Que prépare-t-on contre la transition malienne ? Macron sur les traces de Sarkozy ?
Meguetan Infos
On dit que la valeur n’attend point le nombre des années pour s’exprimer. Par contre, le temps nourrit et mûrit la sagesse et l’humilité. Emmanuel Macron, élu pour diriger une grande démocratie, a certainement des valeurs. Mais la sagesse et la vision l’instruisent-elles ? Son laborieux parcours à la tête de la France, autorise d’en douter. Un personnage plus flamboyant qu’efficace aussi bien en politique intérieure que dans les relations internationales. N’est-ce pas qu’il a été le premier Président français à être giflé en public. Une analyse de Mamadou Bandiougou Diawara !
Le locataire actuel de l’Elysée est enfermé dans la même logique, les mêmes calculs électoralistes que l’un de ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy.
Sarkozy rentre dans l’histoire par la porte de l’infamie et du déshonneur. Un chef d’Etat français condamné à un an de prison ferme, qualifié sur France 24 de délinquant financier.
Nicolas Sarkozy est rattrapé par son passé entaché de pratiques frauduleuses, dignes des combinaisons les plus détestables des sociétés secrètes.
Emmanuel Macron n’est pas bien inspiré s’il marche sur les pas de Sarkozy .
2011 en France, on est à la veille des élections présidentielles en 2012. Sarkozy veut assurer sa réélection.
En cette année 2021, Emmanuel Macron est lui aussi, préoccupé par sa réélection en 2022
A la veille des échéances, Sarkozy, se saisit d’une bien heureuse coïncidence pour lui : le printemps arabe qui ébranle les pouvoirs publics en Tunisie, en Égypte et en Libye.
La carte libyenne est favorite.
Les forces armées libyennes sont anéanties en l’espace de huit mois (mars-Octobre 2011) par la puissance de feu de la France et des alliés de l’Otan. Kadhafi est tué le 3 Octobre.
Dix ans après cette effroyable guerre civile, le peuple libyen ne cesse de verser ses larmes qui viennent inonder les eaux du grand fleuve artificiel, l’une des plus gigantesques œuvres humaines, réalisée par Kadhafi.
Il a rendu plus heureux son peuple que tout autre dirigeant de ce pays.
Kadhafi a certes commis beaucoup de fautes et d’erreurs. Mais la plus grave a été d’avoir osé regarder, les yeux dans les yeux, les Chefs qui dirigent le monde: l’occident, à l’instar de la France, qui se veut vertueuse. Un second procès attend Sarkozy, accusé d’avoir reçu de Kadhafi de très grosses sommes d’argent.
Sarkozy et Macron ont en partage colères et furies
La victoire de Sarkozy en Libye a fouetté son ego. Il fait donc d’une pierre deux coups: régler son compte au Président du Mali, Amadou Toumani Toure dont le refus à deux de ses doléances, sont pour lui une offense. Exactement, la même chose que ressent aujourd’hui Emmanuel Macron à l’endroit de la Transition qui dirige le Mali depuis le 24 mai dernier.
Pour l’heure, restons avec Sarkozy.
En 2011, le Président ATT a rejeté l’accord de réadmission que la France proposait à notre pays et sa requête pour installer à Gao une unité militaire mobile pour sécuriser ses prochains investissements dans le nord de notre pays Déjà !
Au terme du premier accord, la France pouvait faire expulser autant de maliens qu’il lui plaira. A la veille d’élections, expulser des immigrés, crédite son auteur des voix de l’extrême droite française pour l’emporter au deuxième tour.
La furie de Sarkozy contre le Mali, face au rejet de ses requêtes, aurait fait s’envoler ce jour, les rideaux de son bureau à l’Elysée. Comme Macron aujourd’hui, plus jeune, donc les colères encore plus fortes.
Un boulevard s’ouvre à travers le Sahara pour envahir le Mali
Aussitôt, la conquête du nord du Mali, est engagée. Nous sommes au dernier trimestre de l’année 2011. Le processus du renversement de ATT est entamé. Mais l’objectif visé va au-delà. Il est beaucoup plus vaste et plus profond. Il est lancé au nord ou les combattants et l’équipement militaire sont disponibles en quantités impressionnantes.
