas avec un représentant de la CMI n’a finalement rien d’étonnant. Soyons lucides, cet amalgame de groupuscules dissidents de la CMA ou de la Plateforme était encore récemment piloté par Mohamed Ousman Ag Mohamedoun qui vient tout juste d’être évincé de la Coalition du Peuple pour l’Azawad (coalition pour un « anti-Mali uni » comme son nom l’indique, adhérente de la CMI) et qui n’a jamais caché sa proximité avec les groupes djihadistes, ce qui lui vaut d’ailleurs d’être sous le coup de sanctions onusiennes. Cela ne pouvait qu’éveiller, tout à fait légitimement les craintes françaises.
Par ailleurs, le nouveau président de la CMI, Boubacar SadighOuldTaleb, s’il apparait plus mesuré et passe encore sous le radar des institutions internationales, se présente comme un des leaders Ouasras. Rappelons qu’il s’agit d’une communauté arabe du nord-ouest malien, au-dessus de Tombouctou, qui menace l’intégrité de l’Etat et cache impunément le terroriste Talha Al Libi. C’est d’ailleurs principalement chez les Ouasras, dont il a épousé au moins une fille, qu’il puise sa ressource en combattants. Dans ces conditions, sans faire de généralités ni préjuger des bonnes intentions du président de la CMI, il est difficile pour un étranger, fut-il français, de savoir où placer le curseur entre ennemis ou amis de la paix au Mali.
Le jour où les Ouasras renonceront au terrorisme, qu’ils reviendront à des positions raisonnables, il est certain que leurs leaders seront davantage fréquentables et écoutés. C’est donc à eux de faire effort pour ramener leurs brebis égarées sur le bon chemin. Quand on connait l’importance des liens familiaux et claniques qui unit chacun d’entre eux, il est vrai que la permissivité au sein de cette communauté incite hélas à se méfier. On peut le regretter mais c’est ainsi. Pour l’heure, aucun signal positif ne semble donner le gage d’une confiance à offrir.
Idrissa Khalou
Source: Malijet