Les assises nationales de la refondation, qui entrent dans leurs phases finales (et nationales) dans les prochains jours, pourraient laisser un goût d’inachevé dans les consciences et dans la réalité.
-maliweb.net- Pour de nombreux observateurs de la donne sociopolitique nationale, aucune démarche inclusive et participative n’est de mise autour des réformes politiques et institutionnelles envisagées.
En effet, les assises nationales dites de la refondation censées poser les jalons des réformes n’ont pas rassemblé certains acteurs et non des moindres. Il s’agit de plusieurs formations politiques et des organisations de la société civile, dont la plupart des mouvements signataires de l’accord pour la paix issus du processus d’Alger.
Or, les discussions lors de ces assises devraient aborder la question de la mise en œuvre de l’Accord et certainement de sa « relecture intelligente ». Comment alors un processus de relecture de cet Accord pourrait-il être mené avec succès si les groupes signataires boycottent lesdites assises ? Quelles résolutions sortiront de ces assises pour faire avancer la construction de la paix ? Ces résolutions auront-elles l’adhésion des acteurs qui boycottent ces assises ? Rien n’est moins sûr. Moussa Ag Acharatoumane du CSP (collectif des mouvements signataires et alliés), malgré sa qualité de membre du CNT proteste contre la démarche non consensuelle de préparatifs de ces assises. La question se pose alors de savoir si ces assises constituent un échec du point de vue du processus de paix.
Par ailleurs, les responsables politiques, des organisations religieuses et des syndicats continuent de critiquer vertement le caractère non inclusif de processus de préparatifs de ces assises censées accoucher les jalons de la refondation. Par exemple, à en croire les cadres de la Synergie des syndicats de l’éducation, « sur le plan politique et institutionnel, le consensus est la chose la moins partagée à un moment où les Maliens ont besoin de plus d’unité et de cohésion ».
Ces syndicats fulminent que le chronogramme électoral publié ainsi que les réformes politiques et institutionnelles annoncées sont régulièrement reportées et ne font l’objet d’aucune démarche inclusive et participative. Selon eux, la mise en œuvre des engagements pris vis-à-vis du peuple malien et de la Communauté internationale à travers la charte de la transition et le Plan d’action gouvernemental (Pag) est suspendue à la tenue d’assises nationales dites de refondation dont les termes de références n’ont pas été consensuels.
En outre, l’on se demande qu’avec les pressions de la communauté internationale pour la tenue rapide des élections, de quel temps va disposer le gouvernement pour, ne serait-ce que mettre en œuvre une partie des résolutions découlant de ces laborieuses assises. Quelle garantie auront les Maliens sur la volonté politique du nouveau pouvoir issu des urnes pour exécuter ces résolutions ? Et comment pourra-t-il traduire ces résolutions en actes concrets si les intérêts de ce nouveau pouvoir devraient en pâtir ?
En effet, chaque leader politique susceptible de briguer le pouvoir présente nécessairement un programme de gouvernance au peuple. Et c’est sur la base de ce projet de gouvernement qu’il pourra, le cas échéant, être élu. Comment pourra-t-il alors ranger ses ambitions politiques dans les placards pour se consacrer à refonder le pays, comme l’a imaginé le duo Assimi-Choguel ? Difficile de répondre à toutes ces questions. Et c’est ce qui pousse à croire que la refondation ou la construction du Malikura, ressassé dans tous les discours, pourrait être illusoire. Surtout que pour la refondation de l’Etat malien, il faut, comme le soulignait récemment encore le Colonel Assimi Goïta, refonder « l’homme malien ». Cette dernière équation n’étant point gagnée d’avance.
Boubou SIDIBE/maliweb.net