Une conquête d’autant plus facile que les combattants exfiltrés de Libye, bénéficient sur place du précieux appui du MNLA et autres groupes rebelles.
Ils mènent les batailles ensemble mais avec des objectifs différents.
Pour les bandes jihadistes, le Mali doit devenir une république islamique. Pour le MNLA, est arrivé le moment tant rêvé de s’affranchir de l’autorité de l’état malien.
L’armée subit de lourdes défaites qui accélèrent l’avancée des bandes terroristes vers le centre. Les accusations sont fortes au sein de l’armée contre le Président ATT. Il est renversé le 22 mars 2012. Nicolas Sarkozy jubile, mais n’est pas réélu.
Le socialiste François Hollande succède à l’homme de droite. La rigueur dans la continuité de l’état, qu’il faut saluer, permet de gérer “avec brio” la situation qui prévaut au Mali.
Le Mali tombe dans le piège bien structuré sur le plan stratégique. Le Président de la Transition, Dioncounda Traoré, demande, en janvier 2013, à son camarade François Hollande, membre comme lui, de l’Internationale socialiste, un appui aérien. Mais des forces terrestres foulent aussi le sol malien.
Modibo Keita se retourne dans sa tombe
Pas de gauche- droite pour défendre les intérêts de la France dans ses anciennes colonies.
J’évoquerai ici la difficulté de faire accepter aux laudateurs de la France, que la Droite aussi bien que la Gauche française, appliquent dans nos pays, les grandes lignes et les principes directeurs de la France-Afrique, élaborés par le Général de Gaule au moment des indépendances.
Le rappel de l’action de Nicolas Sarkozy et du rôle de François Hollande, les deux ne sont pas du même bord politique, conforte cette appréciation.
On décèle, seulement quelques différences de style.
Emmanuel Macron : un Président habité par des réflexes encore plus « France-africanistes » Cet attachement constant et agressif de la France à la défense de ses intérêts particulièrement dans ses anciennes colonies, s’illustre encore parfaitement avec Emmanuel Macron. Il n’a pas
François Mitterrand est le plus professionnel et le plus cynique de tous les Présidents de la Ve République française.
Nous sommes donc en 2017. Emmanuel Macron dirige la France. Un Président que ses compatriotes ont du mal à classer politiquement. Cependant l’unanimité est faite pour dire qu’il est l’homme des milieux d’affaires et de la haute finance internationale.
Très vite il agresse les Africains, qui dit-il, font trop d’enfants pour ne pas pouvoir se développer. Quel irrespect, ces propos ! Le sens de la pondération manque au jeune homme devenu chef d’Etat. Le respect de son statut et de sa vie privée m’interdisent d’en dire plus.
Avant lui, Sarkozy avait dit que les Africains ne sont pas rentrés dans l’histoire
Macron récidive encore en 2019 lorsque les manifestations se déroulent pour la première fois au Mali avec des banderoles sur lesquelles les manifestants exhibent: la France dégage. De grands rassemblements populaires gagnent aussi le Burkina-Faso et le Niger.
Macron, aussi furieux que l’avait été Sarkozy, huit ans auparavant, convoque à Pau, les Chefs d’Etats du G5 Sahel. Il exige deux de “fermer la gueule de leurs manifestants” selon les réseaux sociaux. Ce qu’il n’a pas dit en réalité, mais sous-entend sa pensée.
Au Mali les mobilisations contre la présence française se poursuivront malgré les interventions des pouvoirs publics pour les réprimer.
Paradoxalement, le chef de l’Etat français va une certaine sérénité, même furtive, en se rappelant les assurances de son prédécesseur François Hollande qui a vanté l’exceptionnelle cordialité des relations avec le Président Ibrahim Boubacar Keita. En effet, ce dernier a été le seul chef d’état malien à avoir signé en 2014 un accord de Défense avec la France sous la présidence de M. Hollande. Des avenants y auraient été ajoutés en 2016 comportant des clauses encore plus attentatoires à la souveraineté du Mali.
