Les polémiques et tiraillements autour des schémas d’organisation des futures élections n’augurent visiblement d’aucune assurance sur la tenue d’une présidentielle dans le calendrier préalablement établi par la ancienne équipe de Transition conduite par le duo Bah N’Daou – Moctar. Une grande incertitude pèse en définitive sur lesdites joutes, mais qui n’a l’air de constituer un facteur de démotivation pour les candidats putatifs ou déjà déclarés.
Tout indique, en clair, que les états-majors sont très actifs sur le terrain. Par-delà les positionnements et tractations auprès d’acteurs déterminants dans la course à la magistrature suprême, les armes sont également affûtées et les jalons posés à travers des tournées de prises de contact ainsi que par des missions d’implantation de leurs arsenaux de combat. Le rythme des offensives est certes affecté, mais l’ardeur à la conquête de l’opinion demeure irréductible et se traduit par l’assaut sur la moindre opportunité d’offensive de charme. La fête de Tabaski a ainsi donné lieu à un véritable déclenchement des hostilités par deux des géants déclarés, à quelques encablures de la date annoncée pour la tenue de la présidentielle. Pour ce faire, les supports et espaces publicitaires ont subitement repris du service et auront été littéralement envahis par les différents instruments de candidats déclarés, au détour notamment d’une présentation de vœux au public dans le cadre de la fête de Tabaski. La bataille des images a mis aux prises deux équipes de mastodontes dont la Fondation Maliba pour le compte d’Aliou Boubacar Diallo et la Fondation Benkan pour celui de Seydou Mamadou Coulibaly de CIRA. Chaque camp y est allé de son style et d’une verve qui en dit long sur l’intensité du combat qui s’annonce. Surtout que le starting-block sera davantage enrichi par l’arrivée imminente d’autres géants tout aussi redoutables. On peut citer Mamadou Igor Diarra et Boubou Cissé, tous deux engagés dans une bataille sans concession pour arracher le leadership de l’URD devenu vacant avec la disparition du chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé. Un seul des deux prétendants méritera de porter le drapeau du parti, mais il n’est guère évident que le perdant se résignera à renoncer à la bataille.
Tieman Hubert Coulibaly de l’UDD et Houssein Amion Guindo de Codem ne sont pas en reste puisqu’ils annoncent chacun les couleurs de leurs intentions par des tentacules au-delà de leur propre formation politique. L’un avec la panoplie de formations constitutives de l’ARP et la constellation de Djiguiya-Coura.
L’affiche n’est somme toute pas inédite d’autant que certains protagonistes ont déjà expérimenté une aventure présidentielle, mais il n’en demeure pas moins que l’arène n’est plus la chasse gardée des acteurs traditionnels du jeu politique malien. Il en résulte que l’argument de l’image, du charisme et de la notoriété des protagonistes risque de le disputer âprement à celui des idées et des solutions aux défis existentiels du pays.
Mais en attendant, l’objet principal de tous les intérêts et de la forte mobilisation des efforts reste suspendu à l’issue d’une question qui polarise les positions et approches au sein de la classe politique : le schéma et le dispositif d’organisation de la compétition électorale. Sur la question, le gouvernement et la classe politique n’en finissent pas de se tirailler sur deux options antinomiques, à savoir : le respect de la durée initiale de la Transition et l’organisation de la présidentielle par un organe unique, gage de crédibilité du processus électoral.
A KEÏTA