Pourquoi la solitude peut aussi faire du bien
Par Mathilde Debry
Même si passer du temps seul peut faire peur à beaucoup d’entre nous, se couper des autres de temps en temps renforce notre équilibre psychologique.
Canaliser nos sentiments
Thuy-vy Nguyen étudie depuis plus de dix ans les impacts de la solitude sur l’être humain, et différentes expériences lui ont permis de constater que nous avons plutôt tendance à occuper notre temps lorsque nous nous n’avons plus aucune intéraction sociale. « J’ai ainsi pu prouver que si on donnait le choix à des personnes isolées dans une salle de rester sans rien faire ou de s’occuper à trier des crayons, la plupart des gens choisissaient de réaliser cette activité somme toute assez rébarbative », explique la spécialiste.
Pourtant, selon la scientifique, lire un livre dans un parc, aller au cinéma sans avoir personne à ses côtés ou diner seul peut avoir un impact réellement positif sur notre santé mentale et sur notre humeur. Ces temps pour soi pourraient aussi nous aider à canaliser nos sentiments. « Après seulement 15 minutes de solitude imposé à des étudiants, j’ai constaté que les émotions fortes que les participants pouvaient ressentir, telles que de l’anxiété ou de l’excitation, disparaissaient », rapporte-t-elle. Et même si cela peut être dur de se lancer, le fait de voyager seul peut aussi « procurer un sentiment d’autonomie et de liberté découlant de la prise de décisions » poursuit-elle.
Des moments choisis
Mais attention : pour que la solitude apporte tous les effets bénéfiques que l’on vient de citer, il faut que ce soit des moments choisis, et non pas subis. En ce sens, Thuy-vy Nguyen précise que « la solitude est souvent confondue avec l’isolement. En psychologie, les chercheurs définissent l’isolement comme un sentiment de détresse que nous éprouvons lorsque nous n’avons pas ou ne pouvons pas obtenir le type de liens sociaux ou de relations que nous espérons », explique l’experte. « La solitude, c’est quelque chose de différent », poursuit-elle.
Lors d’une enquête internationale menée auprès de plus de 18.000 adultes, plus de la moitié d’entre eux ont ainsi désigné la solitude comme l’une des principales activités auxquelles ils s’adonnent pour se reposer. « Même si vous êtes extraverti, ne laissez pas ce trait de caractère vous empêcher de prendre le temps de vous isoler », conseille la psychologue. « Et si un voyage en solitaire vous semble un peu trop dur à organiser pour l’instant, inclure dans votre emploi du temps de petits créneaux pour soi est déjà un bon début », conclut la professionnelle de santé.