Rien ne va plus entre les hauts responsables du mouvement du 5 juin (M5 RFP) qui ont décidé d’en découdre. Le malaise interne depuis plusieurs semaines a fini par se révéler au grand jour le 22 février 2024. Tout est parti de la destitution du vice-président du mouvement. Dans une déclaration signée et publiée par certains composantes du mouvement, il est indiqué qu’Aboubacar Karamoko Traoré n’occupe plus la fonction de vice-président du M5-RFP. La même note précise que l’imam Oumarou Diarra le remplace à ce poste temporairement. Ces dissidents lui reprochent son incapacité de diriger les débats du comité stratégique. Dans la foulée, le vice-président déposé par certains camarades, produit un communiqué. Dedans, il annonce la suspension de 12 de ses camarades pour atteinte grave à la cohésion et la violation de l’esprit d’union sacré autour des idéaux du peuple malien portés par le M5-RPF.
En effet, les évènements se sont précipités suite à la réunion ordinaire hebdomadaire du 22 février du comité stratégique du M5 RFP. À l’issue de cette réunion houleuse, une frange du mouvement composée entre autres du FSD, EMK, PPC, JM5, AR-Mali, CAMPS et MPJ-FASO publie une déclaration annonçant l’ancien ministre, Oumarou Diarra, vice-président par intérim. Ces dissidents reprochent à Boubacar K. Traoré, vice-président du M5-RFP depuis la nomination de Choguel Maïga à la primature, d’être dans l’incapacité à diriger les débats du comité stratégique, d’avoir également interrompu la réunion du 22 février 2024 sur initiative personnelle, par la présence des forces de sécurité et de moins représenter avec satisfaction le mouvement dans plusieurs instances.
Le Comité stratégique présidé par Boubacar Karamoko Traoré décide à son tour, dans la foulée, de suspendre «jusqu’à nouvel ordre» certains membres dudit Comité pour, entre autres faits, la «gravité des incidents et des agissements» qu’ils ont posés lors de la réunion, les «atteintes graves à la cohésion et la violation de l’esprit d’union sacrée autour des idéaux du peuple malien portés par le M5-RFP» et «leur mépris à l’endroit des forces de l’ordre».
Parmi les membres du Comité stratégique suspendus figurent, entre autres, le Coordinateur du mouvement EMK, Tiémoko Maïga, le président du Pôle politique du consensus (PPC) et Porte-parole du M5, Jeamille Bittar, Paul Ismaël Boro, membre du FSD ou encore Ibrahim Traoré dit Jack Bauer, membre de la Coordination des jeunes du M5.
Mais ces derniers et d’autres membres du Comité stratégique issus de diverses entités ont également annoncé le 23 février avoir mis «un terme, avec effet immédiat, à la mission de Boubacar K. Traoré comme Vice-président du Comité stratégique du M5-RFP» et désigné «à titre d’intérimaire l’Imam Oumarou Diarra, 3ème Vice-président, en qualité de Vice-président du Comité stratégique jusqu’à nouvel ordre».
Pour le camp Traoré, la destitution du Vice-président est sans effet. «Ils ont tenté de destituer Boubacar Karamoko Traoré, mais ils ne le peuvent pas. Non seulement ils n’ont pas la majorité, mais ils ne peuvent pas destituer quelqu’un étant suspendus», argue une source interne du Comité stratégique.
Mais, dans une déclaration en date du 26 février 2024 signée du président par intérim désigné, l’Imam Oumarou Diarra, cette tendance du M5 a qualifié de «puéril, enfantin et dérisoire» le communiqué de «l’ancien Vice-président» portant suspension de certains membres du Comité stratégique.
Elle a également demandé au Premier ministre, président du Comité stratégique, de «sortir sans délai de son mutisme pour rassurer face aux graves accusations de manipulation qui pèsent sur lui».
En fin de compte, ladite tendance, sous la houlette de l’Imam Oumarou Diarra, annonce le 5 mars 2024 avoir «destitué» Choguel Maïga de son poste de président du Comité stratégique du M5 RFP.
M. Sanogo
L’Aube