Pour retourner a la table de négociation : Les exigences des administrateurs civils
Les quatre syndicats des administrateurs civils et les travailleurs de l’administration territoriale, font de l’abrogation du décret de nomination du préfet militaire de Niono une condition pour leur retour à la table de négociation.
Le bras de fer qui oppose depuis le 9 novembre 2020, les syndicats de la plateforme d’action commune comprenant : le Syndicat autonome des administrateurs civils (Synac), le Syndicat libre des travailleurs du ministère de l’administration territoriale (Syltmat), le Syndicat national des travailleurs des collectivités (Syntract) et le Comité syndical des agences de développement régional (CS-ADR) aux autorités de la transition, inquiète les Maliens, à cause des conséquences que cela pourrait occasionner.
En effet, les Maliens n’arrivent pas à comprendre le mutisme du ministre de l’Administration territoriale par rapport aux revendications des syndicalistes.
Après trois semaines de grève d’avertissement, les lignes n’ont pas l’air de bouger, puisque les administrateurs civils viennent de dévoiler leurs revendications pour la reprise des négociations. Il s’agit de l’abrogation du décret de nomination du préfet militaire de Niono.
Il y a quelques jours, le ministre de l’Administration territoriale a nommé un préfet à Niono ( Région de Ségou). La nomination est qualifiée de « manque de respect» et d’illégale par les Syndicats des administrateurs civils. Ceux-ci exigent l’abrogation dudit décret. Les syndicats grévistes affirment ne pas cautionner cette attitude du ministre, le colonel Abdoulaye Maïga. Depuis, les autorités sont dans de bons offices, afin que les syndicats reprennent les négociations. « Nous n’irons pas à la table de négociation tant que le décret de nomination du préfet n’est pas abrogé », souligne Ousmane Christian Diarra, secrétaire général du Synac.Il ajoute que les autorités violent de façon flagrante la loi.
Selon M. Diarra, la loi interdit à toute autre personne, hormis les administrateurs civils d’être nommée à ces postes. « Même dans les situations exceptionnelles, voire en période de guerre, ce sont des postes réservés à des civils. Cela est valable partout dans le monde. C’est un domaine réservé », a-t-il ajouté.
Diarra rappelle aux autorités que l’administration territoriale, « n’est plus le commandement, mais l’accompagnement des collectivités, c’est la maîtrise des textes ». Ce bras de fer entre le gouvernement et les grévistes a eu comme conséquences directes, l’arrêt des travaux de révision des listes électorales (octobre à décembre). Cet arrêt de révision impactera forcement sur l’organisation des élections à venir. D’ailleurs, le patron du Synac en est conscient : « tant que la grève va se poursuivre, il y aura pas d’élections » dit-il.
Au regard des tournures des événements, le ministre de l’Administration territoriale ou du moins le gouvernement n’est-il pas conscient du danger de la grève des administrateurs et travailleurs de l’administration territoriale ?
Périls sur les réformes institutionnelles
Plusieurs spécialistes des questions électorales s’accordent à dire que le gouvernement a intérêt à trouver un terrain d’entente avec les 4 syndicats. Selon ces spécialistes les administrateurs sont les maillons essentiels de la réussite de la Transition.
« Soit le gouvernement ne mesure pas la portée de la grève, soit il fait bon lui semble pour que les élections ne se tiennent pas à date indiquées », a affirmé Gaoussou Diakité, spécialiste des questions électorales. D’autres estiment que les autorités de la Transition peuvent user de cette grève pour soutenir l’impossibilité d’aller à une élection autrement dit, le délai des 18 mois de la Transition sera difficile à respecter.
La tenue de l’élection présidentielle en 2022 suppose les réformes administratives, institutionnelles et politiques.
Pour ceux qui s’y connaissent dans l’organisation des élections, il est difficile, voire impossible d’aller à ces reformes sans l’implication des syndicats sachant bien que toutes les réformes envisagées passent par l’administration territoriale, même si les textes sont élaborés ailleurs.
Les autorités se contentent d’avancer que les revendications des syndicats vont couter beaucoup d’argent à l’Etat. Sur le droit d’observer ou non à la grève, le gouverneur du District de Bamako a laissé entendre que l’article 79 du statut des préfets interdit aux membres du corps professoral nommés représentants de l’Etat, toute action concertée de nature à entraver le bon fonctionnement de l’administration.
Comme une réponse du berger à la bergère, certains administrateurs laissent entendre que si les textes font obligation aux corps préfectoraux de s’abstenir d’observer une grève, faut-il que l’Etat fasse son devoir, qui est de mettre le corps préfectoral dans les conditions idoines de travail.
Les syndicats et les travailleurs de l’administration territoriale veulent amener l’État à respecter ses engagements financiers vis-à-vis des administrateurs civils et des membres du corps préfectoral.
Les grévistes demandent la sécurisation des représentants de l’État, dont deux sont «toujours entre les mains des terroristes». Ce n’est pas tout, ils exigent également la prise en charge des salaires de l’ensemble des travailleurs des collectivités et le respect des textes qui régissent les établissements publics à caractère administratif (EPA) au niveau des Agences de développement régional (ADR).
Mamadou Sidibé
Source: Arc en Ciel