Présidentielle au Mali: polémique sur le fichier électoral
Fichier électoral contesté, «bureaux de votes fictifs»: de manière coordonnée, à Bamako avec son équipe de campagne et sur le terrain, le camp de Soumaïla Cisssé, candidat et chef de file de l’opposition malienne à la présidentielle du 29 juillet, a dénoncé vendredi ce qu’il appelle «des fraudes en préparation» dans la perspective de la présidentielle. Le camp présidentiel lui réfute ces accusations.
Le camp du chef de file de l’opposition malienne est en colère. Il craint « des fraudes massives à l’élection présidentielle ». Et ce qui met le feu aux poudres, c’est le fichier électoral officiellement mis en ligne.
Tiébilé Dramé, directeur de campagne du candidat Soumaïla Cissé, explique : « Nous avons constaté qu’un fichier officiel a été mis en ligne par la délégation générale aux élections. Pour nous, il ne s’agit ni plus ni moins, que d’un fichier parallèle qui est distinct dufichier audité le 27 avril ».
Ces erreurs sont peut-être « involontaires », poursuit Tiébélé Framé, « mais on se retrouve avec des centaines de milliers de voix potentiellement fictives. Et ça c’est dangereux. Et ça, ça peut fausser les résultats d’une élection.
Nous n’irons pas aux élections avec un tel fichier
Nous n’irons pas aux élections avec un fichier électoral avarié, parallèle. Quelles options ? Comment corriger ? Le gouvernement a proposé une réunion du cadre de concertation. Pour nous, l’étendue des constatations, leur gravité, font que des solutions techniques ne suffisent pas. Il faut des mesures politiques avec l’implication des représentants de la communauté internationale à Bamako, ici ».
En campagne à l’intérieur du Mali où il rassemble comme d’autres des foules, le candidat Soumaïla Cissé a abordé aussi ce vendredi le sujet devant ses militants. « Nous avons découvert des milliers de noms en double, en triple, en quadruple, même parfois en quintuple, assure Soumaïla Cissé. Nous avons découvert des bureaux fictifs. Nous avons découvert des centres fictifs. Nous avons découvert des électeurs sans photo. Nous avons découvert des communes entières où le nombre d’électeurs est supposé nul. C’est qu’on a découvert une vaste fraude ».
L’URD, le parti de Soumaïla Cissé et ses nombreux alliés, n’entendent pas aller à un scrutin présidentiel avec ce fichier électoral qui ne correspondrait pas à celui qui a été audité en mai par l’Organisation internationale de la francophonie.
Les soutiens d’IBK appellent à trouver des solutions ensemble
Selon l’opposition, qui parle également de doublons, il pourrait y avoir plus d’un million deux cent mille « voix fictives ». Une accusation que réfute Abdou Soumaïla Maïga, secrétaire politique national de l’APR, l’Alliance pour la République, et soutien de l’actuel président, Ibrahim Boubacar Keïta.
Selon lui donc, le fichier audité est celui qui a servi à la confection des cartes électorales, et c’est bien tout ce qui compte. « Nous, nous pensons qu’il était très difficile de faire ce travail de confection des cartes d’électeurs sur la base d’un fichier qui n’est pas celui qui est audité.
Nous attendons les preuves par rapport à ça. Il se peut qu’il y ait un fichier qui ait été mis en ligne je ne sais à quel niveau. Mais ce qui est certain, c’est que c’est ce fichier audité, déclaré acceptable, qui a servi à faire les cartes d’électeurs qui aujourd’hui sont disponibles et qui sont ventilées partout pour la distribution. Ça c’est très important.
En fait, nous sommes tous engagés dans un processus. Si c’est avéré qu’il y a vraiment des difficultés à un niveau, c’est ensemble qu’on doit chercher à trouver les solutions. Mais pour nous, aujourd’hui, il faut peut-être que la preuve soit donnée d’abord qu’il y a une erreur. Mais seulement passer son temps à accuser sans proposer des solutions, cela aussi, ne facilite pas la tâche ».
Le Premier ministre malien Soumeylou Boubeye Maïga a reçu vendredi une délégation du directoire de campagne de Soumaïla Cissé, pour rassurer de la bonne foi du gouvernement.