Mais les voies de Dieu sont impénétrables. Ces manifestations qui englobent les vives préoccupations de la population emportent le 18 août 2020 le régime d’IBK. Paris condamne par principe le coup d’état.
Pendant huit mois, le doute et l’espoir coexistent sur la situation du pays jusqu’à ce jour 24 mai 2021. Le Vice-président, le colonel Assimi Goita, principal auteur du renversement du troisième Président de la troisième République, « place hors prérogatives » le Président de la Transition et le Premier ministre. Paris, réagit vivement. Une attitude bien singulière de la France car il ne s’agit pas d’un coup d’Etat contre un régime constitutionnel. Elle affiche sa farouche hostilité à ce deuxième coup d’état qui a écarté ceux qui sont considérés comme ses hommes. Emmanuel Macron devient fébrile. Il annonce d’abord la suspension unilatérale de la coopération militaire avec le Mali.
Une position tout à fait contraire aux bonnes pratiques diplomatiques, avec en plus q le tort d’être malveillant pour cacher des arrières pensées. La France fait son premier « abandon en plein vol ».
Son manque de vision et de clairvoyance, lui fait croire qu’en agissant ainsi, le Colonel Assimi Goita va céder et tenir compte de ses vœux pour le prochain gouvernement. La France s’est toujours mêlée des choix des hommes pour occuper les hautes responsabilités au Mali. Le remaniement ministériel décidé par Ba NDaou et annoncé avant le 24mai, a été marqué par l’éviction du gouvernement de deux importants membres de la junte. Ce changement est surement la conséquence de vives tensions entre les « tetes » civiles et militaires de la Transition sur des questions de fonds, notamment le clin d’œil à la Russie souhaité par une partie importante de la hiérarchie militaire.
Macron, responsable de la crise au sein de la première Transition
Je ne m’embarrasse pas pour affirmer que la France est tout à fait responsable de la crise née au sein de la Transition. En effet, le Président Ba N’Daou, quelques jours seulement de son retour à Paris, a procédé au choix des hommes dans le nouveau gouvernement sans consulter le vice-président de la Transition dont il n’ignore pas les prérogatives définies par la Charte. Tout simplement, il a été requinqué lors de son séjour dans la capitale française. Cette affirmation qu’on va encore qualifier de fantasmes quand il s’agit des opinions à nous, mais pas celles des blancs, fera sourire les thuriféraires de la France d’habitude.
Je tiens pour crédible et vraisemblable le « procès » fait à M. NDaou car lors de son premier séjour dans la capitale française, M. Macron a clairement dit avoir obtenu de lui, en quelques mois, ce qu’il n’a pas pu avoir de ses prédécesseurs en plusieurs années. Un tel aveu ne sème-t-il pas le doute, la suspicion et la méfiance au sein d’une équipe. Par ces insinuations, Il a contribué, de façon assez significative, « casser » la Transition dans sa première mouture. Mais il a plutôt échoué car il n’a atteint pas son objectif principal : assurer la promotion de ses hommes dans le nouvel attelage gouvernemental.
La France a donc effectué son deuxième « abandon en plein vol », mais à basse altitude cette fois.
Dans sa maladresse, il était convaincu que les « pro- français » allaient triompher et pousser vers la sortie le colonel Assimi Goita et ses fidèles compagnons d’armes.
A mon avis, l’existence de deux tendances ou clans, « pro- français » et « pro-russes », n’était pas une caricature. Mais assez vraisemblable.
Macron est certes très instruit, mais il manque de culture. Son espace culturel est trop réduit. Une certaine impulsivité juvénile le prive de jugements dont la pertinence est assez aléatoire. Ou bien manifeste-t-il de la mauvaise foi ? Je ne crois pas.
Lui, s’agite. Assimi Goita reste lucide et ne laisse transparaitre aucun signe d’agacement.
Après son investiture en qualité de Président de la Transition, le colonel annonce la nomination de M. Choguel Kokalla Maiga en qualité de Premier Ministre.
Avant sa désignation j’avais dit à des amis que la France fera tout son possible pour que Choguel ne soit pas nommé à ce poste. Pourquoi ?
