Placer nos Forces de défense et de sécurité (FDS) hors de portée
Notre pays vit, depuis plusieurs semaines, l’une des crises sociopolitiques les plus graves de son histoire contemporaine, car cette fois-ci elle est la convergence de plusieurs malaises dont souffre le peuple malien dans sa plus grande majorité notamment l’insécurité, la mauvaise gouvernance ou la non-gouvernance, le détournement des fonds destinés à équiper nos Forces de défense et de sécurité, la paupérisation des Maliens, le chômage endémique des jeunes, l’ébullition du front social caractérisée par des grèves récurrentes dans les secteurs vitaux de notre pays (éducation, santé…).
Bref tous les ingrédients étaient déjà réunis pour que l’ensemble constitue un cocktail Molotov, donc il suffisait juste d’un brin d’allumette pour que le tout explose. Et, tous les observateurs s’accordent à dire que la mauvaise organisation des dernières législatives a été la goutte d’eau qui débordé le vase. En effet, l’alibi étant tout trouvé, la Troïka (CMAS, FSD, EMK) devenue plus tard le Mouvement du 5 juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5-Rfp) a appelé le président IBK à la démission pour tous les maux cités plus haut. Notons que ce mouvement fortement hétérogène est composé de plusieurs organisations politiques, de la société civile et de personnalités partageant les mêmes revendications.
Ainsi, trois vendredi, les désormais détracteurs du président IBK se sont rassemblés au pied du Monument de l’Indépendance et ses avenus adjacents pour réitérer leur demande. Si les rassemblements des deux premiers vendredis se sont déroulés dans le calme grâce à la sagesse de l’Imam Mahmoud Dicko qui a d’ailleurs été salué par toute la Communauté même au-delà de nos frontières, celui du 10 juillet et ses jours suivants a été émaillé d’une violence inouïe ayant occasion plusieurs pertes en vies humaines suite à l’utilisation de balles réelles par les Forces de défense et de sécurité (FDS). Que leur âme repose en paix ! Aussi, il faut déplorer plusieurs dégâts matériels suite au saccage de certains édifices publics, des domiciles privés, des Stations d’essence…
Depuis des condamnations fusent de partout (majorité, opposition, société civile). Si les uns accusent nos FDS d’être une machine de répression à la solde du régime en condamnant l’utilisation des balles réelles sur les manifestants, les autres recherchent pitoyablement des bouc-émissaires, nous renvoyant de facto à la question de lancinante : « Qui a donné l’ordre de tirer ? », comme l’atteste la correspondance du Premier ministre adressée au Ministre de la Sécurité et de la Protection civile.
Personne ne conteste l’usage des balles réelles sur des manifestants et l’acte en soit est condamnable à tout point de vue et doit l’être, mais pourtant l’arbre des condamnations ne doit en aucun cas cacher la forêt de l’immense des défis qui assaillent nos FDS et de l’extrême nécessité de préserver cette composante de notre nation. Nous n’avons certainement pas besoin de rappeler, les FDS sont pour notre pays comme le squelette est pour l’organisme des vertébrés c’est-à-dire l’ossature qui tient notre nation lorsque toutes les chaires se sont détachées du corps. Donc, il est impérieux de placer nos FDS hors des portées de nos propres tirs politiques, politiciens et partisans.
« La non-violence est infiniment supérieure à la violence, le pardon est plus viril que le châtiment », dit-on, cette assertion doit nous inspirer tous afin de trouver un chiffon pour effacer le souvenir de cette répression et mettre notre outil de défense hors de nos combats politiques, car nos FDS doivent être le ciment de notre cohésion sociale, de notre unité… Comme nous l’enseigne la doctrine des « nations développées », la puissance économique, sociale d’un pays s’appuie sur sa puissance militaire. À ce titre, elles sont républicaines et doivent rester dans cette posture. N’oublions pas que les éléments des FDS payent de lourds tributs dans leur mission régalienne de préservation de notre intégrité territoriale sérieusement menacée depuis près d’une décennie.
Mama PAGA