Prix de l’énergie : ArcelorMittal contraint de réduire sa production en Europe
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Le deuxième sidérurgiste mondial a annoncé la fermeture temporaire de deux hauts-fourneaux en Europe et de plusieurs usines de finition ou de transformation d’acier. En cause : la flambée des cours de l’énergie et une réduction de la demande de certains de ses clients, notamment l’industrie automobile.
L’inflation galopante qui sévit sur le Vieux continent n’inquiète pas que les ménages. Alors que les cours de de l’électricité et du gaz continuent de flamber sur les marchés, les entreprises commencent elles aussi à en faire les frais. A commencer par les industriels énergo-intensifs, pour lesquels la consommation d’énergie représente une part importante des charges.
En effet, le deuxième sidérurgiste mondial ArcelorMittal a décidé de mettre à l’arrêt deux de ses hauts-fourneaux sur les seize qu’il exploitait fin 2021 en Europe, l’un à Brême (nord-ouest de l’Allemagne), qui sera fermé « à partir de la fin septembre et jusqu’à nouvel ordre », l’autre dans les Asturies (nord de l’Espagne). En cause : des « prix de l’énergie qui ont grimpé de manière exorbitante », affectant ainsi « fortement » la compétitivité de la production d’acier, a expliqué le groupe dans un communiqué publié vendredi.
« Les coûts élevés du gaz et de l’électricité pèsent fortement sur notre compétitivité », a expliqué Reiner Blaschek, le patron d’ArcelorMittal Allemagne, également responsable de l’usine de Brême.
Il a en outre dénoncé la nouvelle taxe sur le gaz qui entrera en vigueur le 1er octobre en Allemagne et destinée à éviter la faillite des importateurs et distributeurs de gaz.
S’y superposent « des coûts de CO2 toujours élevés en matière de production d’acier », déplore ArcelorMittal dans son communiqué, s’inquiétant du fait qu’en Allemagne, « toutes les installations ne peuvent plus être exploitées de façon rentable ».
De fait, les sites européens d’ArcelorMittal sont soums au système européen d’échange de quotas d’émissions de CO2, en vue de décarboner une industrie toujours fortement polluante. Seulement voilà : « La situation est aggravée par le gros volume d’acier importé venant de producteurs extra-européens qui ne sont pas concernés par la hausse des coûts liée aux quotas d’émission de CO2 de l’UE », dénonce le groupe.
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Chômage partiel étendu
Et ce n’est pas tout : « A cela s’ajoutent une faible demande du marché, des perspectives économiques négatives », note ArcelorMittal dans son communiqué. En effet, l’impact direct de la crise sur les factures d’énergie du groupe n’est pas la seule explication, puisque le ralentissement de l’industrie automobile, habituel gros client de l’industrie sidérurgique, entraîne à son tour un rétrécissement de l’offre des fournisseurs. Un cocktail explosif qui pourrait peser lourd sur le tissu industriel du Vieux continent, avec des conséquences en cascade.
Par ailleurs, « dans l’aciérie longue de Hambourg, où ArcelorMittal produit du fil machine », une installation sera également mise à l’arrêt à partir du quatrième trimestre. « L’exploitation de l’usine a déjà été réduite de 80% environ », a indiqué le responsable du site, Uwe Braun. Là comme à Brême, des mesures de chômage partiel déjà existantes devront être étendues.
En France, il n’est pas prévu de fermer de hauts-fourneaux mais de ralentir l’activité à Dunkerque (Nord). Deux hauts-fourneaux sur trois y sont déjà à l’arrêt, l’un pour maintenance et l’autre depuis juillet dans le cadre de la décarbonation du site.
Là aussi, des mesures d’économie avec « diminution du recours aux intérimaires, prise de congés anticipés, possibilité d’activité partielle selon les secteurs des usines », vont être mises en place.
D’autres entreprises réorganisent leur activité
ArcelorMittal n’est pas le seul à réduire la voilure. « Outre les craintes quant aux risques de coupures, l’aspect prix est énorme. Au prix du marché de l’électricité actuel, certaines entreprises décident tout simplement d’arrêter des lignes de production », expliquait vendredi à La Tribune Frank Roubanovitch, président du Cleee, une association regroupant des entreprises grandes consommatrices d’énergie dans le tertiaire et l’industrie.
En effet, beaucoup d’entreprises ne sont pas, ou pas totalement, couvertes pour leur consommation d’électricité en 2023. Or, pour cette année, le prix du mégawattheure a dépassé 1.000 euros le 26 août dernier, pour redescendre aujourd’hui à 600 euros. Un niveau qui reste toutefois 12 fois plus élevé que celui d’il y a un an !
De quoi pousser plusieurs acteurs économiques à renoncer, d’ores et déjà, à une partie de leur production. C’est le cas, par exemple, d’une entreprise pharmaceutique tricolore, qui a prévu de mettre à l’arrêt une ligne de production dédiée aux médicaments dits de confort.
Les verriers Duralex et Arc, asphyxiés par cette hausse des prix, ont également fait savoir qu’ils étaient contraints de réorganiser leur activité. Le premier va mettre son four en veille durant minimum quatre mois à partir de novembre et placer l’ensemble de ses salariés en chômage partiel. Son président, José-Luis Llacuna, a expliqué que « produire au tarif de l’énergie au prix du jour générerait des pertes intenables ».
Son confrère, le groupe verrier Arc, se trouve aussi dans la tourmente. Il a placé jeudi une partie de ses salariés en chômage partiel pour les mêmes raisons. Il s’agit de « deux jours par semaine d’activité partielle » pour « 1.600 personnes à partir du 1er septembre jusqu’au mois de décembre » au moins, souligne le directeur de la communication de l’entreprise, Guillaume Rabel-Suque.
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