Parce que tout simplement, c’est un patriote résolu et tenace qui a l’avantage de connaître le dossier du Nord. Paris a toujours été hostile à ce modèle de cadres partout dans ses anciennes colonies.
Croyant à sa bonne étoile, le locataire de l’Elysée persiste toujours à faire pression sur la Transition en annonçant le retrait de Barkane du Sahel et son intégration dans une force européenne. Les troupes qui vont rester seront chargées de la sécurité des Européens, précise l’Elysée. Cette déclaration qui est vérifiable, ne fait aucune mention de la lutte contre le terrorisme .J’avais titré à l’époque : Barkhane s’en va, mais reste .Toutes les grandes chaines de Télévision françaises avaient titré : Barkhane se retire du Sahel. Un français déclare sur France 24, huit ans pour rien.
Le Premier ministre du Mali a donc eu la pertinence de souligner l’abandon en plein vol. Il a même été courtois car il n’a pas dit que c’était le troisième « abandon en plein vol » par la France. Choguel n’a pas cité les deux précédents abandons en plein vol, parce que, il n’était pas encore dans l’avion.
ll ne faut pas avoir l’humilité pour manquer de dire que le Mali a des ressources magiques pour pouvoir résister à trois abandons en plein vol en l’espace de cinq mois.
Pourquoi la France ne peut-elle pas expliquer de façon cohérente les raisons de son désengagement du Mali, annoncées à la suite du deuxième coup d’Etat ? Soyons clairs. La France n’a jamais eu ni la volonté, ni l’intention de partir. Elle a estimé que ses menaces et autres chantages, allaient faire trembler de peur et de grande inquiétude, les Maliens à tel point que les Dirigeants se mettraient à genoux pour les supplier de ne pas bouger. Un scénario du genre lui permettrait d’asservir davantage notre pays pour y réaliser ses ambitions. Partir volontairement d’un pays anciennement colonisé, le seul qui a exigé son départ dès le lendemain de son indépendance, est tout simplement une chimère. Qui vivra, verra !
En réalité, ce qui a fait plus mal au Président Emmanuel Macron, c’est avoir osé évoquer ce sujet devant l’opinion publique internationale sur la plus grande tribune du monde…
J’ avoue très sincèrement que je n’avais jamais imaginé, que la France était capable de livrer au monde, comme elle le fait maintenant, des contre-vérités si énormes et de si monstrueuses manipulations de l’opinion. Croyez –moi, c’est ce qui explique encore la persistance de sa domination sur ses anciennes colonies d’Afrique noire et ses dépendances dans les Antilles et ailleurs. Celles du Maghreb et surtout de l’ancienne Indochine française, se sont affranchies de sa tutelle aux triples plans de la mentalité, de la politique et de l’économie.
La France tient à son image internationale plus qu’à tous les puits de pétrole au monde
La France tient son rang dans le monde par son rôle dans ses anciennes colonies africaines sans lesquelles, elle serait au 15e rang mondial selon le Ministre italien de l’intérieur. La presse allemande a abondé dans le même sens. Donc écorcher son image qui lui est plus précieuse que tous les puits de pétrole de la terre, est tout à fait inacceptable et considérée comme une grave et intolérable désobéissance surtout par « une ancienne propriété baillée ».
Je consens que sa colère était d’autant plus violente, qu’elle venait elle aussi d’être victime d’un abandon en plein vol par l’Australie qui a rompu un contrat d’achats de sous-marins nucléaires de 56 milliards d’euros. Ce qui aurait dû l’amener à être indulgent pour le message de notre Premier ministre. Son cas étant beaucoup moins grave que celui du Mali, car elle a subi, à cause de l’Australie, un simple mal de l’air en plein vol.
Comprenons-le, mais sans lui donner raison, le Président Macron se trouve à moins d’un an des élections présidentielles. Il sollicitera le renouvellement de son mandat. Donc il fait feu de tout bois.
Comme Sarkozy, il y a dix ans, il tente de séduire l’électorat de la droite et surtout l’extrême droite française dont les voies seront prépondérantes au second tour qu’il compte rejoindre. Qui fait réellement du populisme ? C’est bien le futur candidat Macron, mais lui, se livre à un populisme tout à fait sélectif qui ne vise que ses compatriotes de droite, toutes les droites confondues. M. Choguel Maiga, lui, s’est adressé à l’ensemble du peuple malien.
