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Projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale : L’éléphant arrivera-t-il avec un pied cassé ?

Meguetan Infos

Le Dialogue inter maliens qui a servi de base pour la rédaction de la Charte pour la paix et la réconciliation, a laissé beaucoup de voyageurs importants à quai, ce qui a donné à cet important voyage un goût fade voir d’inachevé. Les mêmes causes produiront inéluctablement les mêmes effets, car à ce rapport dit de la charte pour la paix et la réconciliation manquera cette touche nationale et consensuelle de toutes les forces vives de la nation, d’où la légitime inquiétude de se demander si l’éléphant annoncé n’arrivera pas avec un pied cassé. L’ancien PM , Président de la Commission de rédaction de la dite charte  qui a encaissé beaucoup de reproches  après le Dialogue inter maliens échappera difficilement aux mêmes remontrances,  bien qu’il  ait voulu redorer son blason  en s’impliquant personnellement pour la libération des 11 détenus politiques qui étaient incarcérés pendant cinq mois. Il manque à sa liste certains acteurs majeurs sans lesquels il n y a point de réconciliation, à savoir les ex rebelles et la classe politique. A cela il faut ajouter cette inquiétude pour tout démocrate de voir des probables résolutions et recommandations démocraticides, liberticides et qui violeront encore une fois la charte de la transition, la loi fondamentale et toutes les lois y afférentes. Le Rassemblement national qui aurait dû être le crédo de la Charte n’a-t-il pas été laissé sur  la  touche ? L’un des groupes  majeurs intéressés constitué des   ex-rebelles  va-t-il  se sentir concerné ? Le but principal recherché n’est-il pas de donner encore un chèque en blanc au Président de la transition ?

En crise multidimensionnelle depuis 2012, le Mali a plus que jamais besoin de réconciliation de ses filles et de ses fils sans exclusion aucune et de Kayes à Kidal. Donc l’initiative d’élaborer un document qui fera la promotion de la paix et de la réconciliation est plus que salutaire. Mais l’impression que beaucoup d’observateurs de la scène politique malienne ont  est que  ce rapport, censé   contenir  des conclusions et recommandations pertinentes pour une paix durable et une réconciliation nationale, risque d’être un rapport de plus et de trop, tant les contours sont flous, les auteurs de la rédaction sont  moins indépendants, les commanditaires sont rusés et ont  leur propre agenda, surtout  l’inclusivité qui aurait dû être son crédo fait cruellement défaut. Quand on observe que  dès le préambule  on essaye de donner une justification au coup d’Etat, les dés sont pipés  pour une charte taillée sur mesure. Elle sera la résultante du Dialogue inter maliens dont les résolutions et recommandations ressemblaient à  tout sauf à celles d’un dialogue entre maliens. Les conclusions qui seront issues des concertations avec les forces vives de la nation figureront pour l’essentiel dans le rapport final, mais derrière ce fourretout se cache un seul objectif, donner un chèque en blanc au Président de la transition. Pour non seulement lui permettre de fouler aux pieds la charte de la transition, la nouvelle constitution qui est la loi fondamentale, celle adoptée sous son magistère et qui fait la part belle à la séparation des pouvoirs et ensuite la promotion de la démocratie, mais aussi et surtout lui permettre de rester au pouvoir comme au Niger et Burkina Faso, sans élections

Le Rassemblement national qui aurait dû être le crédo de la Charte n’a-t-il pas été laissé sur la  touche ?  

S’il est tout à fait logique de choisir des hommes et des femmes sur la base de leur expertise pour composer l’équipe de rédaction de la charte, ce qui est par contre  à déplorer c’est la non inclusivité de l’équipe et surtout la mise à l’écart de certains acteurs majeurs indispensables pour une véritable réconciliation nationale. La tare congénitale a été constatée depuis l’organisation du Dialogue inter maliens où ni les ex-rebelles Touaregs, encore moins la classe politique, celle qui répond véritablement aux critères d’acteurs politiques, pas « les politiciens »  de circonstance, ces acteurs majeurs n’ont pas été associés en amont ce qui a laissé un goût d’inachevé. Que dire des maliens qui sont détenus pour leurs opinions et ceux qui sont en exil forcé parce que persécutés dans leur pays ?  Ni des larges concertations des forces vives de la nation encore moins les déclarations de bonnes intentions ne sauraient absoudre ce pêché celui de la non-inclusivité et du manque de rassemblement des maliens. Qu’il soit dit en passant les deux valeurs que sont l’unité et la cohésion sont indispensables pour la réussite de cette noble mission qu’est celle de l’élaboration d’une charte pour la paix et la réconciliation. C’est pourquoi nombreux sont les maliens à deviner ce qui pourrait être l’ossature de la charte, qui contiendra à coup sûr des déclarations de bonnes intentions comme d’ailleurs les résolutions et recommandations du Dialogue Inter maliens pour la paix et la réconciliation, DIM, mais en fin de compte   c’est un autre tapis rouge qui sera déroulé devant le Président de la transition pour qu’il dispose du Mali comme il le veut.

L’un des acteurs majeurs que sont les ex-rebelles  vont-ils se sentir concernés ?

Un adage Malinké ne dit-il pas qu’on ne peut pas raser la tête de quelqu’un à son absence ? Qu’on mette dans les résolutions et recommandations de la charte pour la paix et la réconciliation des déclarations de bonnes intentions à l’endroit des ex rebelles ou encore leur faire la part belle dans les instances de décision,  l’idéal aurait été qu’ils prennent part eux-mêmes à tout le processus jusqu’à l’élaboration de la Charte. Encore une fois ils ont brillé par leur absence. Donc les détenus d’opinion, les exilés politiques, l’absence des ex rebelles feront de la charte pour la paix et la réconciliation un géant au pied d’argile et un grand éléphant qui arriverait à coup sûr avec un pied cassé.

Le but principal recherché n’est-il pas de donner encore un chèque en blanc au Président de la transition ?

Cette question mérite d’être posée quand on sait qu’il y a déjà eu un précédent, à savoir les résolutions et recommandations du dialogue inter maliens pour la paix et la réconciliation. C’est ce forum qui a recommandé aux autorités de la transition de se donner des hauts  grades et au président de la transition d’être candidat à la prochaine élection présidentielle. Pour se donner bonne conscience ils lui ont demandé de relire la charte de la transition et la loi électorale. Nul ne sera surpris de lire d’autres recommandations faisant la part belle aux autorités de la transition. Donc le but ultime serait un chèque en blanc au Président de la transition pour qu’il continue allègrement à mettre à mal  la charte de la transition et la Constitution en faisant acte de candidature à la prochaine présidentielle.

Youssouf Sissoko

L’Alternance

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