Communiquer pour rassurer, rassurer surtout à travers des résultats visibles sur le terrain. C’est cette démarche qui semble désormais caractériser les FAMAs. Des Forces armées maliennes, comme l’a indiqué leur chef d’État-major général, qui sont dans la dynamique d’une nouvelle doctrine. Pour paraphraser des officiers américains, la doctrine n’est rien d’autre qu’”un ensemble de principes fondamentaux sur lesquels les Forces militaires se basent pour guider leurs actions en soutien des objectifs nationaux”.
L’un des objectifs majeurs en ce moment du Mali, c’est le rétablissement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national. Un processus qui ne saurait aboutir sans une armée performante, bien formée et suffisamment outillée pour couvrir un territoire de plus d’un million deux cent mille km2 tout en faisant face à une guerre asymétrique imposée par des groupes terroristes. Il n’y a pas de secret, quand on parle de moderniser une armée, cela renvoie à la modernisation matérielle, mais aussi à la modernisation “humaine”, qui se traduit par la professionnalisation. Ce dernier point est particulièrement important en Afrique, où les armées manquent souvent d’un véritable corps de sous-officiers. Certes, il y a des sergents, des sergents chefs, etc., mais bien souvent, ils ne sont absolument pas reconnus par leur hiérarchie. Ils sont tout juste considérés comme une interface entre les officiers et la troupe et n’ont aucune responsabilité. Une distorsion qui a été corrigée au Mali. Les officiers et leurs hommes font désormais corps et chacun joue son rôle. D’ailleurs, les écoles de formation des sous-officiers se sont multipliées et la présence des GTIA (Groupements Tactiques Interarmes) est là pour corroborer ces faits. L’erreur la plus banale est de croire que les doctrines sont purement techniques et, à ce titre, subalternes et peu significatives.
Il faut admettre au contraire que l’action est imprégnée de déterminations réciproques. En somme, nul ne peut se soustraire à l’influence des doctrines militaires. Un des plus anciens théoriciens militaires dont l’histoire ait conservé le souvenir, Sunzi (VIe s. av. J.-C.), les avait déjà évoquées. D’un enseignement oral qui est à l’origine de tout l’art militaire chinois jusqu’à Mao Zedong se dégagent les principes suivants : imposer sa volonté à l’adversaire, l’obliger à se disperser ; agir du fort au faible, et en secret, mais être renseigné en permanence sur l’adversaire ; feindre, car tout acte de guerre est fondé sur la duperie; fondre comme l’éclair quand l’adversaire se découvre, car la rapidité est l’essence de la guerre. La montée en puissance des FAMAs n’est plus qu’un simple concept, elle se manifeste à longueur de journées. Une montée dont l’une des plus belles illustrations est le développement du vecteur aérien avec l’acquisition d’hélicoptères de combat et de transport neufs. Un équipement indispensable et qui est accompagné par l’achat aussi de radars de 4e génération pour une meilleure couverture du territoire national. Si une guerre conventionnelle ne se gagne pas sans renseignements, la guerre asymétrique est perdue d’avance sans ces mêmes renseignements et l’effet de surprise.
Les images des efforts d’équipement des FAMAs ne sont que la partie visible de l’iceberg. Fidèle à la tradition de grande muette, nos Forces armées ne sont pas à une innovation prête. Elles peaufinent d’autres stratégies sur le terrain dont les effets vont se faire de plus en plus sentir. Avec tout ce matériel neuf acquis, donc un bon délai d’amortissement, les FAMAs prennent date pour l’avenir. Et c’est justement dans les 5 à 10 années à venir que l’on se rendra compte de l’immensité du travail accompli et de la professionnalisation de nos hommes qui n’auront plus besoin d’aucun appui extérieur.
Salif SANOGO
Aujourd’hui-Mali