On aura remarqué qu’au moment du discours de M. Maiga à l’ONU, se tenaient aussi les préparatifs pour les funérailles du caporal-chef Maxime tué au Mali. Le gouvernement français a eu la malice de l’exploiter à des fins de politique intérieure dans le même objectif des prochaines élections, l’an prochain. On a mis en relief et exploité sans scrupule, les mots de Choguel au moment où la France enterre l’un de ses fils mort pour le Mali. On a parlé d’ingratitude de notre pays. Un message très habile pour secouer cette fois le patriotisme des français. Les voix des français sans partis politiques sont aussi utiles dans les votes.
Mort pour le Mali ! Un sujet qui fera l’objet d’un prochain article. Pour l’heure, j’adresse mes condoléances à la famille du défunt, emporté au plus bel âge.
Et puis, et puis, à court d’arguments, le Président Macron ne se gêne pas pour dire : Ce n’est pas un gouvernement. Une affirmation aussi insensée à la face du monde auquel on a présenté, sur la tribune des Nations-Unies : M. Choguel Kokalla Maiga, Premier ministre de la République du Mali. Pourtant, ce propos ne doit pas être considéré comme étant simplement l’expression d’une rancœur ou des mots en l’air. Un tel aveu, maladroit politiquement, incommode et impropre sur le plan de la morale tout court, doit être perçu comme un acte annonciateur de « périls »pour la Transition .Il confirme de toute évidence que l’Elysée n’a ni accepté le deuxième coup d’Etat, ni le gouvernement qui en est issu. M. Macron ne prépare-t-il pas l’opinion nationale et internationale à comprendre les raisons du troisième coup d’Etat qu’on se prépare peut-être à perpétrer au Mali ? Dans le but évident de constituer le gouvernement qu’il veut au Mali. Le colonel Assimi Goita l’en avait empêché. La France en a les moyens : l’armée française n’a pas encore bougé. Il contrôle la Minusma qui dispose de combattants aguerris, prêts à exécuter les ordres depuis New-York ou leur chef est un français .On parlera encore de fantasme. Je suis tout à fait à l’aise pour répondre que la Minusma depuis son arrivée au Mali est très en deçà des pertinentes recommandations de l’ONU. Il est facile de reconnaitre le pays qui tire les ficelles. C’est le même pays qui manipule aussi le G5 Sahel dont au moins deux pays, le Niger et le Tchad, lui sont soumis. La Mauritanie, sauf évolution récente, constitue la base arrière du Mnla, ami de la France, selon le Jean Yves le Drian.
Le Président Mohamed Bazoum du Niger est l’exécuteur en chef au Sahel, de ces manœuvres contre le Mali. Son ministre des Affaires Etrangères l’accompagne tout naturellement. L’exploitation sans vergogne et sans retenue des propos du Premier ministre sont simplement destinés à justifier et rendre crédible les actions de déstabilisation du Mali qui se trouve dans une phase avancée.
En France, même l’extrême droite se mobilise pour créer de graves nuisances à notre Pays.
J’oublie de dire que le sel qui vient alimenter cette tension est l’affaire Wagner. Le Mali, avait-on écrit, est proche de signer un accord de coopération avec ce groupe privé russe qui recrute des mercenaires. Je n’y avais pas cru début, pensant plutôt à de l’intox.
La France par ces multiples réseaux et ses puissants moyens de communication, fustigent et désinforment. Emmanuel Macron enfonce le clou. Il intervient plus que son ministre des affaires étrangères. Il est vrai que le chef de l’Etat est le chef de la diplomatie. Mais il est astreint à la mesure. Sa fougue, l’en empêche peut être. Les vives réactions de la France, de l’Union Européenne, des Etats-Unis, confirment que les relents de la guerre froide demeurent. Wagner est une structure privée Russe. Blackwater, un groupe privé américain de la même importance, a combattu en Irak, presque dans l’indifférence de la communauté Internationale.
