Première et importante fissure dans le front anti-IBK : De nombreuses associations et partis membres taclent Issa Kaou Djim et menacent de claquer la porte
Si tous s’insurgent en ce moment en vue d’obtenir le départ d’IBK, tous ne sont cependant plus sur la même longueur d’ondes au sein du front anti-IBK après la manif d’envergure du 05 Juin dernier. Plusieurs associations et partis membres dénoncent en effet la démarche dédaigneuse, méprisante voire dictatoriale du Coordinateur des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahamoud Dicko (CMAS).
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Il n’y a pas à dire : la mobilisation était à son comble ce samedi 05 Juin 2020. Des centaines de milliers de personnes, (plus d’un million selon les organisateurs) ont répondu à l’appel des initiateurs) pour réclamer la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta. Une totale réussite ! Pour autant !
«Officiellement», cette grande mobilisation fait suite à l’appel du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD), d’Espoir Mali Koura (EMK), et de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahamoud Dicko (CMAS).
Dans les faits, le mérite revient surtout à ces centaines d’associations de la société civile, partis politiques, influenceurs et activistes.
Mais ces derniers dénoncent aujourd’hui la propension du Coordinateur Issa Kaou Djim à s’attirer tous les mérites et surtout, àfaire main-basse sur le mouvement en vue de le contrôler et d’y imposer sa marque et sa loi. D’où l’exclusion des acteurs pourtant engagés et dont le rôle a été et demeure encore determinant.
Il nous revient que parmi les oubliés voire les exclus, figurent les associations membres du FERDI ou «Forces vives Engagées Résolument pour la Démission de IBK». Il s’agit de ce regroupement ayant en premier et par voie officielle, demandé la démission du président IBK. C’est encore lui qui a initié une marche initialement à la date symbolique du 04 Juin (date anniversaire de la naissance du premier Président Modibo Keïta) avant que ceux du FSD, de Mali-Koura, et surtout de la CMAS d’Issa Kaou Djim ne lui proposent ce 05 Juin (lire encadré : la lettre d’implication du FERDI adressée à chacun des membres, à savoir Cheick Oumar SISSOKO, Issa Kaou N’DJIM et Choguel Kokalla MAIGA).
En clair, le FERDI a non seulement et de manière officielle adressé une lettre de démission au président de la République, il a aussi initié une grande manifestation au 04 Juin 2020, remise ensuite au 05 suite à la proposition d’Issa Kaou Djim.
De toute évidence, c’est ce regroupement fort d’une vingtaine d’associations membres, d’influenceurs et d’activistes de réputation qui a initié toute l’opération. Et Issa Kaou et les siens sont venus en milieu récupérateur.
Abusivement exclues, ces associations (membres de FERDI) accusent le sieur Kaou Djim non seulement d’autoritarisme, et aussi dénoncent la précipitation dont il fait montre. Avait-il par exemple besoin de lancer un ultimatum aussi court au président de la République ? Selon ces associations membres de FERDI, pressé de parvenir à ses fins, (succéder certainement à IBK), Kaou Djim n’en fait qu’à sa tête. A se demander, dit-on ici, s’il se préoccupe de l’intérêt supérieur du pays au même titre que les autres dont l’Imam Dicko.
Il nous revient, en tout état de cause, que le FERDI et partenaires, ont décidé de prendre du recul par rapport à la CMAS. De bonnes sources, un autre front serait en gestation avec le même objectif : obtenir le départ du président en exercice, mais sans passion et avec la participation de toutes les forces vives, sans exclusion aucune. Desdémarches seraient déjà en cours en vue d’associer les partis politiques dont l’URD, le SADI d’Oumar Mariko, entre autres.
Et contrairement aux lanceurs d’ultimatum, Ce groupe envisage d’organiser une série de manifestations jusqu’à obtenir la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta. Et cela prendra le temps qu’il faut, en tout cas, avant la fin de son deuxième quinquennat, dit-on ici. Et, précise-t-on, pas question de chasser un dictateur pour installer un autre !
L’on constate en tout cas, que cette démarcation constitue une fissure et non des moindres dans le front anti-IBK. Et les associations désormais réfractaires pointent toutes un doigt accusateur vers Issa Kaou Djim. Et d’inviter l’Imam Dicko à revoir la stratégie et la démarche par lui imposées aux autres.
Sidiki Magassouba
Encadré
LETTRE D’ENGAGEMENT
FERDI Forces vives Engagées Résolument pour la Démission de IBK
MALI – FERDI
De :La Coordination du collectif FERDI, Forces-vives Engagées Résolument pour la Démission de IBK,
Objet : Sollicitation de votre implication aux manifestations populaires pour la démission de IBK
Le collectif FERDI, regroupant de nombreuses organisations, sociale, syndicale et politique, organisera de grandes manifestations pacifiques et populaires qui débuteront le jeudi 04 juin 2020 (date anniversaire de naissance, 04 juin 1915, du Président de la République Modibo Keita) jusqu’à l’obtention de la démission de IBK. Ce même jour, une délégation des Forces Vives se rendra à la Présidence pour remettre au Président de la république une lettre exigeant sa démission
Tous les membres du collectif FERDI sont convaincus que votre implication dans la Communication médiatique et la mobilisation populaire contribuera, sans doute, à la totale réussite de ces manifestations historiques. C’est pourquoi nous espérons compter sur votre implication patriotique pour l’émergence d’un nouveau Mali.