Et enfin, même si on s’abstient de l’évoquer, la France connait la volonté des autorités de la Transition de vouloir renégocier l’Accord de défense, largement rejeté par le peuple malien. Mais Paris fait de l’amalgame et préfère mettre en avant l’abandon en plein vol et Wagner. Paris veut à tout prix éviter la relecture de l’Accord de défense, conclu dans des conditions opaques.
Au Mali, les voix autorisées se taisent
Je termine en disant que ce qui désole le plus dans le contexte que vit notre pays, est le manque à l’appel de la patrie en danger, d’innombrables voix autorisées. L’histoire du Mali nous interpelle fortement. Au pays et au sein de la diaspora, se tiennent quelques manifestations encore timides. L’Untm et quelques associations dénoncent les actes perfides contre notre souveraineté.
Il ne s’agit pas de défendre une Transition issue d’un coup d’Etat ou de souhaiter une longue prolongation de cette transition. Il s’agit de défendre le Mali, face au péril.
Et d’ailleurs pourquoi ne pas soutenir la Transition qui est sur le point de bâtir une œuvre de rédemption.
Par ailleurs si cela est perçu comme un procès d’intention je l’assume et je n’hésite pas aussi de souligner que parmi ceux qui s’agitent pour le respect de la date des élections, se trouvent des gens qui applaudiraient un coup d’état conforme à leurs vœux même si les élections vont être reportées d’un an ou plus.
Deux siècles d’agression, ça suffit !
Depuis deux siècles, la France agresse notre pays.
Quand le parcours du Mali était brillamment célébré à travers le monde en 1326, Paris, Londres et New-York n’étaient que des bidonvilles malsains, envahies par la criminalité. Le Mali abritait la plus grande Université du monde, l’Université Sankoré. Un siècle plutôt, il avait élaboré la première charte des droits humains. Ce rappel historique fait mal aux laudateurs de la France .On ne vit pas de son passé, mais il constitue un élan pour rebondir.
Sur de très nombreux aspects, nous sommes les seuls responsables des maux et des tares qui nous assaillent et nous tirent vers l’arrière.
Mais se désolidariser de son pays face à une agression extérieure, est un acte indigne
Le Mali sera debout et brillera à nouveau de toutes ses flammes si nous offrons aux générations montantes un cadre de vie assaini de toutes les pesanteurs, des valeurs et des Institutions fortes. Tout en brisant parallèlement la lourde aliénation qui enserre réflexions et conduites.
Oui, j’ai discuté avec un jeune sur la crise qui sévit entre la France et le Mali. Il m’a dit ceci : « Papi, comment le Président français dont le pays fait sans doute partie des inventeurs des nouvelles technologies, ne peut-il pas comprendre qu’avec les réseaux sociaux, on ne peut plus aligner les contrevérités et faire de la manipulation, une arme efficace . Ces réseaux m’ont fait connaitre les enjeux et mieux découvrir les vraies réalités de la politique française ».
Oui, une politique malsaine et insidieuse qui n’est pas digne de ce grand pays. Les hommes qui le dirigent depuis plus d’un demi-siècle, oublient pour la plupart d’entre eux ou font semblant d’oublier que ce pays a plus brillé par sa culture, son art, ses lettres, et son génie dans le concert des Nations.
Ils savent mais ne veulent pas savoir que sans la puissante solidarité des autres, elle ne se serait pas relevée du précipice ou elle est tombée au cours de la deuxième guerre mondiale. Elle n’aurait jamais récupéré l’Alsace et la Lorraine. Mais une fois debout, elle a provoqué d’indicibles tourmentes. Le pouvoir a érigé, en règle de gouvernement le mépris et la condescendance à l’endroit des pays les plus faibles, ceux de l’Afrique francophone.
Mais, elle respecte le Vietnam de Dien Ben Fu.
Un signe apparait : le déclin de la France qui s’amorce, s’accompagne de la décadence de son aveugle asservissement et l’aliénation de ces pays. Si Emmanuel Macron n’y prend garde dès l’instant, le Mali donnera le signal de cette action irréversible, irrépressible.
L’histoire pourrait la rattraper. Ce que le peuple français ne mérite pas
Mamadou Bandiougou Diawara
L’Aube