Lacine Diawara, coordinateur général du collectif FERDI, président du Biprem Fasoko et directeur de publication du journal Option.
Bamako, ce 21 mai 202
Ces femmes à l’origine des déboires d’IBK
La première pense encore bien faire. Est-elle blâmable ? Les deux autres, des carriéristes de toute évidence, ont visiblement été inspirées par des intérêts non avoués. Elles ont tout simplement trompé leur patron. Les conséquences ne se sont pas fait attendre.
Derrière tout grand homme, se trouve une grande femme ! Aussi vrai qu’à l’origine de l’échec de nombreux gouvernants, se trouvent très souvent des femmes. IBK ne semble pas échappé à cette règle. L’on ne saurait dire que sa gouverne est sans reproche. Loin s’en faut ! Suite à une gouvernance très controversée, le pays se trouve en ce moment, non dans l’impasse, mais sur le fil du rasoir. Un rien peut le faire désormais basculer ou l’entailler à jamais.
Cette situation sert aujourd’hui d’argument aux contestataires entre autres contradicteurs de réclamer son départ pur et simple. L’histoire nous enseignera s’il s’agissait d’une bonne option.
En attendant, l’on constate que l’origine des déboires du président aujourd’hui durement éprouvé se trouve ailleurs. Et trois femmes semblent avoir joué un rôle déterminant dans la situation présente.
Mais d’abord, pourquoi diable Mahamoud Dicko, principal leader du front anti-IBK a-t-il demandé et obtenu l’adhésion de la classe moyenne, à savoir le monde du petit commerce en l’occurrence à la manif du 05 Juin dernier à Bamako ? Parce qu’il s’agit là des toutes premières victimes de la gouvernance d’IBK et désireuses de prendre leur revanche. Et pour cause.
Courant 2016, moins de trois ans après son investiture, le tout nouveau président élu nomma une femme Gouverneur du District. Ami Kane, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, s’appliqua consciencieusement à détruire tout sur son passage. Elle s’attaqua à cette classe moyenne, à travers des actes de destruction abusivement dénommés «opération bulldozer».
La plupart des espaces dégagées pour cause de salubrité publique dans la capitale, furent ensuite attribués aux plus nantis. Les moins fortunés furent contraints à l’exil à défaut du chômage. Cette destruction était était-elle la seule initiative du gouverneur du District ? Peut-être oui, mais le Président IBK commis la maladresse de la féliciter publiquement sur les écrans de la télévision nationale. Le message était donc clair ! Mais dans les faits, la gouverneuredu district avait des visées politiques. Elle a tout simplement abusé de la confiance de son employeur.
L’autre femme n’est autre Manassa Danioko, président de la Cour Constitutionnelle. On l’accuse d’avoir tripatouillé les résultats de tout le scrutin (législatif et présidentiel) depuis son accession à ce fauteuil en Février 2015. Selon ses détracteurs, elle a littéralement pris la démocratie malienne en otage. Tout est en effet tout entrepris en vue de réconforter la majorité et le Président de la République. Et avec à la clef, des propos pleins d’arrogance, des lois de la République foulées au pied…
Abusivement appelée «gardienne de la Constitution (un concept démonté par l’imminent juriste Me Mountaga Tall), la présidente de la Cour Constitutionnelle n’en fait qu’à sa tête. Et visiblement imbue de sa personne, elle n’accepte ni contestation ni contribution soit-elle pertinente. Elle a donné la preuve de cette assertion à la faveur des toutes dernières élections législatives. Toutes choses à l’origine de graves troubles sociopolitiques et de la présence de nombreux acteurs politiques lors de la manif du 05 juin dernier.
Si elle est seule responsable de ses actes, c’est le président IBK qui en subit en ce moment les conséquences de plein fouet. Une chose est évidente : elle n’était pas obligée !
La première-Dame est bien évidemment le troisième personnage dans la sphère d’influence du président. Mais disons-le tout de suite : l’on ne saurait blâmer une femme pour s’être fermement tenue aux côtés de son époux, président de la République ou simple citoyen, peu importe !C’est le contraire qui aurait plutôt été scandaleux et condamnable. Mais où et quand commence et finit la mission d’une épouse aux côtés de son mari, président de la République ? Là est toute la question !
Nombreux sont les Maliensqui pensent aujourd’hui que l’actuelle Première-Dame a exposé son foyer en prenant une part active aux activités officielles de son époux. La Famille est en tout cas, accusée à tort ou à raison, d’influencer jusqu’aux institutions de la République. Un privilège ayant beaucoup plus d’inconvénients que d’avantages dans la mesure où il constitue la porte ouverte à toutes les dérives et celle d’entrée à tous les opportunistes du pays. Les faits divers nous enseignent d’ailleurs que des escrocs, arnaqueurs et autres opportunistes se sont justement servis de cette couverture pour commettre des forfaits, régler des comptes (et même détruit des foyers) et ont du coup souillé la réputation de lafamille. Ce ne sont ces quelques commissariats de police du District qui nous contrediront. Mais cela n’aurait été possible que suite à la forte implication de la Famille dans la gouvernance. Une implication au demeurant à l’origine d’une gestion sentimentale des affaires de la République, avec ses corollaires. Un phénomène aujourd’hui mis à contribution par les détracteurs du régime.
B.S. Diarra